“J’ai des doutes” : François Morel joue Devos à Saint-Dié-des-Vosges
François Morel rend un superbe hommage au regretté Raymond Devos, orfèvre de la langue française et maître de l’aphorisme, dans sa pièce J’ai des doutes. Un spectacle salué par la critique et récompensé d’un Molière du meilleur comédien en 2019, visible le 9 février à l’Espace Sadoul de Saint-Dié-des-Vosges.
Où situer donc Raymond Devos dans le paysage théâtral français ? Une écriture au delà du comique, côtoyant le poétique, un peu à gauche sans être politique, un peu à droite sans être polémique.
Peut-être est-ce encore François Morel qui en parle le mieux : “Raymond Devos est un miracle singulier (….) il ne ressemblait à personne. Personne, jamais, ne lui ressemblera. Raymond Devos fut un phénomène rare. (…) il a surgi, miraculeux et mystérieux, derrière un rideau rouge qui s’ouvrait sur l’imaginaire. On n’avait jamais vu ça ! Et, devant cet homme en apesanteur, on avait le souffle coupé. “
François Morel n’est pas moins aisé à définir. Auteur, metteur en scène, chroniqueur sur France Inter, caricature du “Français moyen” dans Les (défunts) Deschiens…
À l’instar de Devos finalement, qui l’a marqué à jamais lorsqu’il le vit sur scène dans les années 1970. Et à qui il rend hommage dans cette pièce, J’ai des doutes, parfait mélange entre une création originale et une interprétation des textes de l’homme à l’éternel nœud papillon.
Un hommage plein d’intérêt
Le spectacle s’ouvre d’ailleurs ainsi : “Dieu a créé le monde, d’accord… Mais Raymond Devos en a créé un autre, plus drôle et plus fou !”. Le ton est donné. Et parce que Raymond Devos était aussi multi-instrumentiste, François Morel est accompagné du musicien Antoine Sahler et n’hésite pas à passer lui-même derrière le piano ou à se saisir d’un mélodica pour reprendre en chanson le sketch de Caen – repris en choeur avec le public.
Pendant plus d’une heure trente se succèdent des morceaux de choix de l’oeuvre de Devos : on y retrouve les fameux malentendus (Parler pour ne rien dire), le portrait teinté de dérision d’une société qui va de plus en plus vite (Sens dessus dessous), mais dans laquelle aussi la réalité devient confusion (J’ai des doutes, au titre éponyme)… Des textes si pertinents qu’ils résonnent encore à notre époque et n’ont pas pris une ride : idéal pour, justement, dérider un public !
À ne pas manquer, surtout pas pour ceux à qui Raymond Devos manque tant.
“J’ai des doutes”, par François Morel
Jeudi 9 février, 20 h 30
Espace Georges Sadoul, Saint-Dié-des-Vosges
Tarifs : 18 à 36 euros
Infos et résa. : www.centpourcent-vosges.fr/onsecapte/evenement/francois-morel-jai-des-doutes
