Il y a 50 ans, Bourvil et Ventura en tournage dans les Vosges
Il y a 50 ans, les Vosges accueillaient plusieurs légendes du cinéma français : Lino Ventura, Bourvil et Marie Dubois pour le tournage du film Les Grandes Gueules. Nombreux sont ceux qui se souviennent avoir participé au tournage.
Vagney. 1965. La pluie ne cesse de tomber sur la place Caritey, aux pieds de la mairie. Pourtant, quelques 10 000 personnes y sont concentrées. Sous la direction de Robert Enrico, Lino Ventura valse avec Marie Dubois quand Michel Constantin lance un coup de poing à côté d’un Bourvil, tout étourdi par le son du carrousel. La scène est devenue mythique et marque la fin dramatique du film Les Grandes Gueules.
Tout a commencé quelques mois plus tôt, lorsque José Giovanni, écrit l’histoire d’un homme qui se bat pour sauver sa scierie. Après un séjour dans les Vosges, l’auteur publie le Haut Fer que Robert Enrico adaptera à l’écran. Le vert des résineux, les larges étendues de forêts, le brun des rondins de bois Le paysage est le parfait décor pour raconter l’histoire d’Hector Valentin, revenu s’occuper de la scierie familiale, accompagné d’une dizaine de repris de justice. ” L’aspect social est fort, toujours d’actualité “, explique Ludovic Vincent, organisateur du week-end d’hommage. ” Et puis, c’est une parfaite photographie de la vie de nos grands-parents. Tout ce que l’on voit dans le film reflète le quotidien qu’avaient les bûcherons. C’est une image forte des Vosges. “
La trousse à maquillage de Bourvil
Sur la place où se joue la kermesse, le jeune Jean-Louis Perrin, alors âgé de 16 ans, attend que dans le mégaphone, on appelle ” l’équipe Jonquilles “. ” Ils cherchaient des figurants pour tourner un film. On n’en savait pas plus mais j’ai accepté tout de suite “, se souvient aujourd’hui le retraité. Pendant deux jours, sa journée va se dérouler au rythme des prises de vue et des caméras. Mais il va surtout s’asseoir à la même table que des légendes du 7e art. ” Je me souviens que Bourvil arrivait dans sa voiture ID19, prenait sa trousse à maquillage simplement et venait discuter avec nous. Tous les acteurs étaient très abordables. “
Pas impressionné pour autant, Jean-Louis avoue s’être intéressé davantage aux manèges et sandwichs gratuits qu’aux acteurs de renommée. ” À l’époque, on ne se rendait pas compte de ce qu’ils représentaient. C’est en vieillissant seulement que l’on a pris conscience de l’ampleur que cela représentait “. Aujourd’hui, le Vosgien parle fièrement de l’expérience à qui veut l’entendre et montre volontiers le film à ses petits enfants. Une véritable partie du patrimoine pour les Voinrauds. Jeunes et moins jeunes sont d’ailleurs invités aux festivités du week-end d’anniversaire. ” Pour que les anciens s’en souviennent et que les enfants découvrent “, indique Ludovic Vincent. ” Pour une fois, ils ont un prétexte pour dire un gros mot ! “
INFOS PRATIQUES
Diffusion du film samedi 27 juin 2015 à 21 h à la salle polyvalente de Vagney.
Fête, expositions, reproduction de la scène de la bagarre, documentaires et élection de la reine des bûcherons dimanche 28 juin de 10 h à 19 h.
Zoom : 5 anecdotes sur le tournage
– Surprise !
Après la sortie du film, il y a eu une Miss Grande Gueule. Pour le week-end festif, une élection désignera la ” reine des bûcherons “. Les demoiselles risquent d’être cependant plus musclées et velues que prévu
– Allo docteur !
Lors de la scène de combat à la fête foraine, Lino Ventura s’est blessé à la jambe. Pour continuer le tournage, l’équipe a fait appel
à une rebouteuse de Fresse-sur-Moselle !
– À l’abri !
Pendant le tournage, le temps était si mauvais que les techniciens devaient répéter sans cesse aux figurants de fermer leurs parapluies. Dans ses mémoires, Bourvil écrira que ce fût l’un de ses pires souvenirs à cause des conditions climatiques.
– Mélodies vosgiennes
La célèbre musique du film a été composée par François de Roubaix, récompensé par la suite. Dans un premier temps, celui-ci s’est vu proposer une mélodie jouée par des épinettes. Le mélomane a cependant refusé puisqu’il trouvait l’instrument trop doux pour l’ambiance du film.
