Golbey : le fort de la Grande Haye reprend vie

Il a abrité les soldats pendant la Première Guerre mondiale, a servi de protection pour la Seconde, s’est prêté aux entraînements militaires dans les années 1960. Le fort de la Grande Haye de Golbey reprend vie grâce à l’association Fortiff’Séré.
Sur le flanc gauche du fort de la Grande Haye, Cédric Vaubourg dégage les herbes hautes et le vieux grillage. Brouette, râteau et débroussailleuses sont étalés. L’objectif du moment : réaménager le bastionnet de gorge, ce talus qui servait à défendre la fortification.
Et pour redonner un coup de jeune au fort, Cédric Vaubourg n’est pas tout seul : ” Nous sommes en général dix à quinze personnes par session “, explique le président de Fortiff’Séré.
L’association a vu le jour en décembre 2013 afin de promouvoir le patrimoine Séré de Rivières, du nom du général à l’origine de ces fortifications et afin de le mettre en valeur.
” À Golbey, le fort n’avait aucune visibilité. L’ouvrage était noyé sous la terre, les arbres, les ordures et les graffitis “. Et s’il y a encore du travail de réaménagement, le fort est désormais revalorisé après cinq mois de nettoyage.
L’initiative est partie d’une passion familiale. Cédric Vaubourg, Golbéen, et sa femme Julie s’intéressent aux forts depuis plusieurs années : ” Nous nous sommes intéressés au système Séré de Rivières “, explique la jeune femme.
Un site internet verra alors le jour et une idée encore plus grande : remettre en état un ouvrage, ” l’aboutissement de notre travail “.
Les deux passionnés d’histoire, artisans balanciers à la ville, se lancent alors dans l’aventure. ” Beaucoup de personnes du coin avaient envie de participer “, se souvient Cédric.
Tout petit déjà, il s’intéressait aux ouvrages fortifiés, héritage paternel sans doute. ” Le plus intéressant, c’est de chercher à quoi le fort a servi… ”
Pour ce lieu, il a désormais la réponse. Le fort a accueilli le 170e régiment d’infanterie pendant la première guerre mondiale alors qu’il a abrité la population durant la seconde. Dans les années 1960, il sera utilisé par l’armée pour l’entraînement ou pour stocker le matériel avant de revenir à la mairie en 2008 puis à l’association. ” C’est notre deuxième maison maintenant “.
L’association a déjà organisé une visite en mars dernier, ” qui a réuni 170 participants “, se félicite Julie Vaubourg. La première d’une longue série, ” dès 2017 “, espère-t-elle.
” Nous aimerions mettre à profit ce patrimoine. Il n’y a pas de lieu touristique à Golbey et nous y sommes attachés. Nous voudrions installer un musée qui retracerait la vie à Épinal à cette époque, et expliquer le modèle Séré de Rivières. Des visites scolaires pourront avoir lieu, des marchés campagnards, des journées chasse aux oeufs, pourquoi pas ? “
Le fort regorge de souvenirs. ” Il a été construit en 1882-1884 en pierres de taille et a connu un renouveau en 1892-1894 quand le béton spécial est arrivé “, note Julie Vaubourg, qui réalise la visite. C’est d’ailleurs là l’originalité de la construction : un double matériau.
” Les militaires s’en servaient pour se mettre à l’abri. Il était prévu pour 194 hommes et possédait des chambrées pour officiers, sous-officiers et soldats “.
L’ouvrage, qui s’étend sur 1,8 hectare, servait à protéger le nord d’Épinal. Et malgré son âge, sa conservation est remarquable. Magasin à poudre, escalier, ancien puits ou encore caponnières restent authentiques.
Le prochain objectif est désormais de remettre en route le pont à bascule qui surplombe l’entrée et d’établir un chemin de ronde tout autour de la fortification. De quoi proposer une immersion totale dans cet ouvrage fortifié.
Un cas unique
Le Fort de Golbey fait partie d’un ensemble avec celui d’Uxegney, de Bois l’Abbé et la batterie de Sanchey. Autour d’Épinal, on compte 17 forts, certains totalement inconnus. À l’époque, avec les guerres, les constructions ont fleuri de Dunkerque à Nice afin de fortifier les frontières.