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Bernard Azimuth croque ses défauts aux Larmes du Rire

Le 07 octobre 2014 par Bruno Veillon

Connaissez-vous Bernard Azimuth ? Pour lui tout est compliqué dans la vie : un rôle comique sur scène taillé sur mesure, à découvrir au festival d’humour Les Larmes du Rire se déroule jusqu’au 14 octobre à Épinal.

Vous avez joué des spectacles entiers dans des langues étrangères que vous ne parlez même pas. C’est vrai ? Ça a dû vous mener à des situations cocasses ?

J’ai traduit en phonétique les textes, un peu comme le font certains chanteurs. Mon premier solo en allemand et en italien, c’était quand même compliqué ! Dans mon expérience de trac, c’était ce qu’il y avait de pire. Quand j’avais un trou de mémoire, c’était absolument abominable. J’avais appris à dire en allemand : ” J’ai un trou de mémoire, je ne sais plus quoi dire ” et j’allais chercher mon texte en coulisses ! Et les gens pensaient que c’était fait exprès ! Pendant 15 ans, j’ai joué dans toute l’Europe, en français, allemand, anglais, hollandais, italien et espagnol, sans pratiquer ces langues !

Pourquoi avoir fait cela ? C’est assez inhabituel pour un humoriste.

J’ai débuté à l’école de théâtre Jacques Lecoq à Paris, une école internationale, où nous étions deux Français seulement, les autres élèves étaient de toutes les nationalités possibles. On nous envoyait jouer à Rome, puis à Berlin, Zurich… Parmi les élèves, il y avait Jango Edwards, Gustave Parking, Ariane Mnouchkine, Yasmina Reza…

Qu’avez-vous appris auprès du regretté Jacques Lecoq ?

J’y ai découvert que je voulais faire ce métier d’humoriste en solo, à la manière de Fernand Raynaud ou de Raymond Devos. Je m’étais d’abord frotté au théâtre et j’ai travaillé aussi à la Maison de la Radio.

C’est une école fantastique où l’on n’apprenait pas à jouer des rôles stéréotypés comme on pouvait le faire dans les cours d’art dramatique. On a découvert la folie en nous. J’ai pris conscience de mon univers, que j’étais chargé d’histoires, au pluriel…

Quelles sont ces histoires dont vous levez un coin du voile dans le spectacle À Table ! que l’on va voir pour la première fois à Épinal ?

J’ai du mal à en parler ! J’essaye de raconter ce qui m’est arrivé et de parenthèse en parenthèse, je raconte ma vie, mes angoisses, mes peurs… C’est un spectacle burlesque et fou.

Mon personnage est naïf, involontairement cruel parfois. Il assiste à l’enlèvement d’une femme, puis poursuit à moto le kidnappeur. En même temps, il se dit que c’est idiot de faire ça… Il revoit son passé, reparle de certaines périodes de sa vie. Je parle de l’opéra, de mon père qui essaye de me faire manger ma purée, de l’anniversaire de ma femme…

On vous voit offrir de cruels cadeaux à votre femme…

Oui ! des poêles, des passoires… mon personnage ne se rend pas compte à quel point il est odieux. Pour moi c’est une surprise de voir que le public rit beaucoup de tout ça, l’humour méchant plaît beaucoup aux gens. C’est à la fois, un personnage qui en fait trop, mais il est vrai. Ce qui touche, je pense, c’est la sincérité de ce personnage.

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La naïveté de votre personnage est aussi touchante.

Beaucoup de gens se retrouvent dans mon univers naïf, c’est un personnage qui se noie dans un verre d’eau, ce qui est mon cas tous les jours. Je me sens un peu noyé, même si je maintiens le cap.

Ça ne vous dérange pas d’exposer autant celui que vous êtes ?

Oui et non. Enfin, non ! Parce que ça reste décent ! Je pense que si les gens sont touchés, c’est qu’ils voient une partie d’eux-mêmes dans mon côté maladroit et naïf. Il y avait une phrase de Brel qui disait : ” La vie n’a pas l’importance qu’on lui prête… ” Je trouve que c’est léger et plein d’humanité de dire cela. Mon plus grand bonheur dans la vie, ce sont les rires qui fusent. La bonne humeur, c’est meilleur qu’un bon gâteau ou qu’un bon repas.

Vos textes sont finement écrits, où trouvez-vous votre inspiration ?

J’écoute beaucoup les gens. Quand je suis au restaurant, j’aime bien écouter les gens des tables à côté. Quand je m’installe à ma table de travail, je ne sais pas sur quoi je vais écrire. Je pars d’une situation, et ça se développe naturellement. Au début d’un sketch, j’ai du mal à expliquer ce qui m’est arrivé, je ne sais pas comment raconter l’histoire, je me noie dans les détails… Je joue sur cette difficulté à m’exprimer. Mon art c’est de compliquer les choses qui peuvent être simples.

Bernard Azimuth ” À table ! “
Vendredi 10 octobre 2014 à 20h30
Tarifs : 16 / 14,5 euros
Centre des confrès d’Épinal

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