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À vos créations pour fêter une nouvelle oeuvre au musée d’Épinal !

Le 21 mars 2015 par Bruno Veillon

Un concours original pour célébrer la restauration d’un tableau qui reprendra bientôt sa place au Musée Départemental d’Épinal.

Pour participer, il vous suffit de vous imprégner de deux textes écrits par la romancière Jeanne Cressanges et le poète Richard Rognet afin de retrouver l’esprit du tableau et de traduire votre ressenti en créant une oeuvre en dessin, peinture, sculpture, vidéo… C’est vous l’artiste !

oeuvre à déposer avant le 1er juin 2015 au Musée départemental d’Épinal – Informations sur le compte
À voir sur la page =http://https://www.facebook.com/Museedepartemental?fref=ts]Facebook du Musée départemental

Les deux textes du concours : 

Nous sommes paisibles, nous le voulons,
obstinément, nous ne crierons pas,
nous ne gémirons pas devant la noirceur 
qui guette nos seuils, nos maisons,
nos chambres où tant de rêves
ont murmuré avec nos paroles vivantes,

nous connaissons le prix
d’un bouquet rapporté
d’une promenade, léger bouquet
qui porte en lui l’épaisseur
des prés et celle des nuages,

nous savons que la vie ne se reconnaît pas
dans l’usure des jours accumulés
sur nous, nous savons aussi 
qu’un regard hostile, une parole
de travers, un coup mal détourné,
peuvent rendre à jamais une prière vaine,

mais nous restons paisibles,
trop d’impasses nous ont fourvoyés
ou jetés au-devant d’une nuit
dont nous ne voulons pas
qu’elle souille et trahisse 
nos ultimes aurores.

    Richard Rognet

Il était une fois… L’aube d’une journée de début de printemps met un soupçon de rose dans un ciel nuageux au-dessus de collines encore grises. A peine une promesse de feuilles sur les branches d’arbrisseaux embués de brume. Elle, elle s’est échappée de sa tour aux fenêtres closes, vêtue d’une longue chemise d’un gris bleuté presque transparente sur laquelle elle a jeté une tunique blanche qui laisse deviner de beaux seins, un ventre et des cuisses tels qu’on les voit chez les grandes Vénus romaines. Elle n’a même pas pris le temps de se chausser, laissant à nu ses pieds dont l’un fâcheusement déformé chez une femme aussi jeune. Aurait-elle essayé de porter le soulier de satin qui comprime les élans des sens ? Pourquoi cette hâte à sortir ? Avait-elle rendez-vous hors de la ville qu’on devine au loin, encore pétrifiée de sommeil sur l’île d’une rivière ou d’un lac, avec cet homme d’or et de pourpre, un jeune faucon porté sur son gant ? Lui, il était en avance, sans doute. Sa tenue est soignée, des bottes noires au chapeau rouge en passant par une robe qui semble sortir des mains d’un orfèvre et une barbe blonde bien taillée. Relevant d’une main son manteau, il s’apprête à plier le genou devant elle. A moins qu’il ne cherche à lui dévoiler une jambe puissante … Ne nous égarons pas. Si, au sujet de l’oiseau, je parle d’un ” jeune faucon ” c’est que la façon dont l’homme le tient m’a rappelé l’affaitement pratiqué autrefois par les nobles mais, à première vue, ce drôle de volatile m’a paru être un pigeon … Et pourquoi n’en serait-ce pas un qu’il va tendre à la Belle en hommage d’amour ?

Qu’on ne dise pas qu’une fois de plus mon imagination romanesque m’égare ! J’ai des preuves de ce que j’avance. Voyez comme la dame le regarde, troublée, main posée sur le coeur! Si elle tend vers lui une sorte de palme c’est bien pour cueillir l’oiseau, acceptant ainsi son gage d’attachement.

Mais quel est donc ce personnage de second plan en habit ecclésiastique qui, agenouillé derrière eux, mains jointes, semble surveiller le jeune seigneur ? Voilà qui confirme mes dires. Cet homme de Dieu s’effraie de voir les jeunes gens réunis et supplie le prétendu fauconnier de ne pas franchir la faible distance qui le sépare de sa dame. Mouvement qui pourrait le conduire à la prendre dans ses bras pour déposer pigeon et baisers dans le doux nid de sa gorge… Cet amour serait-il interdit ? A-t-il une épouse en son logis ? Serait-elle mariée ? N’imaginons pas le pire : l’adultère… Une différence de rang social entre lui et elle ? Certes, il a plus noble allure qu’elle, mais elle porte couronne ! Sans doute ce moine ou chanoine ou curé a-t-il l’expérience de la vie – celle des autres. Il sait que le désir peut conduire au péché de chair entre célibataires de même condition. Elevant entre eux le mur de ses prières, il souhaite leur éviter le faux pas. Mais peut-il empêcher l’oiseau de remplir son amoureuse mission réduisant à néant ce barrage de saintes paroles ? 

Lui a un prénom insolite. Passe encore ! On trouve bien des Adelphe, Venceslas, des Bénard dans le calendrier, mais elle ! Je ne peux me résoudre à l’appeler ainsi. Je la nommerai Barbara. Nous sommes enfin en pays connu. Voici la dame en noir, pour une fois de clair vêtue, chantant de sa voix grave qui bouleverse l’âme : ” Mon plus bel amour, c’est toi ! ” Comment pourrait-il résister à un tel aveu ? Foin des prières, des distances, des prudences : ces deux là vont s’aimer !

Surtout ne prenez garde au titre du tableau. Les peintres sont d’aimables hypocrites. Pour enivrer leurs pinceaux, eux-mêmes et nous, spectateurs de leur théâtre intérieur, en toute quiétude et  rassurer les bien pensants, ils donnent des noms de dieux ou déesses, de saint ou de saintes à des corps dont les beautés, les grâces ou les déchéances ne sont pourtant dues qu’à leur nature humaine. Les ” Vierge allaitant l’enfant ” leur ont permis de nous faire jouir de bien craquants décolletés ! Et voyez leurs si séduisants ” Saint Jean-Baptiste ” alors qu’on sait qu’il était moche et pouilleux. Je ne parlerai pas de leurs ” Sainte Marie-Madeleine ” qui, le plus souvent, feraient damner un saint ! Quant à la date à laquelle cette toile a été peinte, ignorez-la. Si elle est d’hier, elle est d’aujourd’hui, puisque ce tableau nous amène encore à nous raconter des histoires.

Jeanne Cressanges

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