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70e anniversaire de la Libération de Saint-Dié-des-Vosges

Le 04 novembre 2014 par Bruno Veillon

C’est un événement heureux et douloureux. Le soulagement de la fin de la guerre, qui se termine de façon tragique à Saint-Dié-des-Vosges. Les commémorations de ce 70e anniversaire permettent de se replonger dans ce passé, les 21, 22 et 23 novembre.

Le 70e anniversaire de la Libération permettra de revivre ces heures intenses, qui ont vu la Cactus Division américaine entrer dans une ville désertée par les soldats allemands, qui se sont repliés après avoir détruit la ville. Saint-Dié-des-Vosges retrouvera sa liberté, mais à quel prix ? 

Août 1944. La date est symbolique pour la France et connue de tous les écoliers : les chars du général Leclerc libèrent Paris. Nous avons tous vu à la télévision ou dans les livres d’histoire, ces images de liesse, de confettis, de Parisiens heureux… L’image joyeuse d’un ” Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré ! ” scandé par le général De Gaulle devant l’Hôtel de Ville. Pourtant, à 340 kilomètres de là, vers l’est, la réalité est bien différente. Saint-Dié-des-Vosges est devenu le théâtre d’une situation incroyablement confuse et tragique. La seconde guerre mondiale est loin d’être terminée.

Les soldats ont tardé à arriver

Toutes les forces allemandes en fuite convergent vers les Vosges. ” Les troupes allemandes stationnées dans l’ouest et le sud-ouest rejoignent l’Est et la Belgique, tandis que celles du Midi remontent le couloir du Rhône et se retrouvent à Belfort ou dans les Vosges “, souligne Jean-Claude Fombaron, historien et président de la Société philomatique vosgienne. ” Les Vosges sont un mouchoir de poche où l’on retrouve le pire des forces de répression allemandes : Gestapo, miliciens et combattants ! Dans les premiers jours de septembre, tous les maquis locaux sont éradiqués par les Allemands. Ça a été très violent. ” Même les bombardements américains et les résistants n’empêcheront pas les Allemands de commettre des exactions.

Saint-Dié-des Vosges n’est pour autant pas oublié par les forces alliées. Depuis le 22 et le 23 septembre, Épinal est libéré, et les soldats alliés progressent encore plus vers l’Est. Ils vont pourtant mettre près de deux mois à rejoindre Saint-Dié-des-Vosges. La population locale s’impatiente et s’interroge. ” Aujourd’hui encore, certains survivants n’ont pas compris pourquoi les soldats tardaient tant à arriver. ” En réalité, les Américains ne veulent pas s’engager dans des combats difficiles en plein automne, s’ils n’ont pas tout le ravitaillement nécessaire. Il leur manque des munitions et du carburant. Et l’approvisionnement se situe à… Marseille ! C’est pourquoi la progression sera d’autant retardée.

La ” tactique ” de la terre brûlée 

Malheureusement ce retard laisse toute la liberté aux Allemands pour organiser la contre-offensive. ” Les Américains devant arriver côté rive gauche de la ville, les Allemands ont aménagé la rive droite pour se défendre. Ils recrutent des civils pour creuser des tranchées et des abris. Des travailleurs allemands et alsaciens ont aussi été réquisitionnés et arrivent dans la ville “, continue encore le spécialiste.

Quand les Allemands vont voir les Américains se rapprocher malgré leurs efforts désespérés pour les éloigner, ils vont abandonner la ville non sans pratiquer la ” tactique ” dite de la terre brûlée : à partir du 7 novembre, ils incendient et dynamitent les villages des environs. Ils procèdent à l’évacuation des villages de la vallée de la Meurthe et de Saint-Dié. Le 9 novembre, 900 hommes valides de Saint-Dié sont embarqués pour l’Allemagne pour travailler dans les usines allemandes. Il ne reste sur place que les vieillards, les femmes et les enfants.

1 300 bâtiments et 400 commerces détruits

Le 14 novembre, Saint-Dié brûle et les principaux édifices sautent. La stratégie est claire : les ruines gêneront la progression des chars alliés. Les habitants sont quant à eux refoulés sur la rive gauche. Plus de 1 300 bâtiments sont détruits, 400 commerces sinistrés, des bâtiments publics sont démolis : sous-préfecture, hôtel de ville, cathédrale, collèges, écoles, tribunal, musée, hôpitaux, hospice, orphelinat… Saint-Dié n’a désormais plus de valeur aux yeux des Allemands, l’important c’est de rejoindre les crêtes pour y reporter leur ligne de front.

Les Allemands désertent la ville, et les premiers soldats américains arrivent à Saint-Dié le 
21 novembre, en l’occurrence la 103e division d’infanterie américaine, surnommée la ” Cactus Division “. Elle doit son nom à son insigne frappé d’un cactus, le symbole des terres arides du sud des Etats-Unis d’où proviennent ces très jeunes soldats, fraîchement débarqués en France par Marseille et amenés par camion dans les Vosges.

34 habitants fusillés

Il n’y aura aucun combat à Saint-Dié-des-Vosges pour libérer la ville, les Allemands sont partis, laissant un champ de ruines derrière eux. Le bilan humain est lourd lui aussi : les Allemands auront fusillés 34 personnes pendant l’occupation, 28 civils auront été tués au cours des combats, certains également en raison des bombardements américains, 5 décéderont encore des suites de leurs blessures, on dénombre également une quarantaine de blessés. Au total, plus de 2 000 personnes seront déportées, réquisitionnées ou volontaires, et d’autres seront faits prisonniers. Mais les Vosges ne sont pas encore totalement libres, il faudra attendre la libération du dernier village, Le Valtin, en février 1945.

À Saint-Dié-des-Vosges, le réveil est douloureux. La ville paye un lourd tribut. ” Toutes les usines ont été pillées puis dynamitées, le bilan économique de la reconstruction sera très élevé et va prendre des décennies. Il y a seulement deux ans que la cathédrale détruites pendant la guerre a retrouvé ses orgues “, ajoute Jean-Claude Fombaron.

Une lente reconstruction 

Au soulagement des Déodatiens, se mélange un sentiment de tristesse : ” Un hiver très rude commence alors, dans une absence totale de confort et de gros problèmes de ravitaillement. C’est une période très difficile à vivre pour les habitants : les femmes cherchent leur maris, déportés en Allemagne ou au front, des enfants sont orphelins… Il faudra attendre avril et mai 1945 pour voir la libération des camps et le retour des déportés au compte-goutte et pour certaines familles apprendre qu’un de leur proche ne reviendra plus. D’autres en veulent aussi aux Américains pour ­les bombardements de la ville et les victimes collatérales. C’est une libération, oui, mais à quel prix ? “

Beaucoup gardent en souvenir la reconstruction du premier toit à Saint-Dié-des-Vosges, comme un symbole du retour chez soi. Il faudra néanmoins attendre septembre 1945 pour que la guerre s’achève totalement et retrouver la paix totale. En attendant, Saint-Dié-des-Vosges se reconstruit ” outragé, brisé, martyrisé mais libéré ! “

Programme officiel des commémorations

Vendredi 21 novembre

• 19 h – Dévoilement du Tableau de Robert George  ” La supplique de Saint-Dié en 1944 ” à l’Hôtel de Ville

Samedi 22 novembre

• 8 h 50 – Rassemblement des personnalités (devant l’Hôtel de Ville)

• 9 h 00 – Baptême du rond-point Henri-Karcher (ex-rond point Victor-Schoelcher)

• 9 h 30 – Baptême du centre social Germaine-Tillion (ex-Centre social de Saint-Roch)

• 10 h 00 – Baptême de la rue du Colonel Andlauer (ex-rue du Camping)

• 10 h 30 – Baptême de la place Roger-Souchal (Ex-Place Saint-Just)

• 11 h – Cérémonie à la stèle de la 103e division Américaine (Foucharupt) :

• 11 h 45 – Réception en Mairie

• 14 h 30 – Rassemblement rue Thiers

• 14 h 50 – Arrivée des véhicules anciens (parcours : rue Thiers, Quai du Mal Leclerc, quai Jeanne d’Arc, rue des Grands Moulins, rue des Jardins, rue Saint-Charles, rue Thiers, rond-point Braque, rue Thiers)

 À noter : Ces véhicules seront visibles place du Général de Gaulle jusqu’au dimanche 23 novembre

• 15 h 30 – Visite guidée de l’exposition dans la ville ” Saint-Dié, avant-après ” par J.-Claude Fombaron (Société Philomatique Vosgienne) – Départ place du Général de Gaulle

• 16 h – Concert du Big Band du Cemod à la Tour de la Liberté

• 16 h – Spectacle Académie de Danse Brigitte Nicole au musée Pierre-Noël

• 16 h 30 – Vernissage de l’exposition de photographies à la Médiathèque Victor-Hugo

• 16 h 45 / 17 h – Vernissage de l’exposition ” La libération de Saint-Dié – Novembre 1944 ” et allocutions au musée Pierre-Noël

• 16 h 45 – Concert Jazz – chansons populaires 1944 Patrick Mischler & Cie au musée Pierre-Noël

• 17 h 30 – Conférence du Colonel Antoine à la Tour de la Liberté : ” La chevauchée de la 103e Division d’Infanterie américaine de Marseille à Sélestat – La Libération de Saint-Dié “

• 18 h – Spectacle Académie de Danse Brigitte Nicole au musée Pierre-Noël

• 20 h 30 – Concert de l’Orchestre d’Harmonie à l’Espace Georges Sadoul

À noter :

• Une exposition ” La Guerre  ” réalisée par une vingtaine d’élèves du collège Souhait est visible à la Tour de la Libérté

• De 15 h à 19 h : groupes musicaux d’époque (jazz, accordéons..) déambuleront en ville et dans les bars

• De 15 h 30 à 19 h au musée Pierre-Noël (cabane de la reconstruction située dans l’espace XXe): lecture de témoignages par la Compagnie ACTE. Des interventions d’habitants qui ont connu la Libération seront diffusées sur écrans.

Dimanche 23 novembre

• 9 h – Visite guidée de l’exposition dans la ville ” Saint-Dié, avant-après ” par J.-Claude Fombaron (Société Philomatique Vosgienne) – Départ place du Général de Gaulle

• 10 h – Messe célébrée par Monseigneur Mathieu (cathédrale) – Chorale franco-allemande

• 11 h 15 – Place du Gal de Gaulle : Rassemblement des personnalités puis défilé vers le Monument aux Morts

• 11 h 30 – Prise d’Armes au Monument aux Morts

• 12 h – Réception à l’Hôtel de Ville et discours de Monsieur Le Maire

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