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Vincent Munier : la féconde solitude du photographe

Le 18 novembre 2013 par Bruno Veillon

Au milieu des étendues blanches du Grand Nord, Vincent Munier vit en ermite de la photographie : solitaire et totalement absorbé par la nature. Ce Vosgien parcourt la planète et revient avec un nouvel ouvrage envoûtant : Solitudes I et II.

D’où vient votre fascination pour le froid, la neige, la nature à l’état brut ?  

Les photos de l’ouvrage proviennent principalement du Grand Nord, du Japon, de l’Antarctique et du Tibet : des terres extrêmes qui remettent la petitesse de l’homme à sa place. J’aime bien être en immersion dans des zones sauvages, sans véhicule motorisé, mais à pied ou à ski. C’est être soi-même animal, en tout cas au plus proche des animaux. C’est un état d’esprit où les émotions sont fortes. 

Comment réussissez-vous à approcher ces animaux sauvages ? 
Ça m’arrive de me camoufler en blanc, mais dans les hautes latitudes on est face à des animaux qui n’ont jamais vu l’homme et donc qui ne s’en méfient pas. Ils sont même plutôt curieux, comme les loups blancs. J’ai dû patienter une semaine en Arctique face à une meute de neuf loups avant qu’ils ne s’approchent durant une demi-heure. 

Vous publiez deux livres, l’un en format horizontal, l’autre vertical. C’est original ! 
Je suis un grand amateur des beaux livres et j’ai grandi avec les photos, c’est pour cela que j’ai constitué ma propre maison d’édition pour réaliser moi même les livres que je souhaitais. Je suis parti sur deux tomes, l’un vertical l’autre horizontal pour ne pas couper les photos et laisser de l’amplitude pour les contempler. Cela m’est inspiré par l’art japonais : je suis adepte du simple, du sobre, du vide et du plein. 

Le moine bouddhiste Matthieu Ricard a signé les commentaires. Comment s’est déroulé le travail à ses côtés ? 
C’est un ami, il est passionné de photographie et de nature comme moi. Matthieu est très à même de parler de la solitude puisqu’il a vécu un temps incroyable en ermite. Il a écrit un texte de fin à chaque ouvrage et une sélection de pensées de moines tibétains en harmonie avec les photos. Il parle du côté positif de la solitude : elle est indispensable pour se retrouver soi-même mais aussi pour nourrir l’envie d’aller vers les autres. J’espère que ce n’est pas anxiogène pour les gens, pour moi ça reste un très joli mot. 

Les Vosges demeurent un refuge au milieu de tous vos voyages ? 
J’y passe la moitié de l’année. Les Vosges sont mon terrain d’entraînement et d’apprentissage. Mon père m’emmenait dormir sous les sapins tout gamin. Je sais me débrouiller dans la nature grâce à cela. Ce qui me chagrine c’est qu’on ne sait plus vivre avec la nature. De quel droit, l’homme peut décider de la vie ou de la mort d’un animal ? De quel droit on maîtrise ou gère la nature ? Il y a un respect qu’on a perdu. 

Solitudes I et II
Aux éditions kobalann – 272 pages
110 euros les deux tomes

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