Accueil > Culture > Livre - musique > Interview Roger Cayzelle

Interview Roger Cayzelle

Le 31 août 2015 par Bruno Veillon
© XXXxxyyyyy

La réforme territoriale institutée par la loi NOTRe souffre d'un manque de popularité, c'est le moins que l'on puisse dire. Pour vous, c'est une bonne réforme ?
J'étais très sceptique sur cette réforme, je pense que c'était une erreur. La meilleure réforme était celle de Nicolas Sarkozy : la fusion du conseiller départemental et régional. Maintenant que tout est en place, il va falloir quand même faire avec. L'avantage c'est que ça nous oblige à rebattre les cartes. Essayons de construire quelque chose d'intelligent en nous mettant ensemble pour donner un maximum d'attractivité à nos régions.

Les Vosges peuvent tirer des bénfices de cette réforme ?
S'il y a un département pour lequel cette réforme va être intéressante, c'est bien les Vosges. Les Vosgiens ont toujours eu le sentiment d'être délaissés par la Lorraine. À mon avis, parfois à tort. Les Vosges n'arrêtaient pas de se plaindre et de s'enfermer dans la " Vogitude " : un sentiment d'isolement... L'Ouest vosgien a tout intérêt à ne plus être aux marges de la Lorraine, mais à sa considérer au centre du nouvel ensemble régional. À l'opposé, si vous prenez Saint-Dié-des-Vosges et Gérardmer, ces villes se sentent plus proches de Strasbourg que de Metz ! Alors, pour les Déodatiens, savoir que la DREAL sera finalement à Strasbourg plutôt qu'à Metz, ça n'a pas d'importance. 

Vous comprenez tout de même la déception des élus vosgiens face à l'annonce du départ de la Chambre régionale des comptes pour Metz ? Reste t-il un espoir qu'Épinal récupère un service, une délégation ? 

Le départ de la cour des comptes d'Épinal, ce n'est pas correct. C'est inélégant par rapport à Philippe Séguin (qui l'avait installée à Épinal, ndlr), il ne fallait pas céder. Le signal est terrible. Cette décision donne l'impression qu'Épinal est une ville de province où il ne fait pas bon vivre. Reste la possibilité d'accueillir le Commissariat à l'aménagement du Massif des Vosges.

À quels territoires vosgiens pensez-vous plus précisément ?

Gérardmer et Saint-Dié-des-Vosges pourraient très bien être reliées à Strasbourg par un bus ou un train. La région de Saint-Dié-des-Vosges a tous les atouts pour se développer : proche de la montagne et de l'Alsace… 
Avec le Sillon Lorrain d'Épinal à Thionville, il y a aussi des choses à inventer. D'abord avec le TER qui doit arriver plus longtemps le soir à Épinal. 

Plus au nord, on a commencé à créer un mouvement autour de la vallée de Senones avec le festival des abbayes… Il figurerait parmi les grands festivals français pour sa qualité s'il se déroulait à coté d'Aix-en-Provence. Les habitants commencent seulement à découvrir que leur région est magnifique : les gens se disent, là je suis quand même bien ! 

À l'ouest, Neufchâteau ne peut pas exister sans coopérer avec Vittel, Contrexéville et Mirecourt. C'est un paquet cadeau absolu, ne serait-ce que parce qu'à Mirecourt il y a un aéroport, et qu'il y a des Chinois qui viennent à Mirecourt. Il faut les faire visiter Neufchâteau. Il faut des restaurants ouverts, des cafés… Vous aimez votre région quand vous voyez que d'autres gens y viennent, et que vous vous dîtes : ah c'est quand même bien ! Les territoires qui se développent sont ceux qui se mobilisent.

Le vrai problème en Lorraine, en Champagne-Ardenne et en Alsace, c'est un déficit de notoriété phénoménal. Ce sont aussi des régions qui perdent des habitants. Même l'Alsace commence à avoir un solde migratoire négatif. 

Le problème n'est-il pas que les Lorrains qui ne sont pas les premiers convaincus ?

J'ai écris des dizaines de chroniques là-dessus, les Lorrains ne portent pas suffisamment leur région. Ils doivent prendre confiance en eux. Nous avons 1 500 entreprises innovantes en Lorraine, notre économie a encore du sens. Il faut s'en rendre compte ! 
La nouvelle génération politique doit accompagner cela. 

Comment voyez-vous les Vosges en 2050 ?
 
Si les Vosges sont capables de récupérer ces éléments de modernité, elles peuvent progresser. Il faut le même standard de vie à Épinal que dans une grande ville : accès au numérique, transports en commun, il faut pas que le dernier train parte à 8h30, là ils vont cadencer, c'est bien, mais il faut rouler pus tard. Si le dernier train part à 20h30, il y a aucune chance que vous partiez voir un spectacle à Épinal le soir et vice-versa. Sinon ça commence à être relier un peu correct. La partie sera gagnée quand les Nancéiens viendront à Épinal. 

Vous parlez de cette place centrale des Vosges, mais pour l'instant la capitale de cet ensemble sera lui décentrée, à Strasbourg.
Ce n'est pas parce que Strasbourg n'est pas au milieu, que Strasbourg n'a pas d'importance. Washington n'est pas au milieu des états-Unis, Berlin n'est pas au milieu de l'Allemagne ! Lorsque vous présentez en Chine et en Asie, le seul coin d'Est un peu repéré, c'est ou Strasbourg ou le Luxembourg.  La capitale régionale à Strasbourg ce n'est pas brader les intérêts de Metz !


Vous avez annoncé ne plus vouloir utiliser le terme ALCA ou ACAL, mais uniquement région Grand Est. À quel point les mots et la sémantique sont importants ?
C'est comme pour une marque. C'est quand même un élément de visibilité extrêmement fort. La région PACA réfléchit à enlever ce nom ridicule pour s'appeler Provence. Pour l'instant je l'appelle Grand Est Europe, ça a de l'allure. Mais il y a le problème de la traduction en langue étrangère, notamment en anglais. Donc il faudrait peut-être réfléchir à quelque chose comme France Est. Mais je me refuse à employer le terme ALCA ou ACAL, il faut arrêter avec ça !

XXXxxyyyyy

La réforme territoriale institutée par la loi NOTRe souffre d’un manque de popularité, c’est le moins que l’on puisse dire. Pour vous, c’est une bonne réforme ?
J’étais très sceptique sur cette réforme, je pense que c’était une erreur. La meilleure réforme était celle de Nicolas Sarkozy : la fusion du conseiller départemental et régional. Maintenant que tout est en place, il va falloir quand même faire avec. L’avantage c’est que ça nous oblige à rebattre les cartes. Essayons de construire quelque chose d’intelligent en nous mettant ensemble pour donner un maximum d’attractivité à nos régions.

Les Vosges peuvent tirer des bénfices de cette réforme ?
S’il y a un département pour lequel cette réforme va être intéressante, c’est bien les Vosges. Les Vosgiens ont toujours eu le sentiment d’être délaissés par la Lorraine. À mon avis, parfois à tort. Les Vosges n’arrêtaient pas de se plaindre et de s’enfermer dans la ” Vogitude ” : un sentiment d’isolement… L’Ouest vosgien a tout intérêt à ne plus être aux marges de la Lorraine, mais à sa considérer au centre du nouvel ensemble régional. À l’opposé, si vous prenez Saint-Dié-des-Vosges et Gérardmer, ces villes se sentent plus proches de Strasbourg que de Metz ! Alors, pour les Déodatiens, savoir que la DREAL sera finalement à Strasbourg plutôt qu’à Metz, ça n’a pas d’importance. 

Vous comprenez tout de même la déception des élus vosgiens face à l’annonce du départ de la Chambre régionale des comptes pour Metz ? Reste t-il un espoir qu’Épinal récupère un service, une délégation ? 

Le départ de la cour des comptes d’Épinal, ce n’est pas correct. C’est inélégant par rapport à Philippe Séguin (qui l’avait installée à Épinal, ndlr), il ne fallait pas céder. Le signal est terrible. Cette décision donne l’impression qu’Épinal est une ville de province où il ne fait pas bon vivre. Reste la possibilité d’accueillir le Commissariat à l’aménagement du Massif des Vosges.

À quels territoires vosgiens pensez-vous plus précisément ?

Gérardmer et Saint-Dié-des-Vosges pourraient très bien être reliées à Strasbourg par un bus ou un train. La région de Saint-Dié-des-Vosges a tous les atouts pour se développer : proche de la montagne et de l’Alsace… 
Avec le Sillon Lorrain d’Épinal à Thionville, il y a aussi des choses à inventer. D’abord avec le TER qui doit arriver plus longtemps le soir à Épinal. 

Plus au nord, on a commencé à créer un mouvement autour de la vallée de Senones avec le festival des abbayes… Il figurerait parmi les grands festivals français pour sa qualité s’il se déroulait à coté d’Aix-en-Provence. Les habitants commencent seulement à découvrir que leur région est magnifique : les gens se disent, là je suis quand même bien ! 

À l’ouest, Neufchâteau ne peut pas exister sans coopérer avec Vittel, Contrexéville et Mirecourt. C’est un paquet cadeau absolu, ne serait-ce que parce qu’à Mirecourt il y a un aéroport, et qu’il y a des Chinois qui viennent à Mirecourt. Il faut les faire visiter Neufchâteau. Il faut des restaurants ouverts, des cafés… Vous aimez votre région quand vous voyez que d’autres gens y viennent, et que vous vous dîtes : ah c’est quand même bien ! Les territoires qui se développent sont ceux qui se mobilisent.

Le vrai problème en Lorraine, en Champagne-Ardenne et en Alsace, c’est un déficit de notoriété phénoménal. Ce sont aussi des régions qui perdent des habitants. Même l’Alsace commence à avoir un solde migratoire négatif. 

Le problème n’est-il pas que les Lorrains qui ne sont pas les premiers convaincus ?

J’ai écris des dizaines de chroniques là-dessus, les Lorrains ne portent pas suffisamment leur région. Ils doivent prendre confiance en eux. Nous avons 1 500 entreprises innovantes en Lorraine, notre économie a encore du sens. Il faut s’en rendre compte ! 
La nouvelle génération politique doit accompagner cela. 

Comment voyez-vous les Vosges en 2050 ?
 
Si les Vosges sont capables de récupérer ces éléments de modernité, elles peuvent progresser. Il faut le même standard de vie à Épinal que dans une grande ville : accès au numérique, transports en commun, il faut pas que le dernier train parte à 8h30, là ils vont cadencer, c’est bien, mais il faut rouler pus tard. Si le dernier train part à 20h30, il y a aucune chance que vous partiez voir un spectacle à Épinal le soir et vice-versa. Sinon ça commence à être relier un peu correct. La partie sera gagnée quand les Nancéiens viendront à Épinal. 

Vous parlez de cette place centrale des Vosges, mais pour l’instant la capitale de cet ensemble sera lui décentrée, à Strasbourg.
Ce n’est pas parce que Strasbourg n’est pas au milieu, que Strasbourg n’a pas d’importance. Washington n’est pas au milieu des états-Unis, Berlin n’est pas au milieu de l’Allemagne ! Lorsque vous présentez en Chine et en Asie, le seul coin d’Est un peu repéré, c’est ou Strasbourg ou le Luxembourg.  La capitale régionale à Strasbourg ce n’est pas brader les intérêts de Metz !

Vous avez annoncé ne plus vouloir utiliser le terme ALCA ou ACAL, mais uniquement région Grand Est. À quel point les mots et la sémantique sont importants ?
C’est comme pour une marque. C’est quand même un élément de visibilité extrêmement fort. La région PACA réfléchit à enlever ce nom ridicule pour s’appeler Provence. Pour l’instant je l’appelle Grand Est Europe, ça a de l’allure. Mais il y a le problème de la traduction en langue étrangère, notamment en anglais. Donc il faudrait peut-être réfléchir à quelque chose comme France Est. Mais je me refuse à employer le terme ALCA ou ACAL, il faut arrêter avec ça !

Menu
logo facebook logo instagram logo twitter logo linkedin