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Épinal accorde ses violons

Le 22 mars 2016 par Bruno Veillon

En poussant la porte du nouvel atelier de lutherie spinalien, ça sent la colle, le vernis et la térébenthine. Clément Devet et Christophe Penigaud sortis de l’école de Mirecourt il y a quelques années, ouvrent leur propre atelier.

Des râpes, des limes et des rabots. Sur la table de l’atelier, les outils sont dispersés. Au milieu, un grand ouvrage y trône. On peut y lire en lettres dorées  : Trésor de la lutherie française du XIXesiècle. 

” Ici, tout est travaillé à la main de manière traditionnelle. La même technique utilisée depuis 400 ans “, expliquent les maîtres des lieux.

Clément Revet et Christophe Penigaud sont luthiers. À 25 ans, ils ont décidé d’ouvrir leur atelier à Épinal. Une ville où aucun fabricant de violon n’avait encore posé ses outils. Diplômés de l’école de Mirecourt, les deux jeunes hommes ont ensuite parfait leurs techniques auprès de Jean-Jacques Pagès, référence dans le domaine de la lutherie. 

Mais c’est au moment de leur recherche d’emploi que ça s’est compliqué. ” On nous envoie de la poudre aux yeux à l’école pour faire ce métier mais les anciens n’embauchent pas de jeunes, explique Christophe Penigaud. C’est difficile de se faire une place “. Notamment à Mirecourt où la concurrence est rude.

Après quelques mois, les deux amis se retrouvent et ont l’idée de monter leur propre atelier, à Épinal, ville qu’ils jugent plus attractive. ” Soit on se lançait dans l’aventure, soit on arrêtait la lutherie. Mais toujours pour travailler dans la musique “, poursuit Clément Devet. ” Pour nous, c’est quelque chose de spirituel, presque religieux. “

Violoncelliste depuis qu’il a cinq ans, Christophe apprend aussi le violon. Quant à
Clément, il fait de l’alto depuis près de onze ans et donne des cours de guitare. Lorsqu’ils fabriquent un instrument, chaque matériau semble mélodieux : ils font raisonner les morceaux de bois qui serviront de table d’harmonie, choisissent scrupuleusement les cordes en acier pour arrondir ou non la sonorité et ajustent délicatement le chevalet en bois maillé pour une résonance idéale.

Mais c’est seulement lorsqu’une apprentie violoniste entre dans l’atelier pour essayer un instrument, que leur travail est récompensé. ” Entre le musicien et l’instrument, il y a une vraie relation qui se construit. Pour nous, c’est une grosse responsabilité “, note Clément Devet.

Les deux hommes avouent être tombés dans le métier par hasard. ” Lorsque j’avais quinze ans, mes parents m’ont amené chez un luthier pour m’expliquer les différentes étapes de fabrication. En sortant, je me suis dit, pourquoi ne pas choisir ce métier ? “, se souvient Christophe. Lui qui a beaucoup déménagé pendant son enfance, quitte même la Guyane pour étudier à Mirecourt !

Aujourd’hui, le duo possède un stock d’instruments : quelques-uns rachetés, d’autres construits par leur soin. Le but étant de fabriquer, réparer et entretenir les instruments. ” En tant qu’artisans, nous voulons mettre en valeur ce que nous produisons “, précise Clément. 

Toutes les tailles d’instruments seront proposées à la vente et à la location. ” Nous voulons être à l’écoute des musiciens “. Une aventure musicale qui, pour Clément, se compose ” d’un bon verre de stress, de bonne humeur, de sincérité et de bonnes vibrations “. 

Un joli refrain en somme.

Atelier de lutherie
Ouvert du mardi au samedi, le lundi sur rendez-vous
Rue Claude Gellée à Épinal

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