Cueillette musicale dans les jardins du Festival des Abbayes vosgiens
Le bruit du vent dans les arbres, la vivacité des insectes, le parfum des fleurs… C’est le début d’un nouveau cycle de trois ans pour le Festival des Abbayes, qui nous emmène en balade dans les jardins vosgiens, pleine d’évocation et de symboles.
” De tout temps, les musiciens ont été prolixes au sujet de la nature “, explique Daniel Caquart, directeur artistique du festival des Abbayes.
En Europe, au Moyen-âge, à l’époque baroque ou à la Renaissance, arbres, fleurs, vents et saisons ont trouvé un raisonnement dans le monde musical, littéraire et pictural. Une créativité qui sera au coeur des trois prochaines années du festival des Abbayes.
Et pour cause, la thématique s’inscrit parfaitement avec les lieux : ” Il y a une particularité cette année, puisque Moyenmoutier va connaître un événement sans précédent avec l’inauguration des jardins des Abbayes “, souligne Damien Parmentier, président de l’association Entreprise et culture en Lorraine.
Comme dans la nature, avant toute éclosion, il y a une période de pousse. Cette première année du cycle possède des germes solides puisque les organisateurs ont misé sur une opération auprès des scolaires et écoles de musique, sur une collaboration avec le Théâtre du Peuple, mais comptent également sur la résidence de l’ensemble Faenza.
Sept musiciens qui aiment croiser les genres, les formes, valser entre métamorphoses, représentations et disciplines. Marco Horvat, l’un des artistes de l’ensemble, explique : ” La résidence permet des actions culturelles, comme la découverte de la musique classique aux collégiens. Mais aussi, la diffusion tout au long de l’année d’un répertoire, certes savant, mais que l’on essaie de sortir de l’élitisme. Et bien sûr, il y a l’aspect créatif. ”
Chaque année, Faenza effectue le pari d’un nouveau projet. ” On essaie de créer un spectacle pour les enfants, Polichinelle défie les Dieux. C’est quelque chose qui n’a pas été repris depuis le 18e siècle et qui permet d’associer le public. À l’époque, les musiciens étaient interdits de chanter donc ils lançaient des écriteaux aux spectateurs pour qu’ils le fassent ! “
Tremblement de terre et bouquet final
Pour cette 13e édition, les organisateurs ont pensé le programme ” pour offrir au grand public, averti ou non, en territoire rural ou dans les villes, du spectacle “, insiste Damien Parmentier. Hommage à Haendel et son oeuvre symbolique du Dixit Dominus pour l’inauguration, puisque divinité et nature sont intrinsèquement liées.
” Puis les musiciens s’installeront dans les arbres, comme par magie “, évoque Daniel Caquart, directeur artistique, citant ainsi la journée champêtre Brises, vents légers et typhons et la frasque burlesque d’Arnaud Marzorati.
Impossible de ne pas faire référence au symbole de l’amour, lorsque l’on évoque la nature. Et c’est le groupe musical la Felice qui fera vivre les tribulations paisibles ou fantasques des éléments.
Une envolée vers les jardins italiens sera proposée au Théâtre du Peuple avec le concert impromptu et l’ensemble Faenza interprétera les airs de Bellerofonte Castaldi, ” bouquet de fleurs et de vie, tendre et cassant. Peu connu et iconoclaste mais très agréable à écouter “, souligne Daniel Caquart.
L’ensemble féminin Amillis voguera au fil des saisons lors de son spectacle imaginé spécialement pour le festival avec des odes à la nature écrites par Telemann. ” Une oeuvre peu jouée qui est liée à la puissance de la nature et au tremblement de terre de Lisbonne le jour de la Toussaint de 1755. Exceptionnel “, confie le directeur artistique.
Le cycle des trois ans suivra son cours pour atteindre un point final avec une pièce majeure, le Ballet comique de la Reine, interprété par différents ensembles. Marco Horvat, de Faenza, imagine déjà : ” Il y aura des professionnels et des amateurs, des acrobates, des musiciens. Ce bouquet final incarnera vraiment une rencontre entre toutes les dimensions. “
Festival des Abbayes
Du 25 juin au 23 août
À Senones, Moyenmoutier, Étival et Saint-Dié-des-Vosges
Au Théâtre du peuple de Bussang et à la Scierie de la Hallière
Tarifs de 5 à 25 euros
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