L’illusionniste Viktor Vincent en spectacle le 6 décembre à la Rotonde de Thaon-les-Vosges. Rencontre.
L’illusionniste aux faux airs d’Hercule Poirot se produira le 6 décembre à la Rotonde de Thaon-les- Vosges, dans un show « Fantastik » qui parachute ses spectateurs dans un XIXe siècle empreint de merveilleux. Pour l’occasion, il nous a accordé un entretien dans lequel il décrypte son spectacle et livre les premiers détails sur l’adaptation cinématographique de son premier roman.
Quel a été le point de départ de l’écriture de ce nouveau spectacle, Fantastik ?
Je suis un passionné du genre fantastique. Ce spectacle s’interroge sur la définition même du genre, son avènement et balaie son histoire. Le fantastique est un genre né en France avec Guy de Maupassant. Il s’est prolongé au cinéma autour de George Méliès. Et les expériences de mentalisme fonctionnent très bien avec le fantastique. J’ai voulu en profiter pour raconter l’histoire du genre et tous les mystères qu’il charrie. C’est un spectacle qui laisse beaucoup de place au récit. Le fonctionnement du spectacle est double : le récit nourrit les expériences et les expériences nourrissent le récit.
Vous convoquez d’ailleurs Maupassant comme Méliès directement dans le spectacle...
Il se trouve que j’ai enregistré en livre audio beaucoup de nouvelles fantastiques de Maupassant. C’est aussi ce goût pour ces textes qui m’ont donné envie de faire ce spectacle. C’est quelque chose que je traînais en moi depuis assez longtemps. J’avais beaucoup d’histoires et d’anecdotes à l’esprit. Le plus difficile aura été de choisir ce que je n’allais pas raconter !
Vous avez opté pour une approche différente de vos deux précédents spectacles ?
Absolument. La narration, le mystère y trouvent une place beaucoup plus importante, l’humour aussi. Tout en conservant une approche « tous publics » et participative. Tout un chacun peut y contribuer, sans pression et selon son bon vouloir. Le moment doit être sympathique avant tout.
Le spectacle est pétri de références au fantastique, à la littérature, mais aussi au cinéma…
J’ai un rapport très intime au cinéma, je suis un vrai passionné. Je réalise moi-même des moyens-métrages et je suis en train de travailler sur mon premier long-métrage. Mon spectacle entretient des rapports très étroits avec l’univers d’un Tim Burton, très marqué, très expressionniste… J’ai voulu qu’on entre dans le spectacle par le réel avant que l’on se mette à douter. Le doute est au cœur du fantastique. Est-ce naturel ? Est-ce surnaturel ? Personne n’a la réponse et c’est au spectateur de se faire sa propre opinion.
Tout à la fois récit et expérience, comme est construit Fantastik ?
Je l’ai découpé en actes, avec des histoires, mais le cœur du spectacle tient en une séance fantastique telle qu’elles existaient au XIXe siècle et auxquelles ont pu assister Méliès, comme Victor Hugo ou Marie Curie… qui ont fait entrer en eux une part de fantastique. Ce fantastique a changé leur vie et eux-mêmes ont changé la nôtre. Au cours de cette séance, tout semble possible… y compris communiquer avec les esprits ! Quant au final, j’insiste : il est surprenant et tout à fait inattendu.
En matière d’expérience, qu’est-ce qui rend ce Fantastik différent de vos spectacles précédents ?
Je cherche toujours à deviner les pensées mais, cette fois-ci, le pouvoir va complètement changer de mains ! Je jette un chapeau dans la salle et c’est la personne sur lequel il retombe qui va monter sur scène et va tout faire ! La personne qui le reçoit peut décider de le relancer si elle n’est pas à l’aise, mais généralement, les gens se laissent tenter. Le public sait que je ne me joue pas de lui mais que je joue avec lui. C’est toujours très bienveillant. Je ne peine
jamais à trouver du monde pour monter sur scène.
Ce que j’aime dans un spectacle, un livre ou un film, c’est créer l’illusion d’une vérité.
Qu’est-ce que ça induit en matière d’écriture ?
Il n’y a pas d’improvisation dans le spectacle. De date en date, je propose le même show, écrit, pensé, chorégraphié et mis en musique. Tout est extrêmement précis, il n’y a pas de place pour le hasard. Bien sûr, chaque personne qui monte sur scène est différente. C’est à moi d’être attentif et de faire en sorte que les expériences fonctionnent. Il n’y a pas de grosses sorties de route, il y a des réactions amusantes. Le public doit vivre l’expérience pleinement, même s’il est assis.
Vous avez évoqué vous lancer dans la préparation de votre premier long-métrage
C’est une adaptation de mon premier roman, Apparition (paru chez Fleuve Noir) (un thriller psychologique dans l’univers de l’illusion, ndlr). Nous sommes en pleine préparation de production, nous avons déjà eu des confirmations de casting… mais c’est un peu tôt pour en parler. Je vais écrire le scénario et réaliser le film.
On dit souvent qu’adapter c’est trahir. Et quand c’est l’auteur lui-même qui reste au commande de sa création ?
Je ne crois pas qu’adapter, ce soit trahir. Je n’ai jamais vraiment compris les considérations et les comparaisons entre le livre et sa transposition. C’est pour cela que j’ai voulu qu’Apparition soit une adaptation libre. C’est complètement différent : on y retrouvera les mêmes personnages, mais on les rencontrera à des âges différents, à d’autres moments de leur vie… Ce film, je le vois comme un autre objet, un autre langage… On trouvera dans le film ce qu’il n’y a pas dans le livre, et vice-versa. J’avais déjà adapté quelques chapitres du livre dans un moyen-métrage de 30 minutes, Kreskine (visible sur MyCanal et Canal+, ndlr). C’est une sorte de préquel qui tourne autour des mêmes atmosphères. J’aime bien expérimenter, tester les choses.
On vous présente comme illusionniste, mentaliste, conteur… Comment vous définissez-vous, vous ?
Comme un raconteur d’histoires… mieux, un illusionniste, plus que jamais ! Écrire un livre, monter un spectacle, réaliser un film, c’est créer l’illusion de la vérité. C’est ce que j’aime. L’idée c’est d’y croire, de se laisser complètement embarquer. Méliès était un illusionniste qui a changé le cinéma. Ce que je suis et ce que je fais participe de cette idée-là : recréer le réel. La vérité et le faux, l’illusion et la réalité sont toujours au centre de tout ce que je fais… et je pense que cela va me suivre pendant longtemps.
Infos pratiques
Viktor Vincent – Fantastik
Vendredi 6 décembre
à 20 h (1 h 30) à la Rotonde de Thaon-les-Vosges.
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