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Images de guerre au musée de l’Image d’Epinal

Le 01 mai 2014 par Bruno Veillon

Le Musée de l’image propose une exposition consacrée aux images d’Epinal éditées pendant la première guerre mondiale et aux photographies de l’artiste italienne Paola de Pietri.

Automne 1915. Un petit garçon découpe un soldat de papier dans une planche de l’Imagerie Pellerin, en suivant soigneusement les contours de ses héros en couleurs. Il installe par terre le décor d’un champ de bataille dont il sera le victorieux capitaine. 

Jeu innocent d’un petit Français durant la première guerre mondiale, à quelques kilomètres seulement parfois des lignes de front. Nous sommes à l'” arrière “, la vie continue pendant que les papas, tontons ou grands frères sont envoyés dans les tranchées. C’est l’Imagerie Pellerin à Epinal qui édite cette Série de guerre à destination des enfants. 198 planches au total, publiées entre 1915 et 1918, par une entreprise au ralenti, les dessinateurs étant réquisitionnés et envoyés au front. 

À l’occasion du centenaire de la Grande Guerre, le musée de l’image a sélectionné une partie de ces planches, les Constructions, des images à découper, pour composer une incroyable scénographie de maquettes de papier ajourées à la lame du scalpel. Une plongée dans un immense panorama de la guerre vu à hauteur d’enfant dans son exposition intitulée ” 14-18, l’enfant découpait des images “. 

Ces planches sont des images de propagande qui édulcorent la dureté de la guerre, détournent l’attention des plus petits de la cruauté sordide des combats, des blessures et de la mort. À l’époque, lesConstructions sont fort prisées : les enfants peuvent visualiser le front, imaginer leur père ou un oncle parti combattre, mimer les batailles. 

Comme sur cette planche des Poilus en Argonne : les soldats y sont figurés sous des huttes de branchages pittoresques, les Poilus lisent leur courrier, un cuisinier s’affaire auprès de la marmite fumante. Une ambiance qui semble bien paisible pour un temps de guerre… Alors que les premières offensives ont débuté avec intensité en septembre 1914. 

” L’enfant ne voit qu’une vie calme, certes moins confortable qu’à la maison, mais là, au moins, leur père ne semble pas en danger “, explique t-on au Musée de l’image.

Les Allemands ne sont pas représentés sur ces planches ou, si c’est le cas, ils sont forcément en position de perdants ou caricaturés. Ces images exaltent le patriotisme comme sur cette planche du ” Merveilleux 75 ” un canon hydraulique synonyme de fierté des Français. Elles ne sont pas une reconstitution objective des faits de la guerre de 14-18, mais elles nous révèlent un regard porté sur ces événements, loin de la réalité du combat.

Cette exposition inédite est également consacrée aux photographies de l’artiste italienne Paola de Pietri. Avec To Face, l’artiste a photographié dans les Alpes et le nord de l’Italie, les souvenirs discrets de la première guerre mondiale : chemins, tranchées… 

Au fil du temps et de l’érosion, la nature reprend ses droits sur des paysages défigurés par les combats. La végétation remplit les fossés, cent ans après le tumulte des canons, le bruit et la fureur. ” Les maquettes des panoramas de guerre et les photographies de Paola de Pietri se complètent. Nous n’avons pas voulu d’une exposition nostalgique sur la guerre, mais exprimer ce que l’on montrait aux enfants pendant la guerre et les traces des combats sur les paysages “, appuie Martine Sadion, conservatrice du musée. 

Un regard pour malgré tout ne pas oublier.

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