Emmanuel Mateos publie son premier livre, “Passion nécessaire”, une déclaration d’amour au football amateur vosgien

Enseignant et ancien joueur, Emmanuel Mateos signe un premier livre sincère et touchant, consacré au monde du football amateur. À paraître le 12 juin, Passion nécessaire rassemble quarante chroniques sur le quotidien des clubs, les bénévoles, les éducateurs et les émotions qui font vibrer les terrains vosgiens. Un regard tendre et engagé sur un football de l’ombre, loin des projecteurs mais essentiel.
– Pouvez-vous vous présenter en quelques mots et nous dire d’où vous vient cette passion pour le football amateur ?
J’ai joué longtemps au foot à Arches, mon club de toujours, de l’âge de 10 ans jusqu’à mes 30 ans. À 20 ans, j’ai passé mes diplômes d’entraîneur. J’adore transmettre, je suis enseignant, et j’éprouve beaucoup de plaisir à encadrer, à être au contact de la jeunesse. Dans le foot amateur, on développe de vraies valeurs. Même si certains le critiquent, moi je ne suis pas d’accord. C’est un monde où toutes les classes sociales se croisent. Ce qui me touche aussi, c’est l’engagement des gens. Il faut des personnes investies pour faire tourner un club. Oui, parfois il y a des conflits, des soucis de communication, mais quand on est tous fédérés autour d’un projet, ça s’efface. On a vraiment envie de construire quelque chose ensemble.
– Qu’est-ce qui rend cette passion si “nécessaire”, au point d’en faire le titre de votre livre ?
C’est en réaction à un livre d’Olivier Guez, Une passion absurde et dévorante, que j’ai eu envie d’écrire. Il m’a marqué, mais moi, je voulais répondre : non, ce n’est pas absurde, c’est nécessaire ! Le football permet aux gens de se retrouver, de se fédérer autour de projets communs. Une passion, quelle qu’elle soit, nous porte. Les gens qui s’engagent dans leur passion, dans le foot ou ailleurs, créent du lien social. La société devient de plus en plus individualiste. Grâce au football amateur, on recrée du collectif. Les bénévoles qui s’occupent des clubs sont essentiels. Et c’est aussi nécessaire pour les jeunes, ils ne pourraient pas s’épanouir sans la passion des autres.
– Sans tout dévoiler, que va-t-on retrouver dans ces 40 chroniques ?
Des sensations, des émotions, des moments de terrain. Je raconte par exemple les déplacements dans ma voiture, avec mes jeunes à l’arrière, ou encore une journée de plateau à Cheniménil, juste après les attentats de Paris. L’ambiance particulière ce jour-là m’a marqué. J’y partage mon ressenti d’éducateur, des ambiances parfois houleuses, l’évolution des jeunes que j’ai suivis pendant plusieurs années… Je parle aussi du rôle des bénévoles, de l’engagement, du lien social qu’un club peut créer. Par exemple, à un moment, on manquait de joueurs. J’ai fait le tour des city-stades à Épinal pour trouver des jeunes motivés pour rejoindre l’équipe U15 à Arches. Ce n’est pas seulement un livre sur le foot, c’est un livre sur la vie d’un club, sur ce que l’éducation populaire peut apporter à la société. Chaque chronique a son propre titre.
– Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ce livre ? Un projet de longue date ou un déclic récent ?
C’est venu par hasard ! À l’époque, on avait un blog pour le club, quand j’ai commencé à encadrer l’équipe de mon fils qui avait six ans, il voulait faire du foot. Sur le blog, j’écrivais de plus en plus long, je me suis pris au jeu. Ensuite, j’ai repris toutes ces chroniques, je les ai retravaillées pendant un an. Passionné de lecture – je lis un roman par semaine – j’aime écrire. Alors j’ai tenté, j’ai envoyé mon manuscrit à 20 maisons d’édition, et j’ai eu deux retours positifs. Je ne pensais pas être publié. Au départ, j’écrivais juste pour moi, pour le blog, la page Facebook du club. Et puis quand j’ai vu que ça plaisait, que j’avais 40 chroniques, je me suis lancé !
– Vous parlez beaucoup de bénévolat et d’engagement local. C’est un message que vous souhaitez faire passer ?
Tout à fait, même si au départ ce n’était pas une mon intention. J’ai simplement raconté ce que je vivais. Mais si ça peut ouvrir les yeux, tant mieux. On entend souvent que “les gens ne font plus rien”, mais c’est faux. Dans un club de foot, il se passe plein de choses. Les enfants viennent s’y dépenser, ils ne sont pas devant des écrans. Je voulais montrer cette magie, cet esprit collectif. Partager ce vécu, ces émotions.
Je ne pensais pas faire un livre au début. Mais quand j’ai réalisé que ces chroniques pouvaient avoir une portée, j’en ai repris 20, puis écrit les 20 suivantes. Passion nécessaire, c’est mon tout premier livre.
