Les Sheriff : le punk français à la source du Val-d’Ajol

Après 27 ans d’absence au Val d’Ajol, les Sheriff sont de retour chez Narcisse ! Pionniers du punk-rock français dans les années 80-90, les Montpelliérains ont repris les armes en 2012 pour un baroud d’honneur. Du vrai punk à l’ancienne, pour l’amour de la scène. Rencontre avec Olivier Téna, chanteur du groupe.
Olivier, vous avez officié de 1984 à 1999, avant de vous reformer en 2012. Qu’est-ce qui vous a donné envie de revenir ?
Olivier Téna – C’est surtout ce concert que nous avons joué ensemble à Montpellier, devant 7 000 personnes. Il y avait plein de monde, les gens nous ont demandé si on souhaitait jouer d’autres concerts. Ça nous a donné envie de revenir. Mais on a commencé doucement : tout le monde a une vie à côté et un boulot. On a attendu deux ans après ce concert. On a d’abord bouclé cinq ou six dates la première année, puis une dizaine… Comme ça nous éclate et tant que le public nous demande, on continue !
C’est l’envie de remonter sur scène qui vous a motivé ?
O. T. – Oui, c’est surtout ça. Personnellement, ça ne m’a pas manqué parce qu’on en avait fait des tonnes, mais c’est agréable d’y goûter à nouveau. Mais on ne veut pas être occupé comme des fous comme c’était le cas avant. On réalise environ deux concerts par mois, ça reste un rythme tranquille. Ce qui nous intéresse, c’est de jouer devant un public.
Dans les années 80-90, vous figuriez dans le paysage punk français, dans la mouvance de La Mano Negra ou des Béruriers Noirs. Que retenez-vous de cette période ?
O. T. – On a tout construit dans le rock français à cette époque, et les jeunes peuvent en profiter aujourd’hui. Pas par nous personnellement, mais par les groupes de punk et de rock, et même le rap. On a monté une structure rock en France qui n’existait pas, contrairement à l’Angleterre. Avant, il n’y avait rien ou presque. Dans les années 80, pour les premiers groupes, il n’y avait même pas de sonorisateur ! On jouait dans des salles nases, avec des sonos pourries… Et c’était la même galère pour les studios d’enregistrement.
Sans réelle structure, avez-vous pu expérimenter ou vous lâcher sur scène ?
O. T. – Au contraire, ça nous a plutôt bridé. C’est beaucoup plus simple de faire de la musique aujourd’hui, même dans ta cuisine. À l’époque, c’était chiant, rien que pour trouver un local de répét’ c’était l’enfer ! Il y a beaucoup plus de liberté maintenant. Les artistes sont meilleurs parce qu’ils ont les structures, ils peuvent écouter de la musique partout sur internet. Nous, on devait aller chez des disquaires spécialisés juste pour pouvoir écouter de la musique. Aujourd’hui, il y a tout à disposition, il y a plus de professionnalisme.
En 2017, le punk est-il toujours d’actualité ?
O. T. – Plus tellement. Je pense que c’est une musique pour les gens qui l’ont connu au début, et qui continuent à la suivre. Mais il y a d’autres courants musicaux qui sont à l’avant-garde aujourd’hui, et qui ont repris ce côté subversif que le punk avait à l’époque.
Votre marque de fabrique, ce sont des morceaux simples, quelques riffs de guitare, des textes humoristiques, et une envie de « faire du bruit ». Vous conservez cette même formule aujourd’hui ?
O. T. – Oui, complètement. La musique c’est pour s’amuser et amuser les autres, donner envie au public de bouger. On n’a jamais eu d’autres prétentions. On veut simplement être sur scène, on n’a pas envie de se relancer dans la musique professionnellement. On veut continuer les concerts, mais sans contrainte !
Les Sheriff + The Butcher’s Rodeo
Dimanche 12 mars, 18h30
Chez Narcisse, Le Val d’Ajol
Tarifs : 18 € en prévente / 20 € sur place
Tél. 03 29 66 53 59