Accueil > Culture > Concert > Laurent Voulzy : le mystique rêveur en concert exceptionnel dans la Cathédrale de Saint-Dié-des-Vosges

Laurent Voulzy : le mystique rêveur en concert exceptionnel dans la Cathédrale de Saint-Dié-des-Vosges

Le 30 mai 2023 par Jordane Rommevaux
Laurent Voulzy : le mystique rêveur en concert exceptionnel dans la Cathédrale de Saint-Dié-des-Vosges
Laurent Voulzy sera en concert à la Cathédrale de Saint-Dié-des-Vosges.
© Julien Reynaud/APS-Medias

Laurent Voulzy a débuté, il y a presque cinq ans, une longue tournée dans les églises, loin des salles de spectacle aux dimensions démesurées. L’interprète de Belle-île-Mer, Marie-Galante l’achèvera cette année en passant notamment par la cathédrale de Saint-Dié-des-Vosges, le 15 juin prochain. Celui qui a, bien souvent, accompagné la vie de son public, y a trouvé des ressources nouvelles. Et à 74 ans, le chanteur aux cinquante années de carrière n’a pas fini de se renouveler.

Laurent Voulzy.
©Philippe Abergel

Vous attaquez la dernière ligne droite de votre tournée dans les églises, entamée en 2018, en passant par la cathédrale de Saint-Dié. Qu’est-ce qui en a été le déclencheur, vous qui avez multiplié les Zénith ?

Depuis l’enfance, je suis passionné d’Histoire et particulièrement par le Moyen Âge. L’invisible m’a toujours fasciné et, comme beaucoup de gens, je me suis toujours posé beaucoup de questions sur la spiritualité. Évidemment, dans mes chansons, je chante autre chose que des questionnements d’ordre spirituel, mais on en trouve des traces dans plusieurs titres. J’avais voulu résumer tout cela dans l’album Lys & Love (sorti en 2011). J’ai fait un centaine de concerts pour accompagner la sortie du disque et, au cours de cette tournée, j’ai eu l’occasion de chanter à trois reprises dans des églises, en France et en Angleterre. J’en ai gardé un souvenir très particulier. Il faut dire aussi que j’ai une passion pour les cathédrales, j’ai même écrit un livre sur le sujet (Mes Cathédrales, écrit avec Laurent Joffrin). On m’avait entendu en parler en interview et on m’a proposé une tournée. Elle est née comme cela.

Comment s’est opéré le choix des chansons ?

Il fallait trouver des chansons qui entrent en résonance avec le lieu. Le choix s’est fait très naturellement. Parmi ces chansons, il y a notamment « Jeanne », que les gens connaissent et que j’avais écrite pour l’album Lys&Love. Là aussi, le personnage me fascine. Je suis d’ailleurs allé à Domrémy.

Pour composer le titre ? Il paraît que vous avez un souvenir très précis du contexte et du lieu où vous écrivez vos mélodies ?

Je m’en rappelle bien, mais celle-ci, je l’ai écrite à Paris, en une nuit ! J’avais trouvé la musique, je cherchais les paroles. Je me suis endormi devant mon ordinateur qui tournait sans arrêt avec la mélodie en fond et j’ai été réveillé par un rêve auditif. J’ai entendu le prénom « Jeanne » ! Depuis des semaines, je cherchais le titre de la chanson et
celui-ci s’est imposé d’un seul coup ! J’ai commencé à écrire un texte, j’étais inspiré autant que je tournais en rond. J’en ai parlé à Alain (Souchon) qui a débloqué la situation et a écrit le texte de la chanson après qu’on en ait parlé un bon moment. C’est un sujet qui nous parle à tous les deux. On travaille d’ailleurs avec Alain, l’écrivain et spécialiste de l’Histoire Franck Ferrand et le parolier Pierre-Dominique Burgaud (auteur du Soldat Rose, qui a œuvré pour Voulzy, Souchon, Chamfort, entre autres). Nous préparons le projet depuis longtemps. Nous l’avions arrêté avant de reprendre il y a une année. C’est un vrai travail de fond. Ce ne sera pas une comédie musicale, plutôt un pop opéra ! On a déjà écrit pas mal de chansons.

Laurent Voulzy joue de la guitare.
©Philippe Abergel

Vous avez intégré des arrangements à vos titres sur la tournée ? Des chœurs se sont imposés aux lieux ?

Oui, nous faisons même souvent appel à des chorales locales. Nous sommes, du reste, en train de voir si nous pourrons avoir une chorale à Saint-Dié. Une tournée comme celle-là appelle quelques impératifs : on doit adapter le répertoire au lieu, d’abord. Acoustiquement, les églises et cathédrales ne sont pas des Zénith ou des théâtres. Mais ces contraintes sont sources de création. Ces églises sont nos partenaires incontournables, il faut faire avec !

Le rapport avec le public, aussi, évolue ?

Les gens rentrent dans un état d’esprit différent, ils viennent chercher autre chose. Un échange particulier se crée avec eux… même si c’est le même qui est venu auparavant dans une salle de spectacle. Il faut dire que nous nous rendons dans des endroits qui ne sont pas toujours des grandes villes et on voit aussi des gens qui ne sont jamais venus nous voir en spectacle, jamais. Tout cela rejaillit aussi sur nous, musiciens. Certaines chansons prennent de nouvelles dimensions, presque comme si je les avaient écrites pour être chantées là. Elles se développent, se décuplent… [il s’interrompt]. Je ne trouve pas les termes, mais disons qu’elles prennent un sens nouveau… Cela joue énormément sur moi, et je pense que pour le public aussi.

En fin d’année, vous mettrez un point final à cette tournée qui aura compté plus de 200 concerts. Au moment de clôturer ce chapitre, quel bilan feriez-vous de l’expérience ?

[Il réfléchit]. Chanter dans les églises est devenu pour moi un besoin. Je suis ravi de chanter dans ces lieux. Il y a quelque chose de plus qui se passe, de spirituel, de mystique, qui n’a rien à voir avec un Zénith. On peut toujours aimer chanter dans un Zénith, mais ici, le lieu nous aide, renforce certaines chansons. Je dois dire qu’on s’y habitue. J’adore, quand j’arrive l’après-midi pour faire les balances, prendre le temps de découvrir des endroits toujours magnifiques. Un Zénith, quand vous arrivez à 16h, vous êtes tout seul ! L’Église, vous avez beau être seul en ce lieu, elle est pleine, chargée d’Histoire et de ceux qui, depuis des siècles, sont venus y chercher l’espoir, le réconfort, consoler leur tristesse ou faire le vide en eux. Tout cela me bouleverse. Cela laisse des traces même si je ne saurais pas vous dire lesquelles. Visiter les églises quand elles sont vides de monde est même devenu une habitude, j’adore cela.

Concert de Laurent Voulzy dans une cathédrale.
©Julien Reynaud/APS-Medias

Vous parlez beaucoup de spiritualité. Cela vous a apporté un autre regard sur l’existence ?

Cela fait longtemps que je me pose des questions sur la brièveté de la vie, la futilité de certaines choses et l’importance qu’en revêtent d’autres. Les lieux de culte, même pour les gens qui ne sont pas croyants, sont propices à cela. Dans une église, vous avez les pieds sur terre et la tête dans le ciel ! Vous êtes presque obligé de vous recueillir.

Dans Désir, désir, vous chantez le désir, le plaisir et les souffrances qui font les souvenirs. Vous regardez dans le rétro ?

On peut tout aimer de la vie et se poser des questions sur le temps qui passe. J’aime les plaisirs, l’amour, les beaux paysages, les belles musiques, les réunions entre amis, les vieilles voitures et le rock ! Le plus important est de ne pas oublier le présent.

D’aucuns diraient que le présent n’appelle pas à l’optimisme !

On ne peut pas s’empêcher de voir les choses négatives, les guerres, l’égoïsme des nations, de certaines puissances industrielles ou politiques. C’est terrible, mais il y a aussi des gens de bonne volonté. On peut se lamenter devant ces situations et aussi avoir l’espoir que les choses s’arrangent. En dehors de la chanson, j’essaie de faire ce que je peux et d’être un allié de mouvements associatifs comme ATD Quart Monde. C’est d’ailleurs pour eux que j’ai composé la chanson « Jésus » qui m’avait été demandée par le fondateur du mouvement. Je suis également parrain d’un orphelinat à Madagascar… j’essaie de me rendre utile à mon niveau, en dehors de la chanson.

Laurent Voulzy marche dans la cour d'une église.
©Yann Orhan

Dans le milieu musical aussi, vous utilisez votre notoriété pour mettre en lumière le talent d’autres chanteurs. Vous avez lancé depuis peu votre propre label musical, Manor.

J’ai créé ce label en 2018 pour y faire venir des artistes qui représentent des choses que j’aime, et pour que l’on aime à la fois ces artistes et le label qui les représente. Pour l’instant, nous sommes deux à bord, moi et une jeune chanteuse, Suzane Grimm, qui nous suit sur la tournée. Elle nous accompagne à la guitare et à la harpe et chante aussi, très bien d’ailleurs. Je l’ai rencontrée en concert, nous sommes restés en lien pendant un an et demi, elle m’envoyait de temps en temps des chansons… A un moment, j’ai dit, banco, on y va !

Pourquoi avoir attendu tout ce temps pour vous lancer dans la production ?

En réalité, ça fait un moment que je voulais le faire. Et puis le temps passe… Mais cette fois, ça y est. Et j’ai d’autres artistes dans le viseur, mais je ne dis pas qui ! J’ai une personne en plus, une chanteuse. J’écoute ce que ces artistes font, et si ça me plaît, je vais tout faire pour travailler avec eux. Je n’ai pas de conseils à leur donner, les gens qui travaillent avec moi ont déjà une vraie valeur, une vraie sensibilité.

Qu’est-ce qui vous séduit dans la scène française actuelle ?

J’ai un problème, souvent j’écoute et je ne retiens pas les noms ! J’apprécie beaucoup quelqu’un comme Louane. Et dans la nouvelle scène, j’aime bien Orelsan. Je l’ai vu aux Francofolies, il a vraiment un truc dans ses textes et sa personnalité. Je viens aussi d’ailleurs de travailler avec le rappeur Disiz sur son prochain album. La maquette est assez mélodique, j’ai adoré l’expérience.

Tournée « Églises & Cathédrales », Laurent Voulzy
Jeudi 15 juin, à 20 h 30
Cathédrale de Saint-Dié-des-Vosges
Tarif : 45 € (complet)
Infos : www.centpourcent-vosges.fr/onsecapte/evenement/laurent-voulzy-tournee-des-eglises-cathedrales

Concert de Laurent Voulzy dans une cathédrale.
©Julien Reynaud/APS-Medias

Un article réalisé en partenariat avec le Magazine Tandem, à consulter : ici

Menu
logo facebook logo instagram logo twitter logo linkedin