Comment Tintin s’est mis à parler le Lorrain
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Depuis quelques semaines, le petit reporter à la houppette peut se targuer de parler une nouvelle langue. Pour la première fois, un album, Les Bijoux de la Castafiore, a été adapté en Patois Lorrain avec la bénédiction de Casterman. Mais, au fait, comment on adapte Tintin dans une langue régionale ?
Comme tout bon baroudeur qui parcourt le monde, Tintin est un parfait polyglotte. Mais saviez-vous que l’intrépide reporter imaginé par Hergé s’exprime également dans une trentaine de langues régionales ? Curieux insatiable, le héros de BD vient d’en rajouter une nouvelle à son CV : le Patois Lorrain Roman. Pour la première fois, un album de Tintin a été traduit en cette langue. C’est le 21ᵉ de la collection, Les Bijoux de la Castafiore a été choisi par la messine Chantal Ticheur qui a été initiée au dialecte par sa grand-mère pendant l’enfance. Elle a traduit l’ouvrage à l’invitation de l’association « Tonnerre de l’Est », regroupement de fans du petit reporter, dont Christophe Bertaux est un éminent membre pour avoir été impliqué dans la traduction de L’Affaire Tournesol en vosgien il y a quelques années. « J’avais l’idée d’un Tintin Mosellan. J’ai prospecté et je me suis rendu compte qu’il n’existait pas en Lorrain Roman de Metz, qu’on a parlé pendant 1 500 ans » récapitule ce tintinophile. Quant au choix de l’album, il est revenu à Chantal Ticheur, qui a jeté son dévolu sur Les Bijoux de la Castafiore, devenu pour l’occasion Lés Pierayes d’lé Castafiore.
Un vaudeville lorrain
La traductrice a fait un choix symbolique, pour rendre hommage à Hergé, l’action se déroulant essentiellement au Château de Moulinsart, dont l’édifice fictif est situé en Belgique, laquelle partage une certaine proximité avec la Lorraine. « C’est aussi l’un des ouvrages les plus traduits en langue régionale » assure, pour sa part, Christophe Bertaux. La raison ? L’unité de lieu et des dialogues qui se prêteraient mieux à la traduction. « Les Bijoux de la Castafiore, c’est un véritable vaudeville. Tout s’enchaîne comme une pièce de théâtre, ce sont des dialogues du quotidien… C’est très agréable à traduire » témoigne Chantal Ticheur. Mais, comment convainc-t-on un éditeur comme Casterman et des ayants droit comme Tintinimaginatio (ex Moulinsart) de mettre son nez dans leur patrimoine ? « Ils ont dit oui tout de suite ! ». À condition de respecter le contrat et un cahier des charges drastique qui stipule de s’en tenir aux dialogues. « Tout ce qui se trouve en dehors des bulles est intouchable ». Et pas question de déformer le moindre phylactère : ils sont tous d’origine. Une gymnastique qui contraint Chantal Ticheur à compter chaque espace. Les répliques des personnages ont été adaptées dans le respect du style Hergé. Les insultes culte du capitaine Haddock, comme le fameux « bachi-bouzouk ! » ont été laissées telles quelles à quelques exceptions près. Comme « Tonnerre de Brest ! » qui devient, facétieusement, « Téneur de Metz ! » en référence au port fluvial de la préfecture de Moselle. Un an a été nécessaire pour aller au bout de ce travail d’adaptation. Trois mille exemplaires ont été tirés. Chacun d’entre eux est numéroté. Avis aux collectionneurs qui voudraient ajouter cette nouvelle aventure linguistique à leur bibliothèque !
Lés Pièrayes d’lé Castafiore
Un album de Hergé,
traduit par Chantal Ticheur, aux éditions Casterman.
13,50 €. Informations et commandes via
tonnerre-de-l-est.e-monsite.com