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La Lorraine fait son cinéma : comment ce territoire est devenu la star des écrans ?

Le 24 février 2023 par Jonathan Blanchet
La Lorraine fait son cinéma : comment ce territoire est devenu star des écrans ?
Les combattantes : Audrey Fleurot, Julie de Bona, Sofia Essaïdi et Camille Lou, Sandrine Bonnaire, Tchéky Karyo, 3 000 figurants, 150 rôles, 1 380 costumes de civils, 130 chevaux et les paysages des Vosges pour toile de fond de cette série sur la vie de quatre femmes pendant la Première Guerre mondiale.
© Caroline Dubois - Quad Drama TF1

Quiconque a déjà arpenté la Lorraine et ses multiples recoins ne s’est-il pas déjà fait la réflexion que cette forêt vosgienne, cette place ou cette basilique nancéienne semblait tout droit sortie d’un film ? Si vous vous posez la question, c’est peut-être bien parce que c’est le cas. Comment se raconte la Lorraine à l’écran ? Quel est donc son pouvoir d’attraction ? Quels sont celles et ceux qui œuvrent pour mettre la région sur le devant de la scène ? Assis.e dans votre canapé ou dans le siège de votre salle de projection de prédilection, suivez le guide…

Ces dernières années, la Lorraine a accueilli de plus en plus de productions audiovisuelles et la tendance n’est pas prête de s’inverser. Il est question de cinéma, bien sûr, mais aussi de séries, genre roi qui fait se multiplier le nombre de tournages dans nos contrées. Un territoire qui dispose, en prime, d’un formidable vivier de talents et d’événements qui font rayonner la région au-delà de ses frontières.

Quand les plus beaux sites des Vosges servent de décor de cinéma. Ici les personnages de Perdrix, de Erwan Le Duc, Swann Arlaud et Maud Wyler, les pieds dans l’eau du Lac des Corbeaux à La Bresse.
Les personnages de Perdrix, de Erwan Le Duc, Swann Arlaud et Maud Wyler, les pieds dans l’eau du Lac des Corbeaux. ©Pyramide Film

Quand elle est revenue en Lorraine pour tourner son troisième long-métrage (Main dans la Main), la spinalienne Valérie Donzelli a confié avoir voulu faire découvrir au public une région chère à sa mère.

Pour mettre en scène son premier long-métrage, Perdrix, les Vosges se sont imposées à Erwan Le Duc. Le film a été intégralement tourné dans le département, à Épinal, La Bresse, Gérardmer, mais surtout à Plombières-les-Bains, dont la géographie a, elle aussi, marqué le réalisateur depuis l’enfance.

À l’écran, notre région ne revêtirait-elle pas avant tout un doux parfum de nostalgie ? Le retour au souvenir et au territoire traverse d’ailleurs Connemara, le dernier roman du vosgien Nicolas Mathieu qui marque les retrouvailles entre deux adultes quarantenaires passés l’un à côté de l’autre pendant leur adolescence. Comme l’ensemble de l’œuvre de l’auteur, le roman se déroule dans les Vosges. Et il sera bientôt adapté au cinéma et tourné in situ.

Emmanuel Georges, comme Valérie Donzelli ou Erwan Le Duc sont les premiers ambassadeurs d’une région qui s’affirme très cinématographique et dont les productions sont de plus en plus nombreuses à s’approprier des paysages et des cadres atypiques…

Audrey Fleurot dans la forêt de Senones, pour le tournage de la mini-série télévisée historique franco-belge Les Combattantes.
Tournage du film Les Combattantes, d’Alexandre Laurent, dans les Vosges. © JEAN-PHILIPPE BALTEL / QUAD DRAMA TF1

Exactement ce que recherchait l’équipe de la série Les Combattantes, qui fait se croiser les destins de quatre femmes (jouées par Audrey Fleurot, Julie de Bona, Camille Lou et Sofia Essaïdi) catapultées au cœur du premier conflit mondial.

« Nous ne voulions pas reproduire l’image persistante de la Première Guerre mondiale avec les tranchées, la boue… d’autant que notre histoire se déroule pendant la guerre de mouvement » témoigne Marc Brégain, producteur exécutif de la série chez Quad Drama. « Notre chef décorateur a émis l’idée de déplacer l’action dans la forêt, dans des terres aux reliefs plutôt vallonnés. Les Vosges se sont imposées d’elles-mêmes ».

Fin 2020, l’équipe prend son billet pour le Grand Est et se lance dans les repérages. Tous les extérieurs de Saint-Paulin, village fictif créé pour l’occasion, seront tournés à Plombières-les-Bains. Les séquences en forêt le seront à Senones. À La Vôge-les-Bains, c’est la Manufacture Royale qui prêtera ses traits à l’usine Dewitt, dirigée par le personnage de Sofia Essaïdi, obligée d’endosser le rôle de patron hier tenu par son mari parti au front.

Si tous les intérieurs ont été réalisés en région Hauts-de-France, Les Combattantes a majoritairement été tournée dans le 88. « Nous avons pris contact avec le bureau d’accueil des tournages Grand Est qui nous a prêté main forte pour les repérages. En arrivant dans la région, on a tout de suite pu avoir l’appui des techniciens présents, des fournisseurs… Le projet offrait une belle visibilité au territoire et a été extrêmement bien reçu. Même si la série a été partiellement tournée dans d’autres régions, les seuls paysages que l’on reconnaît à l’écran sont ceux des Vosges » se souvient Emilie Journault, coordinatrice de production.

L’intégralité des scènes extérieures de la mini-série télévisée historique franco-belge Les Combattantes, ont été tournées dans les Vosges avec la complicité du bureau d’accueil des tournages Grand Est. Ici la forêt de Senones.
Le tournage de la série Les Combattantes, ici à Senones, réalisée par Alexandre Laurent © JEAN-PHILIPPE BALTEL / QUAD DRAMA TF1

Le feuilleton n’est pas une anomalie dans le paysage vosgien, qui voit passer de plus en plus de tournages de séries. « Plus encore que les longs-métrages, ce sont les séries qui font que le territoire est mis en avant ces derniers temps » confirme Emmanuel Georges, qui prépare d’ailleurs sa toute première incursion dans le format. Une comédie en 6 x 26 minutes, signée Rudy Milstein et baptisée Les Flics, qui sera tournée tout ou partie dans la région, évidemment.

Histoire que le soufflet ne retombe pas après l’engouement provoqué par des tournages feuilletonnants qui se sont enchaînés, de Zone Blanche aux Combattantes, en passant par César Wagner, dont la société de production parisienne, Incognita, co-produira d’ailleurs Connemara, le premier film de cinéma de Supermouche.

Les Vosges sont peut-être même le territoire du Grand Est qui fait la percée la plus fulgurante à l’écran depuis quelques années. « Nous sommes très heureux que les collectivités se soient emparées du sujet et se disent aujourd’hui qu’il y a un coup à jouer » reconnaît le cofondateur de Supermouche.

Des productions que les collectivités n’hésitent pas à soutenir financièrement, avec la promesse de belles retombées derrière. Une série comme Les Combattantes, qui a bénéficié des soutiens de la Région du Département et de la Communauté d’agglomération d’Épinal, a généré directement 2 M€ réinjectés dans l’économie locale.

« Nous sommes convaincus du potentiel du territoire depuis très longtemps. Je pense que nous avons fait notre part du boulot pour convaincre » mesure E. Georges. « On ne peut qu’être heureux des cartons d’audience sur ces séries ». Lesquelles dépassent même parfois nos frontières hexagonales.

Mi-janvier, Les Combattantes entrait ainsi dans le top 3 des séries les plus visionnées aux États-Unis grâce à Netflix, où la série de TF1 connaît une seconde vie. Acheté dans 58 pays, le programme est même devenu, entre le 19 et le 22 janvier, la deuxième série non anglophone la plus vue mondialement sur la plateforme ! De quoi donner des idées de voyage à des productions étrangères ?

Affiche du film d’Alex Lutz, La vengeance au triple galop, qui a été produit par Supermouche Productions, à Épinal. Il reçu le prix de la Meilleure comédie au Festival de la Fiction de la Rochelle en 2021.

La Vengeance au Triple Galop, par Supermouche Productions

Un coup de poker réalisé par Emmanuel Georges, qui a cofondé Supermouche Productions à Épinal avec son épouse en 2001. Il a sauté récemment dans le grand bain de la fiction et du long-métrage en produisant pour Canal+ La Vengeance au Triple Galop, hommage aux soap opera des années 80 avec Alex Lutz.

Finalement, le projet ne s’est pas tourné dans le coin. Mais c’est lors de cette rencontre avec le comédien qu’est né le désir commun d’adapter un roman de Nicolas Mathieu, Prix Goncourt 2018 avec Leurs enfants après eux. Malheureusement, à l’époque, le Goncourt avait déjà été préempté par une autre société de production (le projet est toujours en chantier).

Mais par un petit miracle, Supermouche a pu poser une option sur le livre suivant de l’auteur en cours d’écriture à l’époque. « Nicolas Mathieu adore Alex Lutz et voulait vraiment travailler avec lui. Il nous a fait confiance et nous a envoyé le roman. Nous sommes tombés amoureux de l’histoire et nous avons remporté la bataille des droits ».

Ce roman, c’est donc Connemara, qui sera aussi le premier long-métrage destiné au cinéma de l’histoire de Supermouche. Une première version du scénario est espérée en mars, et l’équipe devrait profiter du mois de mai et de la tenue du prochain Festival de Cannes pour faire ses premières annonces de casting. Quant aux premiers tours de manivelle, ils sont attendus début 2024. Cerise sur le gâteau, Connemara sera tourné intégralement dans les Vosges.

Le film d’Alex Lutz, La vengeance au triple galop, a été produit par Supermouche, à Épinal. Il reçu le prix de la Meilleure comédie au Festival de la Fiction de la Rochelle en 202

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