Cinéma : Saint Laurent de Bertrand Bonello
Film français de Bertrand Bonello avec Gaspard Ulliel, Jérémie Renier, Léa Seydoux… 2h30
Sortie le 24 septembre
Yves Saint Laurent n’est pas mort. C’est sur ce pied de nez que se referme le film de Bertrand Bonello, dans un dernier plan clin d’oeil et fantasmagorique où Gaspard Ulliel, qui campe le célèbre couturier, affiche un sourire entendu, alors que des journalistes cherchent la titraille de l’édition qui annoncera sa disparition.
L’icône de la mode a attiré la convoitise de deux productions presque coup sur coup (le film de Jalil Lespert avec Pierre Niney dans le rôle-titre n’a que quelques mois). De son côté, Bonello choisit de jouer, du début à la fin de son film, des contradictions du personnage qu’il s’applique à mettre en scène.
À la limite du mythe
Le réalisateur de l’Apollonide brouille les pistes, croise les facettes d’une personnalité hors-norme, joue en permanence avec passé et présent, bruits de couloirs et réalité, s’amuse avec l’image du couturier, mythe, fantasme ou âme esseulée.
Ce n’est pas tant la vie de l’homme dans ses grandes dates qui intéresse le cinéaste, qui détourne les codes d’un biopic classique et renverse la chronologie pour forger l’image d’un YSL insaisissable, par petites touches, elliptiques, qui dessinent les contours passionnants d’un personnage à la limite du mythe.
Long sur la fin ?
Le réalisateur travaille sa psychologie dans de longs plans à l’esthétique envoûtante, voire planante quand viennent s’y mêler les lumières de la nuit et les visions d’un modèle bigger than life.
A force d’insistance pour renforcer ses procédés stylistiques, le film s’étire peut-être un peu trop sur la fin, passe sans doute trop rapidement sur certains traits de caractère (comme lorsqu’il vire une collaboratrice au détour d’un déjeuner décisif alors qu’il vient de lui prêter de l’argent), mais le tableau final en a à revendre.
La bande-annonce :
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