Cinéma : Blue Ruin de Jeremy Saulnier

Avec Macon Blair, Devin Ratray, Amy Hargreaves, Kevin Kolack… 1h32.
Sortie le 9 juillet.
Le cinéma américain se montre une fois de plus prolifique quand il s’agit de dépeindre une Amérique white trash sans concessions. Ces dernières années, ils sont nombreux à y avoir posé leur regard : Jeff Nichols avec Shotgun Stories et Mud, le Killer Joe de William Friedkin et le récent Joe avec Nicolas Cage. Blue Ruin s’inscrit dans la même veine. Aride, violent et qui fait parler le sang et la poudre pour panser les blessures de ses personnages. Ici, un vagabond solitaire, hagard et taiseux, qui ne prononce pas un mot pendant les vingt-cinq premières minutes du film. Guidé par un instinct de vengeance, Dwight Evans va frapper le premier quand un meurtrier, avec qui il a visiblement un lourd passif, sort de prison. Un geste libérateur qui sera de courte durée et va déclencher une spirale de violence.
Pourquoi ? Comment en est-il arrivé là ? Le film adopte délibérément une narration fragmentaire qui dévoile peu à peu ses mystères que l’on se gardera bien de révéler ici. Photographie d’une Amérique rurale peuplée de rednecks armés de fusils et d’arbalètes, il y est question de guerres claniques et de sales histoires de familles. L’issue du film peut sembler attendue mais le chemin pour y parvenir est loin de l’être. Surtout parce que son héros, singulier et étourdi, n’a pas pensé aux conséquences de ses actes. Tout ça donne une expédition punitive aux envolées improbables, écrite sans fioritures et réalisée avec autant de sincérité par Jeremy Saulnier, qui a déjà reçu pour ce film une pluie de récompenses, de Sundance à Cannes. Captivant de bout en bout, jusqu’à la scène finale qui prend de la hauteur et observe les stigmates de cette vendetta désespérée. Intense.
La bande-annonce:
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