Cannes 2015 : et si on allait vers une Palme tricolore ?

Le ” plus grand festival du Monde “, titre que le sélectionneur Thierry Frémaux rappelait sans l’usurper, s’ouvre ce mercredi 13 mai.
Le Festival des plus ? Plus de nouveaux auteurs (le reproche étant souvent fait à Cannes de faire appel aux mêmes cinéastes), de foisonnantes sections parallèles (Cannes en compte au moins trois qui ne manquent généralement pas de belles propositions, hors de la compétition) et plus de… films français. La sélection bat un nouveau record avec pas moins de cinq films sous pavillon tricolore en compétition.
On ne présente plus Jacques Audiard (on se souvient encore de la projection d’Un Prophète en 2009) qui prend à nouveau le pari de se renouveler avec Dheepan, du nom de son héros, immigré sri-lankais hanté par son passé. Autre entrée hexagonale, Valley of Love raconte l’expérience vécue par un couple (incarné par Isabelle Huppert et Gérard Depardieu, qui gardent leurs prénoms dans le film) qui reçoit une lettre envoyée par leur fils, décédé six mois auparavant. Troublant et signé Guillaume Nicloux. Stéphane Brizé est également de la fête avec La loi du Marché (voir ci-contre).
Donzelli sur les traces de Truffaut
Pour la première fois aussi, deux réalisatrices françaises se disputent la compétition : Maïwenn, d’abord, qui revient en sélection officielle pour la seconde fois après Polisse et qui avait remporté le Prix du Jury en 2011. Avec Mon roi, elle filme une histoire d’amour entre deux opposés.
Mais c’est la spinalienne Valérie Donzelli qui, avec Marguerite et Julien, fait une entrée remarquée dans la compétition qu’elle appréhende pour la première fois, avec au bout de la quinzaine, peut-être, une belle récompense. En 2012, la cinéaste avait ému la Croisette avec La guerre est déclarée, récit semi-autobiographique et cathartique où elle racontait le combat de son fils contre la maladie. Son quatrième long a sur le papier l’excitation des grands projets et le poids d’un héritage : celui de François Truffaut.
Écrit pour le réalisateur des 400 coups par le scénariste de Jules et Jim, Marguerite et Julien attendait d’être adapté depuis quarante-deux ans. Longue attente peut-être due à son sujet sulfureux : la liaison dévorante et incestueuse entre Julien et Marguerite de Ravalet. Véritable passion survenue au XVIIe siècle, mais adaptée à la sauce Donzelli, qui a confié les rôles-titres à Anaïs Demoustier et Jérémie Elkaïm. Intriguant tellement qu’on en oublierait presque le reste : Kore-Eda, Gus Van Sant, Moretti, Denis Villeneuve (Prisoners)… Une année ” plus ” on vous dit.
Le Festival de Cannes se déroule du 13 au 24 mai 2015