100 % livres : les Coups de cœur de la Librairie Le Neuf à Saint-dié-des-Vosges

ROMANS

EMMANUEL RUBEN/ Malville

Éditions Stock – août 2024 – 265 pages – 20,90 €

2036, la France est gouvernée par l’extrême droite, Samuel vit reclus dans sa cave, depuis l’explosion de la centrale nucléaire de Malville, là où il vivait enfant, « le nombril du monde », là où son père travaillait. Nous sommes dans les années 80, la centrale cristallise les tensions familiales, les luttes politiques sont en haut de l’affiche (Larzac, Creys Malville, Fessenheim…). Samuel se lie d’amitié avec Thomas, un garçon un brin sauvage, et Astrid une jeune fille révoltée qui attise le désir. Roman d’apprentissage et d’anticipation, Malville explore cette France périurbaine, ainsi que les conséquences sanitaires et environnementales de nos « choix » énergétiques qui bouleversent irrémédiablement notre rapport au monde, à la terre et au vivant. Emmanuel Ruben, géographe rejoint Eric Fottorino, Mohican, et Serge Joncourt, Nature humaine, dans cette approche environnementale ancrée dans le roman contemporain. Ce livre est salutaire et remet en cause certaines idées reçues.

Coup de cœur d’Olivier

PRUNE ANTOINE / La mère diabolique

Éditions Denoël – sept. 2024
260 pages – 20€

Récit poignant, percutant et courageux sur une jeune femme, mère de six enfants, qui en tue cinq, pendant le Covid. Elle sera condamnée à perpétuité. On peut se dire que tout aurait pu être différent, sans son mari, à côté de la plaque, sans son père… Cette jeune femme est passée à côté de sa vie. Prune Antoine, a repris l’enquête minutieusement, a rencontré Christiane K. en prison, a relu les pièces du dossier, sans accabler, essaye de comprendre sans blâmer… La jeune journaliste – auteure il y a quelques années d’un roman étincelant L’heure d’été va droit au cœur – le fait de manière élégante, car elle se sent concernée par son propre rôle de mère et s’interroge sur sa propre maternité. Elle nous interroge tous sur notre condition humaine, sur le regard que l’on peut porter sur les femmes, les mères, les pères aussi. Difficile d’en dire plus, mais il faut le lire.

Coup de cœur d’Olivier

GWEN GUILYN / La maison biscornue

Éditions du Panseur – oct. 2024

200 pages – 19 €

Pour la première fois, un livre réveille en moi des trucs pas clairs, pas digérés, et c’est vraiment compliqué à gérer, à expliquer : le bouquin me fait vraiment peur. Non par sa dimension fantastique, gothique, abstraite, peut-être un peu par sa langue singulière, oppressante et étouffante, certainement par son réalisme terrifiant, sa façon de dire l’humain, de dire mes peurs… Le bouquin me touille ! Et plus que tout, la peur de ne jamais trouver quelqu’un que ce roman toucherait autant moi, la sensation d’être terriblement seul, la sensation d’être aplati… L’idée que ce livre puisse ne pas toucher tout le monde me rend très malheureux…

Coup de cœur de Martin

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