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Comment internet fait douter notre cerveau

Le 10 janvier 2016 par Bruno Veillon

La tentation est facile : quand on ne sait plus quelque chose, on sort smartphone ou tablette pour interroger un moteur de recherche, plutôt que de fouiller dans sa mémoire. Au point que nous serions moins sûrs de nos connaissances.

Au Canada, on aime bien le caribou et le sirop d’érable. Ça c’est pour le cliché. Dans la réalité, les scientifiques de la Belle Province se penchent sur le fonctionnement de notre cerveau non sans circonspection. 

Dans leur ligne de mire, l’impact d’internet sur la paresse intellectuelle. Si vous vous promenez avec un smartphone ou une tablette, vous aurez vite remarqué combien nous les utilisons pour rechercher la moindre information qui nous manque. 

Il est mort quand François Mitterand ? Il a joué dans quelle équipe Michael Jordan ? Des réponses que nous serions habituellement allés puiser au fin fond de nos méninges, mais c’est devenu tellement plus simple de demander à Wikipedia ou Google. 

C’est à partir de ce constat que nos braves chercheurs de l’université canadienne de Waterloo (ça ne s’invente pas !) ont soumis un groupe de 96 personnes à la torture… de la culture générale.

Installés chacun derrière une petite table, les participants avaient accès à internet pendant la première série de questions, et on leur demandait de faire une recherche pour toutes les réponses qu’ils affirmaient ne pas connaître. Ensuite, une nouvelle série de questions leur a été proposée, mais ils n’avaient plus accès à internet.

Les résultats ont montré que lorsque les participants à l’étude avaient accès à Internet, ils étaient 5 % plus susceptibles de dire qu’ils ne connaissaient pas la réponse. Dans certains cas ils déclaraient même avoir eu l’impression qu’ils en savaient moins que les participants qui étaient en train de répondre aux questions sans accès à internet !

“Moins prompts à nous fier à nos propres connaissances”

Les chercheurs émettent donc l’hypothèse que les participants qui avaient accès à internet n’osaient peut-être pas déclarer connaître la réponse par peur d’avoir tort. Sacrée influence de la toile sur nos petits cerveaux ! En fait, il s’agit tout simplement d’un très vieux principe psychologique  : suivre le chemin le plus court et le plus sûr.

C’est plus court et plus sûr de se connecter pour obtenir une information fiable, que de faire confiance à nos neurones. Le professeur Evan F. Risko, auteur principal de l’étude, a commenté ces résultats en affirmant qu’ ” Internet étant partout, nous sommes connectés en permanence à d’énormes quantités d’informations. Lorsque ces données sont à leur portée, les gens semblent moins prompts à se fier à leurs propres connaissances. “

Sans compter que partir à la recherche d’une information est un comportement gratifiant, satisfaisant la curiosité. En clair, moins nous croyons en savoir, plus nous sommes enclins à partir nous informer. Tant mieux, c’est que du bonheur pour nos connaissances ! 

Encore faut-il réapprendre à faire confiance à notre capacité à stocker des informations dans notre mémoire, à reprendre goût dans la capacité de notre intelligence pour en profiter pleinement. Bref, à accepter de faire des erreurs, à avoir un cerveau moins fiable que des données en ligne, mais beaucoup plus puissant.

La prochaine fois, quand on ne sait pas quelque chose, plutôt que de se jeter sur le web, on peut chercher dans nos souvenirs, interroger les gens autour de soi et laisser son smartphone dans le sac. Ça sera plus bénéfique. 

Et comme cela, on se souviendra que le Canada ce n’est pas seulement le pays du sirop d’érable et des caribous, mais aussi qu’il forme une nation depuis le 1er juillet 1867 et que son nouveau premier ministre se nomme Justin Trudeau !

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