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Notre-Dame de Paris : le Spinalien Jacques Grasser apporte son expertise sur le succès de la reconstruction

Le 17 avril 2023 par Jordane Rommevaux
Notre-Dame de Paris : le Spinalien Jacques Grasser apporte son expertise sur le succès de la reconstruction
L'historien spinalien Jacques Grasser à Épinal.

Il y a quatre ans, la cathédrale Notre-Dame de Paris, alors en travaux de restauration, s’était embrasée. La flèche, la totalité de la toiture couvrant la nef, le chœur et le transept, se sont effondrés le 15 avril 2019 suscitant une émotion et une stupeur planétaire. Un élan de générosité s’était alors organisé pour mettre en place sa reconstruction. Le 15 avril 2023, à l’occasion du quatrième anniversaire de l’incendie, jour pour jour, la reconstruction aborde son chapitre final avec l’installation du “tabouret”, un socle de 80 tonnes qui supportera la nouvelle flèche. L’occasion de rencontrer l’historien et maître de conférence spinalien, Jacques Grasser, membre de la commission nationale du patrimoine et de l’architecture, depuis 10 ans.

L'incendie ravageait Notre-Dame de Paris.
L’incendie ravageait Notre-Dame de Paris le 15 avril 2019.

Jacques Grasser, vous faites partie de la commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA) qui est en charge de la reconstruction de Notre-Dame de Paris. 4 ans après l’incendie, pouvez-vous nous dire où en est cette reconstruction ?

Lorsque la cathédrale Notre-Dame a brulé, nous avons été saisis par le ministère de la Culture et le président de la République, pour énumérer les dégâts et décider des travaux à faire pour la reconstruction, suite aux rapports des architectes en chefs, qui sont au nombre de trois. Notre commission a recommandé de reconstituer la charpenter et la flèche telles qu’elles l’étaient à l’origine, par de Viollet-le-Duc. Nous avons écarté d’emblée les charpentes en béton ou en fer car nous savons comment évolue le bois sur la durée. L’autre raison de choisir le bois comme matériau principal était de pérenniser les métiers de compagnon, qui ne travaillent pas le métal ou le béton.

Ce sont les Compagnons du tour de France qui ont été sollicités pour la reconstruction ?

Évidemment, nous voulons profiter du savoir-faire de nos compagnons français. C’est une chance pour eux d’offrir une belle visibilité à leur travail et à leur talent.

Il n’y a pas eu que des travaux de toiture et de la flèche…

Non, bien sûr, tout l’extérieur de la cathédrale est nettoyé, ainsi que les vitraux et le grand orgue, qui n’ont pas été touchés par l’incendie mais ont subi des détériorations à cause de la poussière ou de l’eau. L’orgue a notamment été complètement démonté et a été restauré. Trois entreprises se sont occupées de remonter l’orgue, qui compte 8 000 tuyaux, tout de même. Les extérieurs dépendant de la ville de Paris, notre commission est là pour évaluer que les travaux ne mettent pas en péril le titre « monument historique ».

L'intérieur de Notre-Dame de Paris.
L’intérieur de Notre-Dame de Paris. ©Elysée.fr

Quid de l’ameublement de la cathédrale ?

Une des dernières réunions que nous ferons est celle prévue le 13 juillet prochain. Elle décidera justement de l’ameublement dans l’église : les chaises, les bancs… Ce projet sera validé avec mise en place et choix des tableau, ou encore de l’éclairage.

Samedi dernier, c’était le quatrième anniversaire de l’incendie. A cette occasion, le « tabouret » de la flèche a été installé. Une mise en place spectaculaire qui signe le début du dernier chapitre de la reconstruction ?

Oui, un travail spectaculaire puisque le « tabouret » de la flèche pèse 80 tonnes et il aura pour rôle de soutenir l’ensemble de la pièce de 90 m de haut.

Une flèche qui a été reconstruite avec de bois essentiellement vosgien ?

Oui grâce à des chênes de la forêt de Rambervillers, donnés pour sa reconstruction, à l’identique de ce qu’elle était, en bois de chêne avec protection en plomb. En revanche, je tiens à rectifier ce que nous pouvons lire ou entendre par moment : la charpente de Notre-Dame ne contribue pas à la déforestation des forêts françaises. Sa reconstruction équivaut à moins de 1 % de notre espace forestier français. C’est moitié moins que la reconstruction de l’Hermione, la frégate de La Fayette, qui a été reproduite entièrement en chêne.

Le chêne vosgien utilisé pour la reconstruction de la flèche de Notre-Dame.
Le chêne vosgien utilisé pour la reconstruction de la flèche de Notre-Dame. ©Prefecture des Vosges

Avez-vous eu des surprises pendant les travaux ?

Oui, cette affaire a permis des découvertes archéologiques inédites telles qu’un sarcophage en plomb. Des pièces de l’ancien jubé et colorés qui avaient été démontée en enterrées au XIXe. Personne ne savait qu’elles étaient là. Aussi, le nettoyage des vitraux et des murs ont permis de restaurer des richesses cachées par la crasse. A la suite de l’incendie, nous avons relevé des fragments de pierres qui ont été endommagées et qui nous ont permis de comprendre que les techniques de construction avaient été faites de façon différente aux techniques modernes. Nous avons découvert les dates de construction des différentes parties de la Cathédrale : la nef a été construite au début du XXIIe siècle et le transept vers la fin du XIXe siècle. Avec ces découvertes, nous avons pu reconstituer la charpente totalement, à l’identique de celle construire au Moyen-Âge. A l’époque, on ne faisait pas sécher le bois, il était installé vert, alors qu’aujourd’hui on attend qu’il soit sec.

Quand est prévue la fin de la restauration ?

Normalement, après les Jeux Olympiques, en décembre 2024. Cependant, tous les travaux ne seront pas terminés. C’est l’intérieur qui sera rendu au culte.

Quelle est la facture environ ? Il y aura tout de même d’autres travaux en 2024 notamment l’aménagement et l’extérieur ?

Les dons divers s’élevaient à 800 millions et ils ont tous été honorés. Financièrement, l’état est à l’aise car le montant est largement dans le budget consacré à la reconstruction. D’autant que les aménagements extérieurs et intérieurs n’entrent pas dans ce budget. C’est l’église qui s’occupe de l’intérieur et la ville de Paris pour tous les aménagements extérieurs. Pour prévenir tout incendie, nous avons amélioré l’accessibilité pour la sécurité. Il a été repensé une façon de prévenir un feu avec de l’eau mais qui n’abîmerait pas, ou moins, le bâti. Il a été adopté de mettre en place un système de nuage d’eau en diffusion, avec un rideau de gouttelettes d’eau, qui n’utilise pas beaucoup d’eau. Des cloisons anti-feu seront également installés dans la charpente. Ce sont des aménagements qui profiteront également aux prochainement rénovation de Basilique, comme celle d’Épinal, par exemple, qui débutera en fin d’année 2023.

Pose du "tabouret" qui supportera la nouvelle flèche sur le toit de Notre-Dame.
Tout est prêt pour la pose du “tabouret” qui supportera la nouvelle flèche sur le toit de Notre-Dame. ©Elysée.fr
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