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Épuisement de la nappe GTI secteur sud-ouest : la mise au point des autorités

Le 13 juillet 2018 par Clément Thiriau

C’est l’un des sujets du moment dans les Vosges : la situation de la nappe des grès du Trias Inférieur (nappe GTI) qui est une des principales ressources en eau de la région, présente sur la partie Ouest des Vosges.

Des baisses importantes des niveaux d’eau de cette nappe, notamment dans le bassin de Vittel-Bulgnéville-Martigny-Les-Bains, ont entraîné des mesures spécifiques et progressives.

Pierre Ory, préfet des Vosges, François Vannson, président du Conseil départemental des Vosges et Régine Bégel, présidente de la Commission Locale de l’Eau (CLE) ont tenu une conférence de presse ce vendredi pour mettre certaines choses au point.

Interview sonore du préfet Pierre ORY :

LE COMMUNIQUÉ DE PRESSE :

Mais d’abord, comment fonctionne cette nappe ?

Sur le territoire concerné, la nappe des GTI est captive et profonde et elle est compartimentée par deux failles principales. Ceci entraîne qu’elle est finalement coupée en trois secteurs : Nord, Sud-Ouest, Sud-Est.

Les trois secteurs de la nappe présentent des contextes géologiques différents qui expliquent que la ressource est plus abondante sur le secteur Sud-Est (Ville-Sur-Illon, Escles, Valfroicourt) que sur le secteur Sud-Ouest (Vittel, Bulgnéville, Martigny-Les-Bains).

Ainsi, le secteur Sud-Ouest connaît un déficit pour deux raisons :

  • Premièrement, sa capacité d’alimentation est naturellement faible : l’endroit où l’eau de pluie peut s’infiltrer (qu’on appelle les affleurements) est à contre pendage c’est-à-dire que l’eau s’écoule vers le Sud (vers la Saône), à l’opposé de Vittel-Bulgnéville-Martigny-Les-Bains.
  • Deuxièmement, il y a une forte concentration de forages. Les principaux usages de l’eau sont pour moitié domestiques et pour moitié industriels (Nestlé Waters, Ermitage).

Au global, la recharge sur le secteur Sud-Ouest s’élève à environ 2 millions de m3/an pour des prélèvements d’environ 3 millions m3/an, soit un déficit de 1 million de m3/an.

En revanche, le secteur Sud-Est présente, entre autres, deux éléments hydrogéologiques qui démontrent que la ressource est plus abondante :

  • L’épaisseur de la nappe est plus importante : elle est de 130 à 140 mètres en moyenne (contre 60 à 100 mètres pour le secteur Sud-Ouest).
  • La capacité d’alimentation est favorable à la recharge de la nappe : les rivières Madon et Illon s’écoulent dans la même direction que l’eau souterraine, donc l’eau de pluie recharge plus facilement la nappe.

La recharge estimée pour le secteur Sud-Est est de 7 millions de m3/an alors que les prélèvements sont en moyenne de 500 000 m3/an. La balance est donc notablement excédentaire.

Un outil pour répondre au déficit, le SAGE GTI (schéma d’aménagement et de gestion des eaux de la nappe des grès du Trias inférieur)

Les premiers travaux commandés par la Commission Locale de l’Eau (CLE), chargée de piloter le SAGE, ont été de réaliser un état des lieux avec l’appui technique du BRGM.

De ces études, menées de 2011 à 2014, de nombreuses données ont été analysées. Elles ont permis d’améliorer les connaissances sur le fonctionnement de la nappe, en particulier lié aux trois secteurs détaillés ci-dessus.

Elles ont aussi conclu que pour combler le déficit de la nappe, des mesures d’économies d’eau devaient être envisagées, mais qu’en revanche, elles ne suffiraient pas. Il a donc été proposé de mettre également en place des mesures de substitution.

Afin de savoir quelles mesures de substitution mettre en place, la CLE a commandé une étude de schéma directeur des ressources en eau sur le secteur du SAGE, menée de 2016 à 2018. Quatre scénarios ont été élaborés suite à une réflexion en plusieurs étapes où les solutions les moins optimales ont été écartées.

Les quatre scénarios finaux répondent tous au même objectif d’apport d’un volume d’eau de 0,5 à 1 million de m3/an complémentaire sur le secteur Sud-Ouest du SAGE GTI. Les quatre scénarios sont évolutifs et proposent des apports d’eau saisonniers afin de minimiser l’impact des prélèvements sur les ressources complémentaires lors des périodes de basses eaux.

Les décisions de la CLE du 3 juillet 2018 et les étapes à venir

Il est à noter que la CLE est d’abord une instance démocratique. Elle ne peut pas imposer ; elle fixe les objectifs, les grandes orientations et les principes directeurs du SAGE. Lors de la séance du 3 juillet 2018, quatre principes ont été proposés :

1/ Atteindre et maintenir l’équilibre de la nappe des GTI en 2021 et reconstituer, à terme, le niveau patrimonial de cette nappe.

2/ Optimiser tous les usages par des mesures d’économies d’eau.

3/ Viser à satisfaire tous les usages en mobilisant des ressources complémentaires sans détériorer ces ressources et les milieux associés. La CLE retient deux ressources d’eau identifiées dans les quatre scénarios proposés, qui sont :

  • La nappe des GTI du secteur Sud-Est
  • Les captages existants de la nappe des calcaires du Dogger.

Les travaux potentiels mobiliseront ainsi en premier lieu la nappe des GTI du secteur Sud-Est en raison de sa faible vulnérabilité, de sa faible variabilité en termes de qualité et de sa productivité, sans préjudice des ressources actuellement exploitées. Un complément pourrait ensuite être apporté par les captages existants de la nappe des calcaires du Dogger.

Ce sera au futur maître d’ouvrage des travaux de choisir la solution la plus adaptée.

4/ Partager les coûts induits par les opérations de substitution de ressource de manière équitable. Nestlé apportera son concours à la solution technique qui sera retenue par le futur maître d’ouvrage et s’engage à prendre en charge le surcoût pour les usagers.

Les quatre principes ont été votés à une large majorité des 42 membres présents ou représentés (sur 46) de la CLE. Les deux 1er principes ont même été votés à l’unanimité.

Maintenant, la CLE va saisir, via le Département, la Commission Nationale du Débat Public en lui demandant de mandater un garant afin de mener la concertation publique préalable. L’enquête publique sur le SAGE interviendra ensuite, après la concertation publique et la rédaction du SAGE.

L’enjeu fondamental à venir va être d’accompagner l’émergence de la maîtrise d’ouvrage de la Communauté de communes Terre d’Eau pour la mise en œuvre des scénarios de substitution.

Aujourd’hui, l’objectif collectif est de permettre de rééquilibrer la nappe, tout en pérennisant l’alimentation en eau potable des populations et en maintenant l’activité économique du territoire. Notre regard doit maintenant se tourner vers l’avenir pour le bien du territoire et des générations futures.

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