Biodiversité : Le rôle du Conseil départemental des Vosges expliqué par Jerémy Muller, Chargé de mission milieux naturels et aquatiques
Jerémy Muller, Chargé de mission milieux naturels et aquatiques, à la direction des Collectivités et de la Transition Écologique du Conseil départemental, nous explique en quoi la préservation des espaces naturels sensibles (ENS) et la biodiversité ordinaire sont liées et font l’objet d’une nouvelle stratégie, inscrite dans une démarche globale.
Quel est le rôle du Conseil départemental en matière de préservation de la biodiversité ?
La politique de la préservation des espaces naturels sensibles (ENS) est une compétence réglementaire attribuée aux Départements qui disposent de deux outils : la maîtrise foncière qui, permet de mettre en place un droit de préemption et la taxe d’aménagement pour financer ces opérations. En ce qui concerne le Conseil départemental des Vosges, cette compétence a été initiée en 1995 avec un premier inventaire. Un second, portant sur les ENS dont nous n’avions plus d’informations, vient de s’achever.
Il permettra d’identifier l’état de ceux qui perdurent et ceux qui ont disparu.
Contrairement à d’autres départements, le droit de préemption n’a jamais été mis en place dans les Vosges. Ici, la volonté est de travailler avec les communes et les communautés de communes afin de créer un portage local. Il est en effet beaucoup plus logique qu’une commune protège un ENS présent sur son territoire, car il concerne l’environnement proche des habitants. Pour les sites où il y a un réel enjeu et pour lesquels nous n’avons pas de porteur de projet, le Conservatoire des espaces naturels de Lorraine peut se porter acquéreur.
Pourquoi, sur ces 107 sites, seuls 30 sont ouverts au public ?
Ce sont les sites moins fragiles où l’on peut faire des démonstrations de travaux de restauration ou qui font office de laboratoire pour différentes structures dans le cadre du changement climatique.
Justement, quel est l’impact du changement climatique ?
Jusqu’à présent, nous avions tendance à procéder à des actions de préservation et de valorisation ponctuelles. Or l’étude que nous avons réalisée a mis en évidence une grande hétérogénéité de ces sites. Aujourd’hui, nous avons besoin de prendre du recul afin d’envisager toutes nos actions à l’échelle du département et de nous appuyer sur une stratégie qui mobilise l’ensemble des moyens.
La Stratégie Vosges Biodiversité 2024-2028 mobilise plusieurs directions et services dont les actions peuvent avoir un impact sur la biodiversité : routes, habitat, éducation à l’environnement…
Depuis janvier, on a vu une émulation se mettre en place, chacun pouvant être amené à piloter des actions spécifiques en lien avec son activité et bénéficier de nos conseils et connaissances. Cela nous permet de nous recentrer sur les actions de préservation et de les envisager sur des termes plus longs.
Concrètement, que va permettre cette stratégie ?
L’idée, comme l’exprime notre Vice-président, Benoît Jourdain, est de « valoriser moins pour valoriser mieux ». D’opter pour une valorisation réfléchie et ciblée selon une hiérarchisation des sites, et non plus de manière parcellaire, et de réaliser des partenariats sur la durée. Par exemple, de nombreux sites étant situés en
forêt publique, n’est-il pas préférable, au lieu de démarcher chaque propriétaire, de s’appuyer sur le gestionnaire commun qui est l’Office National des Forêts ?
Un autre axe stratégique consiste à multiplier l’utilité des ENS. Le projet « École dehors » de la commune de Monthureux-sur-Saône a développé un nouvel espace éducatif forestier au vallon du Préfonrupt. Cet espace étant situé juste à côté de la zone humide protégée, nous allons créer un lien entre les deux sites pour proposer, en plus de l’information sur l’ENS à destination du grand public, des supports pédagogiques aux scolaires. De façon plus générale, la stratégie consiste à profiter de la présence de ces espaces à la biodiversité « remarquable » pour informer sur la nécessité de préserver la biodiversité « ordinaire », celle que l’on peut avoir dans notre jardin ou à côté de chez nous.
Comment intervenez-vous auprès des particuliers qui ont un ENS sur leur propriété ?
Selon le type de milieu de l’ENS, nous les conseillons sur les actions qu’il est possible de mener sans que celles-ci portent préjudice à l’environnement. Mais pour que les gens adoptent la conduite qui fera perdurer la biodiversité dans sa globalité, cela demande une communication à large échelle.
Protéger les ENS, c’est aussi préserver l’attractivité du territoire…
La période post-covid l’a montré. Les Nancéiens ont été plus nombreux à venir découvrir nos forêts et nos sites. La surfréquentation a été telle que des études ont été lancées par deux PETR, comme à Lispach. Aujourd’hui, nous étudions la manière de mieux gérer la surfréquentation des ENS : s’il faut la freiner ou la répartir sur plusieurs sites. Et désormais, lorsque nous souhaitons ouvrir un nouveau site au public, nous calibrons leur fréquentation potentielle.
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En 2023, le bilan carbone du Conseil départemental a révélé une diminution de près de 18 % des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) en deux ans, passant de
11 671 teqCO2 en 2011 à 8 243 teqCO2 en 2023.
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