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Yannick Hof, un Vosgien de retour de l’enfer népalais

Le 13 juin 2015 par Bruno Veillon

Après l’Indonésie et les Philippines, Yannick Hof revient du Népal. Le sauveteur-déblayeur vosgien est parti avec l’association humanitaire FAUSI. Sapeur-pompier professionnel, il a vu la catastrophe humaine au plus près. Sans se décourager.

Dès qu’un séisme, un typhon ou un tremblement de terre survient, Yannick Hof est alerté directement sur son smartphone. Alors que sur place, la plupart des gens feraient tout pour fuir le pays, lui prépare son départ… L’adjudant fait partie depuis 2010 de l’association FAUSI (France Aide Urgence Secours Internationale).

La quarantaine d’adhérents intervient lors de catastrophes naturelles afin de prêter main forte sur le terrain : déblayage, secours à personne, apport de matériel, reconnaissance des lieux… Pour l’heure, Yannick, pompier à Épinal et à Saint-Dié-des-Vosges, en est à sa troisième intervention : “Nous sommes partis deux jours après le premier séisme au Népal“. À peine débarquée, l’équipe de huit bénévoles, dont il est le seul Vosgien, doit rejoindre un village à 2 000 mètres d’altitude en plein Himalaya avant d’intervenir à Katmandou. 30°C la journée, 5°C la nuit, orage, pluie et grêle, répliques sismiques.

“Quand on est engagé, on va jusqu’au bout”

Sur place, le constat est désastreux :plus d’une centaine de blessés, plus aucune construction ne tient debout, d’énormes fissures viennent entailler le sol. Puis les corps bloqués entre les ruines. “Des cadavres partout. La catastrophe humaine“. Et cette odeur, celle de la mort, qu’on n’oublie pas. “Il y a des moments difficiles“, convient-il, non sans réserve. “Dans certaines situations, on pense évidemment à ses enfants. Mais on peut compter sur la force de l’équipe”, avoue Yannick Hof, tout en retenu.

Le réconfort inattendu vient des habitants eux-mêmes, qui montrent une reconnaissance “très touchante”.Il y a aussi des épisodes plus agréables :l’échange avec la population, la parfaite entente dans l’équipe de bénévoles, ou encore la découverte des différences de cultures et de croyances.

Un métier-passion

La quarantaine tout juste, Yannick Hof est pompier depuis ses 16 ans. Il a toujours été intéressé par l’humanitaire et les missions internationales. Pour lui, c’est un “métier-passion”, “une priorité”, tranche-t-il sans hésiter. 

Lorsqu’il rentre “à la maison”, en caserne vosgienne, l’adjudant doit répondre à une seule exigence :raconter son périple. “Ils posent des questions, c’est assez amusant de les voir aussi curieux.” Parler de ce qu’il a vu, ce n’est d’ailleurs qu’avec les hommes de la caserne qu’il peut le faire. “La meilleure thérapie après tout. Nous n’avons pas le même rapport à la détresse ou à la mort”, explique-t-il, toujours aussi calme. 

Il préfère épargner ses proches, “ne pas les paniquer avec les détails“. Et pourtant, sa fille de cinq ans est déjà bien intriguée :”Elle me pose tout un tas de questions“, rit-il franchement, le visage soudainement rayonnant. Avec son frère, qui veut devenir policier, ils suivent les informations quand papa est sur le terrain : “Je leur raconte des petites anecdotes du pays. Les macaques sur le toit de l’aéroport, les jeux vidéos dans l’avion. Pour eux, c’est rigolo.” Ils ne connaîtront pas tout de suite la triste réalité.

“Je ne dois pas m’apitoyer”

À chaque déplacement, Yannick leur apporte un souvenir, “un attrape-rêve cette fois”, qui trône déjà fièrement dans le salon. De retour, il se coupe de ce qu’il a pu voir sur place et reprend son quotidien. “J’y arrive, je prends sur moi. Je sais que je dois assurer et ne pas m’apitoyer”, affirme-t-il, son flegme retrouvé.

Pour lui, chaque intervention, internationale ou vosgienne possède sa particularité. “Tant mieux d’ailleurs, c’est ce qui donne l’adrénaline.” En se redressant sur sa chaise, Yannick affiche un sourire malicieux : “C’est ce qui me fait vibrer”.

Chronologie d’un drame

25 avril 2015:
Le premier séisme de magnitude 7,8 touche la vallée de Katmandou, la capitale. Le gouvernement recense plus de 8 000 morts et plus de 14 000 blessés. Plus de 130 000 maisons sont détruites.

12 mai: 
Un second tremblement de terre de magnitude 7,3 touche le Népal. L’épicentre se situe à 80 km de Katmandou. On dénombre une centaine de morts supplémentaires au Népal et en Inde.

27 mai: 
Le gouvernement népalais suspend les adoptions pour lutter contre le trafic d’enfants. La catastrophe aurait aggravé ce problème national. Les forces de l’ordre sont en alerte pour surveiller les zones touchées par le séisme et les frontières.

5 juin:
Le dernier bilan officiel annonce environ 8 700 morts et près de 20 000 blessés. Le gouvernement fait également état de 850 000 habitations partiellement ou totalement détruites.

Plus d’infos sur l’organisation FAUSI
=http://www.fausi.org]www.fausi.org 

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