Quentin Colle, chasseur de nuages
Son monde à lui plane à plusieurs centaines de mètres au-dessus du plancher des vaches. On y croise des cumulus, des anticyclones et des éclairs. À 19 ans, Quentin Colle gère Météo des Vallées sur les réseaux sociaux et est un météorologue averti.
Il est juste 19h57, quelques minutes avant le JT de France 2. L’heure est à la météo, une émission regardée par des millions de téléspectateurs. Quentin s’avance devant le fond vert sur lequel on verra apparaître la carte de France à l’écran, constellée de températures, de petits soleils et de nuages. Le bulletin météo commence. Sauf que c’est pour de faux. Une expérience vécue par le jeune homme il y a quelques mois, alors qu’il était invité par Philippe Verdier de France 2, le présentateur météo de la chaîne. C’est une photo de grêlons diffusée à l’antenne qui lui a valu d’être contacté par la chaîne et invité à visiter les studios météo. Un rêve de gamin : ” J’étais en régie, puis les techniciens m’ont laissé aller derrière la caméra et ils m’ont fait présenter la météo ! “
Depuis ses 10 ans, Quentin ne vit que pour comprendre le ciel. Le genre qui ne rêve pas d’une voiture télécommandée ou de la dernière console de jeux vidéos. Depuis tout petit il fait quotidiennement les relevés de températures qu’il note consciencieusement sur un cahier. Plus tard, c’est une station météo semi-professionnelle qu’il s’offre pour son 16e anniversaire. Il faut dire que Quentin vit dans la Haute-Vallée de la Moselle, l’un des lieux les plus humides de France. De quoi donner l’occasion au météorologue en herbe de récolter de nombreuses données d’observation. C’est d’ailleurs l’un de ces hivers très neigeux qui lui a donné le virus de la météo : ” L’hiver 2005-2006 on a atteint les 3,15 m de neige au sommet du Ballon d’Alsace, un record absolu ! ” De ce jeux de petit garçon, la passion est devenue un choix d’études, pour un jour peut-être en faire sa profession, en rêvant de mettre sur pied un jour son propre organisme de prévisions météo.
Pour le moment, c’est sur infoclimat.fr qu’il retrouve d’autres passionnés en France pour échanger et se perfectionner. C’est là qu’il a appris à utiliser les ” modèles de prévisions ” : ” Ce sont des super-calculateurs, c’est-à-dire des programmes conçus pour faire des prévisions du temps qu’il va faire en fonction des derniers relevés. On part d’abord de la prévision la plus large, tout l’hémisphère nord puis on réduit à l’échelle européenne, avant d’aborder l’échelon local. “
Mamatus, arcus et cumulus
En mars 2013, Quentin Colle s’associe à Lionel Walther, un confrère passionné comme lui. Ensemble, ils lancent la page Facebook ” Météo des Vallées ” (=https://www.facebook.com/meteodesvallees?fref=ts]cliquez ici), consacrée à la prévision du temps dans les Vosges et le Haut-Rhin. Partis de rien, aujourd’hui 3 700 fans les suivent au quotidien.
L’autre passion de Quentin, c’est la chasse aux orages. Appareil photo en bandoulière, seul ou avec d’autres passionnés, il part écumer les cieux vosgiens chargés d’électricité. ” C’est de l’adrénaline pure. On laisse un long temps de pose sur l’appareil pour capter les éclairs. ” Cela donne des photos fascinantes, où la foudre déchire le ciel et les nuages. Beaucoup s’essayent à cette technique, nombreux s’y cassent les dents. Quentin s’en est fait une spécialité. Son rêve ? Capter un jour un ” tuba “, pas l’instrument de musique ni le tuyau pour respirer sous l’eau, non. Un tuba c’est un nuage en entonnoir qui annonce une tornade. Pas vu pas pris pour le moment.
Quentin chasse d’autres nuages, aux noms plus exotiques les uns que les autres. Comme le ” mammatus ” en forme de boules de coton qui précède un orage violent, l'” arcus ” à la forme très polie, annonciateur de vents très forts ou le plus connu ” cumulonimbus ” qui s’étend jusqu’à 10 km de hauteur et qui précède le mauvais temps. Voire son contraire le cumulus humilis, le nuage du beau temps qui paresse lentement dans le ciel bleu quand les températures montent. On l’aime bien celui-là !
