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« Loger, nourrir et donner du travail aux réfugiés » dans les Vosges

Le 22 septembre 2015 par Bruno Veillon

Gérardmer, Épinal, Saint-Dié-des-Vosges : des citoyens se mobilisent pour dire leur solidarité avec les réfugiés et surtout mener des actions concrètes. Pour certains de ces bénévoles, le combat date de plusieurs décennies.

Tristesse, colère, indignation ? Électrochoc, c’est sûr. La photo du corps d’Aylan Kurdi, trois ans, enfant migrant noyé sur une côte turque, ” réveille l’esprit de solidarité, d’altruisme “, confirme Sandrine Imbert-Ventura. 

À ses côtés, des Gérômois, comme elle, des immigrés aussi, Africains, Albanais ayant choisi la France pour refuge. Tous ont répondu à l’appel du Comité contre le racisme, de la Ligue des Droits de l’homme, du collectif de solidarité avec les sans-papiers, organisateurs du rendez-vous de ” Bienvenue aux réfugié(e)s “. 

Le bien nommé parvis des Droits de l’Homme les rassemble à Gérardmer. ” Mes parents ont débarqué un jour du Portugal. Nous sommes tous issus de familles d’immigrants. Cela fait mal “, ajoute Sandrine.

Pour Eric Defranould et les militants du collectif de solidarité avec les sans-papiers, l’affaire n’est pas nouvelle, y compris dans les Vosges. Depuis une vingtaine d’années, ils accueillent, soutiennent des réfugiés fuyant la dictature, la violence. Bilan ? 

” Une centaine de sans-papiers régularisés. Mais il y a des dizaines de dossiers qui ne sont toujours pas réglés “, s’empresse d’ajouter Eric Defranould pour qui ” il est grand temps d’être solidaire de tous les réfugiés “.

Le cas récemment médiatisé de Yoni N’Doye, une Sénégalaise de 37 ans qui vit à Saint-Dié-des-Vosges, seule avec ses deux enfants et se trouve confrontée à l’intransigeance de l’administration, l’illustre. Comme celui de cet Albanais, présent à la manifestation gérômoise, arrivé il y a 13 ans dans les Vosges, logé dans un hôtel au prix fort et toujours en attente de papiers. 

D’après le collectif vosgien des sans-papiers qui, chaque dernier vendredi du mois, organise un cercle du silence devant la gare d’Épinal, on compterait ainsi dans les Vosges 400 foyers, des couples ou des familles, venus d’Europe de l’Est pour la plupart ou d’Afrique, en attente de régularisation. 

” On sait aujourd’hui qu’il y a de quoi les loger, les nourrir, leur donner du travail “, s’insurge Éric Defranould, estimant que l’Europe, riche de 510 millions d’habitants, est en capacité d’ ” accueillir un million de migrants, quand on sait que le Liban (5 millions d’habitants) en accueille 1,5 million “. Cherchez l’erreur.

” Il faut bousculer les politiques, réfléchir à des pistes d’action collective, 10 % des logements sont vacants en France. Il faut aussi arrêter d’écouter les discours xénophobes “, lance Hélène, 23 ans. ” On ne traverse pas la Méditerranée sur un pneu pour toucher les Alloc “, poursuit-elle, invitant tout un chacun à ” ne pas seulement partager sur Facebook, mais à agir vraiment “.

Un combat de longue haleine

Exhortant l’Europe à se mobiliser, les collectifs présents en appellent aussi aux collectivités locales, pour ” mettre en oeuvre concrètement la solidarité “. Présent sur la parvis, Stessy Speissmann, le maire de Gérardmer, apporte en aparté son soutien.
Il le confirmera publiquement, en annonçant son intention d’intégrer le réseau de villes solidaires : ” Moralement, on ne peut être que pour. Matériellement, nous proposons dans un premier temps l’accueil d’une famille dans un logement “.
D’autres accueils pourraient suivre, la collectivité se rapprochant des bailleurs sociaux et des associations engagées. Eric Defranould se veut, lui, combatif : ” On va décupler nos forces, avec tous ceux qui veulent nous rejoindre. On est parti pour un combat de longue haleine “, aidé il est vrai par déjà quelques décennies d’expérience.
Outre Gérardmer, d’autres communes vosgiennes s’apprêtent à accueillir des réfugiés, rejoignant ainsi le Réseau des Villes solidaires. ” Il était impératif d’agir. Nous devons tendre une main responsable et consciente à ces personnes, afin de les accueillir dans la dignité “, souligne ainsi David Valence, le maire de Saint-Dié-des-Vosges qui doit ” être à la hauteur de son humanisme “. 
Une dizaine de réfugiés seraient concernés. Épinal s’engage également dans cette voie, unissant ses efforts aux autres villes du Sillon lorrain : Thionville, Metz et Nancy.

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