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Douche froide sur les exploitations vosgiennes

Le 21 juin 2016 par Bruno Veillon

De l’eau, de l’eau ! Avec des précipitation supérieures de 25 % par rapport à la moyenne de mai, les terres vosgiennes se sont gorgées d’eau, rendant l’accès et le déplacement des tracteurs impossibles. Les premières récoltes ne pourront avoir lieu.

” 100 % des agriculteurs sont concernés, on est sur un impact général en plaine et en montagne “, alerte Yohann Barbe, président des Jeunes Agriculteurs des Vosges. Même tonalité alarmiste du côté de la Chambre d’Agriculture des Vosges : ” Après une campagne 2015 marquée par la sécheresse, l’année 2016 sera aussi très compliquée avec de fortes précipitations qui vont entraîner un nouveau déficit fourrager. ” 

Tracteurs embourbés, ornières… Impossible pour les exploitants d’accéder à leurs champs. ” Pour l’heure, nous ne pouvons pas faucher car les parcelles ne sont pas praticables et la météo ne nous permet pas de sécher le foin. C’est une grosse problématique “, s’inquiète Yohann Barbe. La pluie impacte également la qualité des fourrages, accélérant leur maturation et leur faisant perdre leur valeur nutritive un peu plus chaque jour.

” L’autre problématique concerne le maïs qui prend beaucoup de retard car il n’y a pas de températures assez chaudes et certaines parcelles n’ont pas pu être semées. On ne voit pas d’amélioration météorologique significative dans les prochains jours “, ajoute-t-il. 

Même si les cieux se montraient plus cléments dès aujourd’hui, il faudrait encore une dizaine de jours, cinq dans les meilleurs des cas, pour sécher les terrains et pouvoir enfin y travailler.

Même son de cloche du côté des pâturages, où l’excès d’eau transforme la prairie en pataugeoire. Bovins, moutons, chevaux… ne peuvent pas brouter sur place l’herbe noyée et emprisonnée dans la boue. Résultats, les éleveurs sont contraints de suppléer à leur alimentation et de rentrer le bétail dans les bâtiments. 

“Plusieurs milliers d’euros de perte”

” On utilise des foins de l’année dernière, ce qui va impacter les stocks déjà limités pour l’hiver prochain “, regrette l’agriculteur.

La profession déjà profondément impactée par un contexte économique difficile est dans l’embarras : ” Si ça dure encore 15 jours, 100 % des foins sont foutus, si on peut récolter avant le 1erjuillet, 50 % pourront être sauvés. Les exploitants vont devoir acheter des fourrages pour compenser, c’est de l’argent à sortir, alors qu’il n’y en pas suffisamment dans les exploitations. C’est plusieurs milliers d’euros de pertes pour une exploitation. Ce qui ne pourront pas payer devront vendre des animaux. “

Le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, de passage en Lorraine il y a quelques jours a promis des moyens pour compenser les pertes. ” On attend les indemnisations calamitées de 2015 que nous n’avons pas encore touchés… “, s’insurge le président des Jeunes Agriculteurs. ” Difficile d’espérer des enveloppes pour 2016, nous sommes dubitatifs “.

L’assurance récolte n’a pas non plus convaincu : trop cher et pas rentable, peu d’exploitants en sont pourvus. La ” seule solution  ” serait d’installer des cultures ” dérobées “, c’est-à-dire des plantes fourragères semées après la récolte des céréales, mais ce ” ne sera pas possible en montagne “.

La pluie n’impacte pas de la même manière les producteurs. Du côté des récoltants des mirabelles, on se veut un peu plus confiants. 

Si le climat chaotique du printemps a perturbé la nouaison (transformation de la fleur en fruit), ” certains arbres sont en pleine forme et couverts de fruits, d’autres s’économisent un peu… C’est la nature ! “, rappelle Philippe Daniel, président de l’association Mirabelles de Lorraine. Selon les prévisions début juin, ce sont 8 000 tonnes environ du fruit jaune qui devraient être cueillies en Lorraine vers la mi-août, soit seulement deux tiers d’une cueillette ” normale “.

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