Emploi : Le Bagatelle d’Épinal en quête de renforts en salle et en cuisine pour l’été, à l’image des restaurateurs vosgiens
La situation semble identique pour tous les professionnels de la restauration depuis quelques années : il devient de plus en plus compliqué de recruter du personnel motivé et sérieux. Pascal Dannenmüller, patron du restaurant Le Bagatelle, est lui aussi touché par ce manque de personnel. Il a accepté de répondre à nos questions.
Comment analysez-vous votre début de saison estivale ?
Bonne en termes de clientèle mais nous sommes contraint de travailler en sous-effectif. Nous sommes 5 salariés, mais en l’état, il devient indispensable de disposer d’un salarié supplémentaire en salle, pour le service, ainsi que d’un supplémentaire en cuisine. Je recherche donc activement du personnel saisonnier ou en contrat déterminé.
Comment expliquez-vous qu’il est plus difficile d’embaucher aujourd’hui, en 2023 ?
Je ne pense pas que ça soit un manque d’envie. C’est surtout la valeur du travail qui a changé. Je pense que c’est un gros souci d’implication dans son rôle dans l’entreprise ou le commerce. Ils recherchent du travail car ils ont besoin d’avoir un minimum de revenus mais ils n’ont plus la même implication. S’ils ne veulent pas se lever un matin, ce n’est pas grave…
Le couperet de l’avertissement ou du licenciement n’a plus la même valeur, selon vous ?
Non, pour une partie grandissante des demandeurs d’emploi, ce n’est pas grave, ils iront voir ailleurs.
Qu’est-ce qui a pu provoquer ce comportement ?
C’est depuis 3 ans et l’arrivée de la Covid. Les gens ont pris conscience qu’ils voulaient davantage profiter de la vie et qu’ils ne voulaient pas passer leur temps au travail. Sauf qu’il y a de plus en plus d’excès. Tout leur est dû. Les comportements aussi ont changé.
En tant que chef d’entreprise, que faites-vous pour attirer davantage ?
Il y a des avantages qui sont proposés : des salaires fixes revalorisés, des avantages natures, des mutuelles, j’ai installé une pointeuse afin d’évaluer correctement le temps de travail, les RTT. Je ne peux pas mieux faire. Mais, je ne pense pas que cela soit une question de salaire. Dans les usines, les responsables des Ressources Humaines ont les mêmes problématiques d’embauche que moi. J’ai des amis boulangers ou électriciens qui font également ce constat. Cette mentalité m’inquiète vraiment car je ne vois pas comment sortir de cette situation. C’est préoccupant.
Pour revenir sur l’historique de votre établissement, quand l’avez-vous ouvert ?
Nous fêterons les 30 ans, le 17 juillet. On ne peut pas dire que les difficultés étaient moindres auparavant. Je dirais même que c’était pire car les emprunts étaient à des taux beaucoup plus importants. Mais, les employés avaient une conscience professionnelle. En tout cas, plus qu’aujourd’hui, selon moi. Aujourd’hui, je n’ai plus un CV ou une proposition d’alternance qui arrive. C’est inquiétant. Ce n’est pas normal d’en arriver là.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui voudrait se lancer ?
D’y aller à fond, c’est le moment et j’ai la sensation qu’il y a du travail pour tout le monde. S’il on est courageux, que l’on ne craint pas de travailler, il faut se lancer. Avant, j’ouvrais 6/7 jours et les jours de fêtes. Aujourd’hui, je ne peux plus par manque de personnel. Ce n’est pas par manque de clientèle.
Quelle est votre solution d’avenir, si vous ne parvenez pas à trouver un employé ?
Je vais être dans l’obligation de restreindre le nombre de services car je ne pourrai plus assumer de travailler autant avec un si petit nombre de salariés. Sinon, l’autre solution serait d’augmenter le prix des menus significativement pour augmenter les salaires… mais je ne suis pas certain que la clientèle est prête à faire ces concessions. D’autant que les clients ont, eux aussi, leurs charges qui ont augmenté.
Justement, avez-vous également ressenti une augmentation des coûts de production ?
Bien sûr ! L’électricité, l’eau, les matières premières… tout a augmenté de plus de 30 %. Et je ne suis pas un cas unique puisque tous les commerçants ou entrepreneur sont dans le même cas.
Que recommandez-vous à quelqu’un qui serait sensible à votre offre d’emploi au service ou en cuisine ?
Qu’ils viennent nous rencontrer avec son CV dans le restaurant et pourquoi ne pas passer quelques heures ou une journée pour voir comment nous travaillons et rencontrer les équipes.
Le Bagatelle
Ouvert du mardi au samedi, de 12 h à 14 h et de 19 h à 22 h
12 rue des Petites Boucheries, à Épinal
Tél. 03 29 35 05 22
le-bagatelle.fr