Accueil > Actu > Économie / entreprise > Remorides France – Laurent Dehaffreingue : les Vosges pionnières dans le développement du contrôle qualité 4.0

Remorides France – Laurent Dehaffreingue : les Vosges pionnières dans le développement du contrôle qualité 4.0

Le 12 avril 2023 par Francoise Fontanelle
Laurent Dehaffreingue, PDG de Remorides France.
© D'Click Studio

Depuis deux ans, le magazine Debrief suit Laurent Dehaffreingue, PDG de Remorides France. En 2021, il présentait Opera Amusement, une application adaptée du système Opera qui intervient dans le domaine de la maintenance des attractions et des parcs de loisirs. Douze mois plus tard, convaincu de la pertinence de l’outil, il s’était vu confier le développement commercial pour la France de l’application Opera Audit, la version contrôle qualité 4.0 adaptée pour l’industrie. Aujourd’hui, il vient partager avec nous les avancées de cette application et évoquer la signature de très beaux contrats, dans les Vosges notamment.

Laurent Dehaffreingue, PDG de Remorides France.

Laurent Dehaffreingue, vous venez de signer vos premiers contrats avec des entreprises vosgiennes. Est-ce un hasard ?

Quand on est né ici, que l’on y a fait ses études, lorsque l’on a un produit qui présente un tel niveau d’innovation, on a logiquement envie d’en faire profiter la région qui nous a permis de nous construire. Dans les Vosges et dans le Grand Est, nous avons la chance d’avoir des groupes qui évoluent à l’international et de très belles structures qui font de l’innovation leur fer de lance. De notre côté, nous avons un outil digital qui – entre son arrivée en France et les 10 années de recul acquises par l’Italie sur lesquelles nous pouvons nous appuyer – est susceptible de contribuer au développement d’un panel de secteurs et d’entreprises de tailles très variées.

Rappelons à nos lecteurs qu’Opera touche aux domaines de la maintenance préventive et du contrôle qualité…

C’est exact. Mais nous nous déployons également dans le domaine de la traçabilité, et nous observons que des entreprises utilisent également Opera pour former leurs équipes car ce système permet d’extraire des cas concrets et des situations qui retracent toutes les étapes d’un processus : évaluations des actions, étapes de validation et apports de correctifs.

Pensez-vous qu’Opera est voué à devenir un outil incontournable ?

Aujourd’hui une entreprise ne peut plus se tromper. Grâce à des outils comme les dashboards, on peut désormais analyser les données d’une production ou d’une séquence en termes qualitatifs et quantitatifs. Si l’on cumule les coûts des matières et de l’énergie qui ont explosé et la difficulté de recruter, on s’aperçoit qu’il est urgent de doter nos entreprises d’outils qui leur permettent de retrouver des dynamiques positives. Si l’on couple l’utilisation fonctionnelle de notre application, qui apporte en moyenne entre
20 et 25 % de gain de temps dans la réalisation des opérations, avec sa capacité à faciliter la formation en interne ou à gérer le contrôle matière initial et final, on arrive à des gains de performance importants.

Nos interlocuteurs doivent imaginer les possibilités que permet l’outil sans se mettre de limites.

Laurent Dehaffreingue, PDG de Remorides France
Laurent Dehaffreingue, PDG de Remorides France.

N’est-ce pas un acte courageux pour ces entreprises qui osent être pionnières dans leur domaine et sur leur territoire ?

C’est véritablement le cas pour la Communauté d’Agglomération d’Épinal, qui est la première communauté de communes en France à s’équiper d’un système comme le nôtre. Grâce à elle, c’est la capacité à innover de tout un territoire, situé aux portes de l’Europe, qui est mise en lumière. Cela témoigne de la volonté de la CAE d’être avant-gardiste et d’améliorer constamment ses procédures. Il est vrai qu’il faut accepter de nouer une relation de confiance très étroite lorsque l’on autorise un prestataire à entrer dans le cœur de ses projets et de sa structure. En cela nous devons attester du respect du secret professionnel, de la sécurité des données via notre DPO (délégué à la protection des données) et nos RGPD.

Qu’est-ce qui, dans Opera, a suscité l’intérêt de vos prospects ?

Opera n’est pas un produit fini et, lorsque l’on propose ce type d’outil, il faut aborder le décideur en lui présentant une version générique, tout en lui expliquant que c’est une base capable d’intégrer des développements qu’il n’est pas encore en mesure d’avoir identifiés… Nos interlocuteurs doivent imaginer les possibilités que permet l’outil sans se mettre de limites et être prêt à laisser s’établir une véritable collaboration entre ses services techniques et Remorides afin de définir les points générateurs de performance. Pour notre part, nous devons accepter que l’équipe évolue dans sa réflexion au fil des rendez-vous. Que ses besoins changent et qu’elle trouve de l’intérêt aux vertus apportées par l’interaction entre le digital et l’humain. Ce point RH est important, car en ouvrant l’application aux opérateurs et techniciens, ceux-ci vont pouvoir prouver l’intérêt de leur intervention et leurs compétences dans le processus au sein duquel ils interviennent.

Et on sait que donner du sens au travail de ses collaborateurs est la clé pour retenir les talents…

C’est exact. La crise Covid-19 a engendré des changements profonds dans la vie des gens et les entreprises ont plus de difficultés à recruter. Les augmentations de salaires n’ont pas eu les effets de levier attendus. Aujourd’hui, un salarié attend autre chose de son entreprise : s’y épanouir, partager des valeurs, représenter une véritable entité et avoir un vraie perspective d’évolution. Si les outils digitaux très réactifs, comme Opera, permettent aux entreprises de faire des économies de coûts et de gagner en productivité, ils permettent aussi au personnel de voir que leur entreprise s’engage dans une démarche qui le responsabilise, le crédibilise et donne du sens à son travail.

Quel a été l’accueil des industriels ?

Il faut rappeler qu’à l’origine, le système Opera a été conçu pour l’industrie pharmaceutique et le secteur de l’automobile. Dans les Vosges, nous avons intéressé un géant mondial de l’industrie, pour lequel nous affinons actuellement les derniers réglages. Il s’agit d’un outil que nous avons expressément développé pour eux, avec les développeurs de notre partenaire italien, afin de leur apporter des solutions adaptées à leurs stricts besoins.

Aujourd’hui, on peut aller plus loin que la technique binaire « pass fail » (réussite/échec).

Laurent Dehaffreingue, PDG de Remorides France
Laurent Dehaffreingue, PDG de Remorides France.

Un projet sur mesure sous-entend l’adhésion de toutes les parties prenantes de l’entreprise… Avez-vous observé des freins ?

Au contraire, il y avait une vraie volonté du groupe, au niveau mondial, d’entrer dans une phase active de digitalisation, et notre produit coïncidait avec leurs attentes globales et leur timing. Je pense que nous avons bénéficié également d’une direction qui accepte de laisser de l’autonomie à ses équipes. Cela nous a permis de travailler rapidement avec les collaborateurs et, à un moment donné, de pouvoir marquer un temps d’arrêt pour nous poser la question de la possibilité d’aller plus loin que le cahier des charges initial. Autrement dit, de mettre notre copie de côté pour repartir de zéro et concevoir un produit sur mesure. Ce qu’a accepté la direction. Évidemment, nous avons joué le jeu car ce projet nous a permis de reconsidérer le champ des possibles offert par Opera.

Sans briser la confidentialité qui vous lie à votre client, quelles sont ces évolutions ?

Opera va pouvoir répondre à de nouveaux cas de figure. Aujourd’hui, on peut aller plus loin que la technique binaire « pass fail » (réussite/échec). Par exemple, il est possible d’ajouter des états intermédiaires de calculs et de prises de décision automatiques en rentrant des valeurs références, comme des référentiels normatifs. Ce qui accroît le gain de temps bien au-delà de la moyenne de 25 % annoncée actuellement.

Envisagez-vous d’intégrer l’intelligence artificielle dans le développement d’Opera ?

On sent clairement que c’est émergent, voire inéluctable, et nous travaillons déjà sur ce sujet en Italie. Remorides s’est déjà tourné vers le big data et est présent sur quasiment tous les salons dédiés aux nouvelles technologies. Si nous hésitons à franchir le cap, c’est uniquement pour des raisons de sécurité et d’éthique, pas pour la faisabilité. Toutefois, avec Opera nous avons l’avantage, à différentes étapes des processus, de pouvoir vérifier le travail et reprendre la main sur le logiciel automatisé en intégrant des phases de validations intermédiaires et en imposant une certification par l’humain.

Quelles sont les ambitions autour d’Opera ?

Grâce à notre collaboration avec la CAE – qui dispose de moyens techniques, humains et fonciers lui permettant d’acquérir des outils comme Opera –, nous nous sommes interrogés sur les besoins des communes de moins de 5 000 habitants et avons décidé de créer une offre adaptée à leur dimensionnement, dotée d’une structure préinstallée et d’un système de programmation de check-lists pris en charge par les développeurs de Remorides. On peut même imaginer la mise en place d’un échange d’informations et d’expériences entre mairies et collectivités équipées de ce système et des mêmes paramètres. Tout comme un grand groupe peut échanger avec ses fournisseurs. C’est le cas d’un projet en cours, dont nous ne pouvons citer le nom car nous ne communiquons sur l’identité de nos clients que lorsque le système est testé, fonctionnel, validé et en place. Nous travaillons sur la possibilité de recevoir les données fournisseurs avant même que les produits arrivent sur site afin de créer un process vertueux qui va de la matière première jusqu’au produit fini. Il y a quelques entreprises auxquelles j’aimerais proposer cette possibilité.

Avez-vous des concurrents ?

Nous avons beaucoup d’avance sur nos concurrents et c’est que qui fait la force d’Opera. Cet outil digital a nécessité énormément de R&D et d’investissements pour devenir « custom step » ; c’est-à-dire adaptable aux besoins spécifiques du client. Aujourd’hui Opera est capable de descendre à des niveaux de recherche d’informations et de communication tels que les entreprises décident de revoir leur politique de contrôle qualité d’entrée de matière afin de la rendre plus dynamique et surtout d’éviter les erreurs qui, aux prix des matières pratiqués aujourd’hui, ont un impact immédiat sur leur rentabilité.

Opera s’aborde donc comme un levier pour retrouver de la croissance…

Nous avons été approchés par une entreprise vosgienne qui développe un procédé industriel assez sympa, mais qui va vite s’apercevoir du coût exorbitant généré par les opérations de maintenance à l’autre bout de la France du fait de la flambée des prix de l’énergie électrique, des carburants et de l’inflation. Pour cette entreprise, Opera et son système de contrôle et d’information à distance est tout à fait pertinent en termes de rentabilité, y compris de RSE, à l’heure où il faut moins dépendre des énergies fossiles, prendre notre environnement en compte et redonner du sens au travail. D’ailleurs on peut très bien imaginer de développer l’application pour mettre en place une politique RSE.

À l’horizon 2024, nous serons prêts pour utiliser le même module sur Androïd et couvrir l’intégralité des moteurs avec cette version.

Laurent Dehaffreingue, PDG de Remorides France
Laurent Dehaffreingue, PDG de Remorides France.

Vous avez l’exclusivité pour la France, mais aussi pour la Suisse, les Pays-bas, la Belgique et le Luxembourg. Comment le marché international réagit-il ?

Dans un premier temps, nous nous sommes orientés vers le marché suisse, puis nous avons été contactés par des Belges qui étaient très enthousiastes à propos d’Opera mais qui avaient été freinés par le fait, qu’à l’époque, l’application était en phase de développement sous iOS. Elle sera disponible dans quelques semaines et marquera encore une très belle avancée car elle est encore plus rapide et plus ergonomique et beaucoup plus intuitive. À l’horizon 2024, nous serons prêts pour utiliser le même module sur Androïd et couvrir l’intégralité des moteurs avec cette version. Ce sera une étape importante pour le développement d’Opera.

Nous avons beaucoup de contacts. Remorides Italie a décroché un marché gigantesque en Inde et a signé récemment des contrats qui auront des répercussions positives sur notre marché, car liés à de grands noms de l’industrie, notamment dans le secteur pharmaceutique. Elle a dû recruter trois développeurs en moins d’un an pour satisfaire les demandes. Mais j’aime à penser que notre produit n’est pas à réserver aux seules entreprises des secteurs de pointe, d’ailleurs je ne vois pas de secteurs qui devraient en être exclus. Par exemple, j’adorerais travailler pour une entreprise comme Moustache Bikes qui est un vrai moteur pour la région et s’inscrit dans une démarche de qualité.

Remorides France est domicilié aux Forges, et vos bureaux situés Quai Alpha à Épinal. Quels sont vos soutiens sur le territoire ?

Nous sommes soutenus par VOSJ’INNOVE et particulièrement par sa directrice. Lorraine Kihl a non seulement compris le potentiel de l’application, mais aussi l’enjeu qu’elle représente pour le développement des acteurs du territoire. Dans son accompagnement, elle a su être à notre écoute sans être invasive et nous ouvrir des portes toujours bien ciblées. Même si nous avons des perspectives de déploiement d’Opera en dehors du Grand Est, je ne quitterai pas ma région car c’est envers elle que je suis redevable et c’est ici que je me dois de créer des emplois.

Remorides France
Laurent Dehaffreingue
Tél. 06 85 24 10 41
Contact@remorides.fr
www.remorides.com

Un article réalisé en partenariat avec le Magazine Debrief, à consulter : ici

Menu
logo facebook logo instagram logo twitter logo linkedin