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Réindustrialisation de la France : qu’en est-il de la Lorraine ?

Le 20 mars 2024 par Francoise Fontanelle
© Victor / Unsplash

Depuis 2019, la question de la réindustrialisation de la France ne fait plus débat, au moins quant à son caractère impératif et urgent. Le premier choc pétrolier mondial, en 1973, a sonné le glas des 30 glorieuses et auguré une tout autre stratégie de développement : la délocalisation de la production industrielle. Or, la survenue de la crise covid et la crise des énergies liée au conflit en Ukraine ont montré à quel point la désindustrialisation mettait à mal la souveraineté de la France.

Comment relancer la machine industrielle ? Quel projet industriel pour la France et ses régions, et dans quelles conditions ? Peut-on tout réindustrialiser ? Quels sont les atouts du Grand Est ? C’est ce que nous vous proposons d’aborder dans ce dossier.

C’est la question qui affleurait toutes les lèvres lorsque les pénuries de masque, de médicaments, de composants électroniques et d’énergies ont figé le pays il y a tout juste quatre ans.

Fin 1973, à la suite de la guerre du Kippour entre Israël et ses voisins arabes, les pays du Golfe décident, en guise de rétorsion contre les pays alliés à l’État hébreu, de réduire leur production. Les prix du pétrole et des matières premières flambent et l’économie s’écroule. Nous sommes à l’aube de la mondialisation.

À partir des années 1980, le sud est asiatique mène une concurrence acharnée qui impacte l’industrie européenne. Les industriels délocalisent leur sous-traitance, attirés par une main-d’œuvre moins chère et des filières françaises entières, soutenues depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale disparaissent sous les coups de boutoir des plans sociaux et des grèves : charbonnage, textile, industrie lourde (dont la sidérurgie et l’automobile).

Dans les années 1990, l’industrie n’attire plus les jeunes, les entreprises délocalisent la fabrication et la France fait le choix de développer son économie autour de la conception industrielle et des services. Les délocalisations d’ampleur se poursuivent entre 2000 et 2010, laissant derrière elles des territoires désertifiés, un taux de chômage élevé et un vaste territoire à reconquérir.

Au final, selon une étude de l’Insee, le Made in France (toutes catégories confondues) serait passé de 89 % en 1965 à 78 % en 2019. Or, toujours selon cette étude, l’implantation d’une industrie qui génèrerait 1 milliard d’euros de valeur ajoutée à l’étranger induirait une valeur ajoutée totale de 2 milliards d’euros dans l’économie française.

La tertiarisation de l’économie, les délocalisations massives, la faible compétitivité des coûts salariaux ont participé au déclin de l’industrie manufacturière en France. Selon les estimations, l’industrie française aurait perdu 1,9 million d’emplois entre 1980 et 2007, soit 36 % de ses effectifs, et la part de l’industrie dans le PIB est passée de 35 % en 1970 à moins de 12,4 % actuellement (10 % pour l’industrie manufacturière).

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