Emploi : le préfet des Vosges détaille la prime à l’embauche

Voulue par François Hollande, la prime ” Embauche PME ” est un plan d’urgence contre le chômage. Le préfet des Vosges, Jean-Pierre Cazenave-Lacrouts, passe en revue ces mesures et leur impact sur l’emploi vosgien, un mois après leur lancement.
L’État va aider les employeurs à embaucher. En quoi cela consiste-t-il ?
Jean-Pierre Cazenave-Lacrouts – C’est une prime qui s’adresse aux PME-PMI de moins de 250 salariés. Les embauches réalisées du 18 janvier au 31 décembre vont bénéficier durant les deux premières années du contrat d’une prime trimestrielle de 500 euros, donc de 4 000 euros au total, versée à l’employeur. Elle est cumulable avec d’autres dispositifs déjà existants comme la réduction générale pour les charges des bas salaires, le pacte de responsabilité et de solidarité, et le CICE, le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi.
Combien de nouveaux emplois pourraient être créés dans les Vosges ?
J-P. C-L. – 8 000 entreprises vosgiennes sont concernées par le dispositif. 4 800 d’entre elles ont été informées par un envoi de courriels. Aucun objectif chiffré n’a pour l’heure été fixé au niveau des Vosges. Toutes les demandes seront traitées, il n’y a pas de limites du nombre de primes octroyées. Plus de 1 600 appels ont déjà été traités dans la grande région en moins d’un mois.
Par rapport à beaucoup d’autres dispositifs d’allègement des charges, cette prime ne semble pas pécher par sa complexité…
J-P. C-L. – La prime embauche est un dispositif simple et facile à mettre en oeuvre, grâce à un formulaire en ligne sur travail-emploi.gouv.fr ou par une plateforme téléphonique. L’employeur n’a besoin de fournir aucune pièce en dehors d’un RIB. Ensuite tous les trois mois, l’entreprise justifie la présence du salarié avec son bulletin de salaire et le contrat de travail en cas de contrôle.
Certains entrepreneurs parlent de mesurette.
J-P. C-L. – Ce qui est important c’est l’activité bien sûr. Moi je ne suis pas dans les débats. Si l’on peut faciliter le recrutement de personnes au chômage, le but est atteint. Mais que chacun dise ce qu’il en pense me paraît aussi normal dans une démocratie.
Pourquoi François Hollande a-t-il voulu cette prime ?
J-P. C-L. – Le Gouvernement est mobilisé sur l’emploi. Souvent on dit que le frein c’est le manque de compétitivité en raison des charges trop importantes. Ne pas faire peser ces charges sur l’employeur doit permettre d’améliorer la compétitivité de l’entreprise.
Il fallait aller vite ?
J-P. C-L. – C’est rapide car on est dans une nécessité de rendre une compétitivité aux entreprises, et donc on ne peut pas se permettre d’être trop complexe. C’est très compréhensible par chacun. La baisse des charges demandait un passage par la loi et donc l’Assemblée. Alors que la prime va beaucoup plus vite, c’est applicable immédiatement.
L’emploi c’est aussi votre priorité ?
J-P. C-L. – L’emploi est ma première priorité. D’autant plus dans un département rural et post-industriel, avec une crise du milieu agricole. En catégorie A fin décembre 2015, il y avait plus de 22 000 personnes sans emploi dans les Vosges. Le département connaît un taux de chômage plus élevé qu’au niveau national. Nous avons des bassins d’emploi comme Saint-Dié-des-Vosges où le taux de chômage atteint 14,4 %.
Comment inverser la tendance ?
J-P. C-L. – Les Vosges sont dans une situation compliquée : le chômage, la diminution de sa population, le vieillissement, le départ des jeunes. Mais il faut rester optimiste, parce qu’il y a des atouts : un tissu de PME/PMI performant, des jeunes pousses, des pépites industrielles, sa richesse sur le plan de la forêt et du bois, sa filière touristique, son terroir de qualité, reconnu mondialement. Tout cela mis bout à bout, la tendance s’inversera. On est à la charnière.
Ce discours, on l’entend depuis des années, mais rien n’émerge.
J-P. C-L. – La difficulté c’est que l’investissement n’est plus créateur d’emplois comme autrefois. Une personne avec un terminal d’ordinateur suffit à actionner un ensemble de métiers à tisser. On ne peut plus s’attendre à des créations d’emplois massives et industrielles. On sera plutôt sur de l’innovation autour de pôles comme la Green Valley à Golbey. Des métiers nouveaux pourront émerger : le service à la personne avec les personnes âgées, l’accompagnement numérique…
Autre mesure du plan d’urgence pour l’emploi, la formation des chômeurs.
J-P. C-L. – Oui, les chefs d’entreprise ont parfois du mal à recruter une main d’oeuvre qualifiée par rapport au poste à occuper. Il y a plusieurs facteurs à cela : des métiers moins attractifs, des freins liés à la mobilité,… Mais la formation doit permettre de donner des qualifications et de répondre aux besoins en personnels des entreprises.
L’apprentissage est aussi dans le collimateur…
J-P. C-L. – Il faut combattre les préjugés sur l’apprentissage, qui n’a rien à voir avec l’échec scolaire. L’apprentissage c’est l’excellence. Sur 2014-2015, le nombre d’apprentis a diminué dans les Vosges. Nous renforçons la prévention en les accompagnant pour leur faciliter l’hébergement et la vie quotidienne.
Vous visitez régulièrement les entreprises. Parfois les ministres se déplacent aussi dans les Vosges. Mais au final, pour quels résultats ?
J-P. C-L. – En allant au devant des chefs d’entreprise, ils peuvent nous expliquer les blocages et leurs difficultés. On peut aussi faire des liens avec les services de la Préfecture et de l’État pour faciliter leur travail. Ça nous permet de transmettre des informations, dans les ministères et au gouvernement, vis-à-vis du monde rural par exemple. Aller sur le terrain, c’est être au courant des réalités. Rester dans le bureau, c’est en être coupé.