Accueil > Actu > Économie / entreprise > Dominique Peduzzi : accompagner les projets porteurs d’emploi

Dominique Peduzzi : accompagner les projets porteurs d’emploi

Le 15 avril 2013 par Bruno Veillon

Maire de Fresse-sur-Moselle, président de l’association des maires des Vosges et conseiller général, Dominique Peduzzi (divers droite) réagit à la crise de confiance envers les hommes politiques et la situation de l’emploi.

[size=2]Réduire les indemnités des élus comme c’est le cas pour ce maire dans le Nord, c’est de la pédagogie ou de la démagogie ? En résumé, les élus sont-ils trop payés ?

L’indemnité n’est pas une paie même si elle contribue aux cotisations sociales, aux revenus des CSG et CRDS. L’indemnité figure sur la feuille d’impôts sur les revenus comme tout autres salaires. Mais il reste que cette indemnité a été mise en place pour permettre à tous citoyens d’accéder à un mandat, en prenant de la disponibilité sur son temps de travail. Ceux qui ne renoncent pas en partie aux indemnités parce qu’ils ne le peuvent pas seront-ils à mettre au ban des mauvais élus ? 

Quelle est votre activité professionnelle ?

Je suis actuellement commercial dans une entreprise de BTP. Quand j’ai été élu maire (en 1995 ndlr),  j’étais logisticien. J’ai évolué dans ma carrière, je l’ai suspendu aussi pendant trois ans. J’ai commencé à travailler à 16 ans et demi.

Comment on s’organise alors pour gérer vie politique et vie professionnelle ?

Pour être adjoint ou maire, il faut de la disponibilité en journée. Si vous voulez défendre et représenter votre commune, il faut être présent dans un certain nombre de réunions. Or, beaucoup de profession ne permettent pas cette disponibilité. C’est déjà un premier frein. Après il faut pouvoir avoir une activité qui permette de travailler tard le soir, tôt le matin, le week-end pour traiter ce qui n’a pas été traité pendant qu’on exerçait son mandat en tant que représentant de la commune. 

Il faut donc être toujours disponible ?

Il y a des choses que l’on prévoir mais il faut se rappeler que le maire doit toujours être disponible pour la sécurité de sa commune. Donc, il peut-être appelé pour des accidents, des interventions de secours, d’ordre public, d’hygiène, etc 7j/7, 24h/24, 365 jours par an. 

Qu’est ce qui vous plaît dans votre mandat de maire à Fresse-sur-Moselle ?

Dans une mairie tout est transversal, vous allez rencontrer des nouveau-nés, des enfants qui sont à l’école maternelle, des collégiens, des lycéens, des gens qui sont au travail, des retraités, des gens en difficulté et d’autres non, des gens avec des préoccupations urbaines, d’autres rurales, dans tous les niveaux de la société. 

Le second intérêt c’est de travailler avec un collectif : le conseil municipal. Un maire doit partager ses dossiers avec son Conseil sinon il ne peut rien faire. 

Et puis c’est le mandat qui permet d’être le plus proche de l’action. Dès qu’un citoyen vous interpelle sur un sujet, on a des leviers rapides pour agir. Comme quand on décide de faire un réseau d’assainissement, quand on modifie un réseau d’éclairage public par exemple. On s’empare d’un sujet, on le détaille et si on est d’accord au sein du conseil, l’action démarre tout de suite. Chose que vous n’avez pas dans d’autres mandats, où la collégialité est plus compliquée à obtenir. 

Fresse-sur-Mossel reste une petit commune… ça vous suffit ?

Oui ! C’est un village de 1800 âmes. C’est la taille idéale. Ça permet de faire des choses et ça laisse les élus au contact de la population. Il n’y a pas des petits et des grands maires. Le maire de la plus petite commune a les mêmes contraintes, obligations et devoirs que le maire de Paris. Même si les moyens et les leviers ne sont pas les mêmes.

Passons aux questions de politique nationale. La réforme des rythmes scolaires, vous en avez repoussé l’application à 2014, pourquoi ce choix ?

C’est le choix d’un grand nombre de communes vosgiennes. 25 % de communes appliqueront cette mesure au niveau national dès 2013, on sera en-dessous dans les Vosges. Ce report a été décidé plus pour des raisons qu’idéologiques. L’organisation de ce nouveau rythme scolaire nécessite un peu de recul et de savoir ce qui doit être fait et à quel niveau. Or, aujourd’hui l’ensemble des textes ne sont pas bouclés. 

Autre question d’actualité, vous allez célébrer les mariages pour tous si la loi est votée ? 

C’est un vieux débat. En 1996, il y avait déjà eu un débat avec plusieurs réunions dans le département. Beaucoup d’élus avaient déjà affiché leur opposition à la célébration de ces mariages. Mais n’oublions pas que le maire a deux casquettes : il représente la population auprès de l’Etat, mais il est aussi agent de l’Etat. Moi en 1996 et 1998, j’ai toujours dit que si la loi passait, j’appliquerais la loi, même si je ne partage pas tout. Que dirait-on si dans une entreprise quelqu’un affirmait : ” Je ne fais que le travail qu’il m’intéresse de faire ! ” 

Je pense qu’il y avait des préoccupations plus importantes liées à la détresse sociale, le débat aurait pu s’installer plus sereinement avec plus de décalage dans le temps. Mais le Gouvernement a choisi de mettre ça sur la place publique. 

[size=2]Allez-vous vous présenter aux municipales ?

Je n’ai jamais eu pour habitude de me prononcer aussi tôt. Il reste encore une année pleine à faire, pour les élections de l’année prochaine il sera toujours temps. Je ne me prononce pas pour le moment. 

L’association des maires des Vosges

Autre mandat qui vous occupe actuellement, vous êtes le président de l’association des maires des Vosges. A quoi sert cette association finalement assez méconnue ?

Forcément méconnue car elle ne s’adresse qu’à 514 Vosgiens seulement, c’est-à-dire les maires des Vosges. Elle fait partie du réseau des associations départementales des maires en relation avec l’association des maires de France. 
Depuis 1952, elle est là pour donner de l’information et dispenser des formations liées au mandat de maire (gestion des cimetières, des routes, d’un budget, de l’état civil, la fiscalité,…). Jamais personne ne peut tout connaître. L’association est aussi un groupement d’achat et met aussi à disposition des élus des renseignements juridiques. 

Ces dernières semaines, les citoyens se méfient de plus en plus de leurs élus. [size=2]On reproche notamment un manque de transparence dans leur gestion. C’est une question que vous abordez au sein de l’association des maires ? 

Cette méfiance existe pour les politiques nationaux. Mais vis-à-vis de la fonction de maire, les Français ont une attache particulière. Autant il y a beaucoup de questions sur le fonctionnement de différents structures politiques, autant sur le mandat de maire c’est moins le cas. D’ailleurs après l’élection présidentielle, c’est là où on retrouve le taux de participation le plus important. Les gens s’approprient leurs maires. 

Nous faisons très attention à ce que les élus soient des justiciables comme les autres. Trop souvent des sacrifices personnels sont faits, la justice ne défend pas le représentant de la commune. Un maire attaqué par un concitoyen ou agressé physiquement, systématiquement l’association des maires se porte partie civile. Un maire est détenteur d’une autorité et il est important qu’il soit défendu quand il est attaqué dans le cadre de ses fonctions. 

[size=2]Communauté de communes des Ballons des Hautes Vosges

[size=2]Vous ne présidez plus la communauté de communes. Mais pourquoi celle-ci a choisi de retirer sa compétence en matière de tourisme ? C’est une décision à rebours de ce qui se fait habituellement.

Il faut savoir qu’il y avait deux communautés de communes, une qui avait beaucoup de compétences et l’autre peu. Les élus de la comm comm ont demandé la mutualisation de plusieurs compétences. 250 000 euros de compétences sont parties de la comm comm aux communes. C’est contraire à ce qu’il se passe d’habitude, mais c’était indispensable, sinon l’effort que font les autres communes aurait été de 4 fois ce qu’il était l’année dernière. 

Restait les activités touristiques. Elles ne sont pas au même niveau sur le territoire, et la promotion et la commercialisation touristique ne sont pas au même niveau sur le territoire. D’un autre côté, les élus ont demandé à ce que la fiscalité soit fixé au montant maximum de la commune ayant la plus faible fiscalité. Il manquait alors 200 000 euros dans les caisses. A partir du moment où le système de promotion n’apporte pas le même niveau de service au citoyen et qu’on veut bloquer la fiscalité, charge à la commune de s’associer d’une autre manière. Tout ça est décidé depuis longtemps. Les décisions ont été prises dans le premier semestre 2012. Aujourd’hui, certains s’expriment pour des raisons que j’ignore, alors qu’ils n’ont pas toujours tenu les mêmes propos. 
[size=2]
[size=2]Autre question d’importance, celle de l’emploi à la dimension du bassin. Pouvez-vous nous en dresser un état des lieux ?

La situation s’est fortement dégradée ces dernières années. On est un département  industriel et dans la vallée de la Moselle particulièrement industrialisé et dédié à l’activité automobile. La crise n’a épargné ici personne. 1500 emplois ont été perdus et il pèsent lourdement dans le dynamisme de notre secteur. Il reste un certain nombre d’entreprises qui fonctionnent se développent. On doit les accompagner. 1500 emplois perdus en quelques moi, il nous faudra des années pour les retrouver et peut-être dans d’autres branches professionnelles. On doit mettre des infrastructures en place pour faciliter la création de ces emplois. Il faut créer un climat propice pour que chaque fois que quelqu’un lève le doigt et dit j’ai un projet j’ai un besoin d’embauche, j’ai un besoin de réorganiser de place. Peu importe le secteur, il faut être en capacité de dire oui à toute personne qui porte un emploi, dix emplois ou 100. Y a pas de branches pro à écarter. Toute opportunité doit être portée. C’est le porteur de projet qu’on doit accompagner. 

Conseil Général des Vosges

Vous êtes également conseiller général des Vosges, délégué notamment aux questions de la montagne. Quand on sait que la majorité de la population vosgienne vit dans cette partie du département, c’est un sujet important pour le département, notamment pour le tourisme. Quel bilan tirez-vous de cette saison hivernale 2012/2013 ?

Effectivement, avec 82 habitants au mètre carré, nous sommes le massif le plus peuplé de France ! La saison hivernale avait très mal démarrée en décembre. Finalement, par la suite pour les activités liées à la neige (la glisse…) tout cela s’est bien déroulé. Pareil pour l’hôtellerie et la restauration. La montagne se porte bien malgré les difficultés. 

Quand on regarde de plus près les touristes qui viennent durant la saison hivernale, on s’aperçoit qu’on ne vient pas de très loin pour skier dans les Vosges…
On n’arrive pas à faire remonter les gens du Sud ou les Parisiens. Mais tous les gens des pays du Nord, beaucoup font 600 kilomètres pour venir nous voir. Sur le sport d’hiver, ils viennent profiter de la neige dans les Vosges. En été, les Nordistes sont friands de ce que proposent les Vosges. Mais les touristes s’arrêtent sans séjourner. 

Je prends l’autre aspect de votre mandat du conseil général : les relations avec la Région Lorraine. On a parfois l’impression d’être la dernière roue du carrosse lorrain dans les Vosges…

Il est nécessaire d’investir dans le département des Vosges. Je ne sais pas si nous sommes oublié, mais par exemple, quand on a une réunion sur les activités hivernales en Lorraine et qu’elle se déroule à Metz, ça interpelle un petit peu… Quand vous déplacez 150 personnes pour parler de choses qui se situent exclusivement sur le massif des Vosges…! Quand on dit que le sillon mosellan s’arrête en Meurthe-et-Moselle alors que la Moselle prend sa source dans les Vosges… Je m’interroge ! Mais on travaille à ce qu’il y ait de plus en plus d’interconnexion et les réformes à venir vont renforcer les liens. 

Vous êtes directement concerné par les futurs travaux de la RN66. Après l’avis favorable reçu du ministère pour l’enquête publique, quel est le calendrier ? 

Le chemin est encore long, l’objet de l’enquête publique était d’inscrire le tracé de la déviation dans les documents d’urbanisme de chacune des communes concernées (de Ferdrupt jusqu’à l’entrée de Saint-Maurice-sur-Moselle). Les travaux sont une étape ultérieure. On nous a garanti que ce serait pas avant huit ans. Cette promesse là je suis sûr qu’elle tenue… !

Menu
logo facebook logo instagram logo twitter logo linkedin