Accueil > Actu > Économie / entreprise > Crise du lait : le président des Jeunes Agriculteurs vosgiens veut « réagir avant septembre pour survivre »

Crise du lait : le président des Jeunes Agriculteurs vosgiens veut « réagir avant septembre pour survivre »

Le 14 juillet 2017 par Jordane Rommevaux
Les agriculteurs veulent trouver une solution vers la sortie de crise.

Le président des Jeunes Agriculteurs des Vosges, Yohann Barbe, est aussi responsable du dossier « lait » au syndicat national. Il attend un geste fort du nouveau gouvernement pour que sa filière sorte de la crise et entend rencontrer rapidement les quatre nouveaux députés vosgiens. Entretien.

Yohann Barbe, votre syndicat n’a pas tardé à sensibiliser les nouveaux députés élus, sur les difficultés agricoles actuelles.

Yohann Barbe – Nous avons toujours travaillé avec l’Assemblée Nationale pour faire passer nos projets de loi et nos idées. Le Parlement vient d’être renouvelé, il est donc, important de rencontrer au plus vite les députés, pour leur faire part de nos problématiques de crise qui durent depuis plus de
2 ans et dont nous ne trouvons aucune solution.

Quel est le premier signal d’alerte à lancer ?

Y. B. – La loi Sapin 2, qui encourage la transparence économique au sein de l’industrie agroalimentaire, a été votée dans la douleur en fin d’année dernière et elle n’est toujours pas appliquée aujourd’hui. Le premier message à faire passer à nos législateurs, c’est qu’il n’est pas uniquement important de faire des lois, il faut aussi les mettre en place. Le Président Macron veut revoir la loi de moralisation économique, mais ce n’est pas la peine si nous n’avons pas encore appliqué la loi Sapin 2. Ca ne sert à rien de mettre une rustine sur une rustine. Appliquons déjà cette loi et travaillons l’autre dans un second temps.

Dans les Vosges, quel message tenez-vous à faire passer aux nouveaux députés élus ?

Y. B. – Les Etats Généraux vont rapidement débuter et si nous ne leur faisons pas part de ce que nous désirons, ils ne pourront pas nous défendre et mettre en avant nos idées. La priorité est la filière lait car c’est la seule qui n’est pas encore sortie de la crise. Nous voulons stopper les régimes des quotas laitiers. Les producteurs n’ont plus de poids face aux laiteries. Il faut que nous puissions récupérer le quota sur les volumes des productions. Sapin 2 est à revoir car le prix du lait était au centre de la loi.

Comment en est-on arrivé à cette issue problématique ?

Y. B. – Il y a eu un désengagement de l’état suite à l’arrêt des quotas. Il y a plus de 2 ans, les agriculteurs avaient un interlocuteur clair : l’état. Il était garant d’une équité entre les entreprises et nous. Aujourd’hui, nous sommes face aux entreprises et donc l’équité va au plus fort. Et, bien sûr, ce ne sont pas les agriculteurs les plus forts…

La solution passe-t-elle par l’Union Européenne ?

Y. B. – Ce n’est surtout pas un handicap de travailler avec l’Union Européenne. Ce marché est très important puisque nous exportons plus de 40 % de notre production et si nous comptons les échanges commerciaux, nous sommes à plus de 60 %. Aujourd’hui, le marché européen est indispensable, tout comme le marché mondial, à moindre mesure. Nous voulons établir, avec le nouveau ministre, une gestion des volumes de produits à l’export. Ce sont les volumes qui doivent être mieux gérés, pas le prix.

Sous la forme de quotas ?

Y. B. – Non, en période de surproduction, il faut réinstaurer des aides de réduction de volume volontaire, pour ceux qui ont la possibilité de le faire, en aidant financièrement, pour éviter qu’il y ait une perte de revenus sèche. L’avantage est qu’on régule immédiatement le marché, comme ça. Plutôt que de faire du stock, autant aider les producteurs à baisser leur volume.

On parle de la crise du beurre, qu’en est-il aujourd’hui ?

Y. B. – Je pense qu’elle est un peu fictive. On veut nous faire croire qu’il manque du beurre, alors qu’on ne nous réclame pas plus de lait. Tant que les producteurs ne récupèrent pas 1 centime, nous n’accepterons pas une hausse auprès des consommateurs. Si c’est juste une hausse dans la poche des industriels, nous n’en voulons pas. Aujourd’hui, selon l’observatoire des marges, sur 100 euros dépensés, seulement 7 reviennent au producteur. On se pose la question : qui récupère le reste ? 70 % vont à la grande distribution et au transformateur. Nous voulons bien faire la guerre des prix, mais il ne faut pas que ça soit au détriment du consommateur.

Menu
logo facebook logo instagram logo twitter logo linkedin