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Conjoncture : Sommes-nous entrés dans une crise permanente ?

Le 25 mars 2024 par Francoise Fontanelle
© unsplash

Les chiffres ne sont pas bons. L’économie est en résistance et les marchés font le dos rond pour absorber ou ne pas se faire submerger par l’effet combiné de l’inflation, de taux d’intérêt élevés et de la succession de crises. Un contexte de « permacrise » qui explique le nombre de défaillances.

Le 17 janvier dernier, Les Échos titraient « Un des pires quatrièmes trimestres en 30 ans » présentant un nombre de faillites de 35 % supérieur à la situation en 2022 (elle-même historique, avec une hausse de 49 % par rapport à 2021. Les chiffres du Grand Est montrent également le cocktail de difficultés auxquelles les acteurs de l’économie doivent faire face (inflation, hauteur des taux d’intérêt, baisse de la consommation), qu’aggravent des trésoreries devenues exsangues.

On s’attendait
à ce que nombre d’entreprises, déjà en difficulté en 2021, survivent grâce au « quoi qu’il en coûte » et à la suspension des procédures de recouvrement (voir notre article « Faut-il tuer la dette des zombie » Debrief n° 5 – mars 2021), mais depuis fin 2020, les crises se succèdent, durent et se superposent.

Entre crise sanitaire, tensions sociales, changement climatique, conflits géopolitiques, crise des énergies, inflation, risques de rupture d’approvisionnement, les entreprises, quel que soit leur dimensionnement, évoluent dans un contexte périlleux et subissent un état de crise quasi-permanent.

Thierry Millon, directeur des études d’Altares, lors de publication de l’Étude de défaillances et sauvegardes des entreprises en France – T4 et bilan 2023, résumait la situation en ces termes : « Activité en berne, niveau d’inflation encore élevé, taux d’intérêt toujours hauts, consommation qui flanche, forment un dangereux cocktail pour des entreprises aux trésoreries épuisées. » Il expliquait la situation en précisant que l’économie avait désormais atteint « une nouvelle phase, plus structurelle, davantage liée aux insuffisances financières des entreprises qui doivent naviguer dans un environnement économique extraordinairement tendu. »

Au-delà de ce bouleversement, devons-nous voir la nécessité de nous habituer à évoluer dans une économie structurellement dominée par un état crise permanent ?

Ce qui change par rapport aux crises économiques précédentes, c’est bien l’inquiétude que la permacrise suscite chez les acteurs de l’économie et les consommateurs : quand et comment allons-nous en sortir ?

Jusqu’à présent, les crises étaient perçues comme des tempêtes auxquelles succédait un retour à la normale sous forme de grandes périodes de beau temps. Et si l’instabilité permanente, dans un monde en profonde mutation, devenait la norme ? L’opportunité d’un nouveau modèle dans lequel survivraient ceux qui sont capables de flexibilité et de réadaptation permanente ? Comment ne pas y voir une forme d’eugénisme économique ?

Activité en berne, niveau d’inflation encore élevé, taux d’intérêt toujours hauts, consommation qui flanche, forment un dangereux cocktail pour des entreprises aux trésoreries épuisées.

  • Le nombre de défaillances est en augmentation de près de 36 % par rapport à 2022, avec 57 729 procédures ouvertes en 2023.
  • 16 800 entreprises en défaut au 4e trimestre, un chiffre au plus haut depuis 2012 – 2013.
  • 243 000 emplois ont été menacés en 2023, quasi 100 000 de plus sur un an.

Les TPE concentrent l’essentiel (92 %) des jugements, mais l’accélération des difficultés auxquelles elles sont confrontées fait fortement augmenter le nombre des emplois menacés, passant de 143 500 en 2022 à 243 000 en 2023.

24 % des faillites ont été observées dans le secteur de la construction. Les agences immobilières sont les plus touchées avec une hausse de 116,7 % des faillites pour 910 entreprises.

Source : AFP et Altares – Étude de défaillances et sauvegardes des entreprises en France – T4 et bilan 2023

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