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Festival International de Géographie : une oasis de savoirs à Saint-Dié-des-Vosges

Le 30 septembre 2022 par Chloé Vançon
Festival International de Géographie : une oasis de savoirs à Saint-Dié-des-Vosges
Le FIG a destination des grands comme des petits.

C’est désormais une tradition dans la ville de Saint-Dié-des-Vosges : le début de l’automne annonce l’inauguration du Festival International de Géographie. Initié en 1990 par Christian Pierret, il est aujourd’hui l’un des festivals les plus importants du Grand Est avec pas moins de 40 000 visiteurs attendus. Comme chaque année, la manifestation célèbre la discipline autour d’une thématique ancrée au cœur de l’actualité et révèle toute la richesse d’un pays invité. Pour cette 33e édition, qui aura lieu du 30 septembre au 2 octobre, cap sur les déserts et le territoire portugais !

Festival International de Géographie : une oasis de savoirs à Saint-Dié-des-Vosges

Lieu d’échange et de partage, le festival s’adresse à tous les âges et à tous les profils. Géographes, auteurs, journalistes, philosophes, universitaires mais aussi amateurs sont conviés à ce grand rendez-vous d’ouverture sur le monde. Débats, conférences, expositions, salon littéraire, gastronomie, espace géo-numérique, séances cinématographiques ou encore spectacles rythmeront ce riche week-end.

Qu’est-ce qu’un désert ?

Arides, hyperarides, semi-arides, chauds ou froids, constitués de sables ou de pierres, de sel ou de glace, le désert est multiple et sa définition elle-même sujette à controverse. Taux d’aridité, faune, flore ou encore présence humaine sont autant de facteurs pouvant être considérés dans ses acceptions. Une caractérisation révélatrice de la diversité de la géographie qui s’intéresse autant à la morphologie terrestre et aux climats, qu’aux écosystèmes et aux sociétés humaines.

Ainsi on estime qu’entre un quart et un tiers des terres émergées sont désertiques. Des espaces considérables, placés au cœur de multiples enjeux politiques, sociaux ou économiques. Terres de jeux d’innombrables scientifiques, les déserts fascinent également le plus grand nombre par leurs paysages spectaculaires…

Écologie, art, politique, démographie, le FIG interrogera le désert sous tous les angles. Des conquêtes historiques aux guerres actuelles en passant par les négociations diplomatiques, il reviendra sur les situations géopolitiques souvent complexes de ces terres, à l’image notamment des nombreux conflits se déroulant dans le désert saharien. Espaces désertiques mais pas totalement inhabités, certains s’urbanisent même à l’instar de la Péninsule Arabique où des villes à l’architecture futuriste voient le jour.

Ces dernières nourriront notamment la réflexion sur l’adaptation aux conséquences écologiques, politiques et sociales du changement climatique à l’heure justement où il s’illustre par la fonte d’immenses déserts de glace tel que l’Arctique. Tantôt rêvés, tantôt redoutés, les déserts ont également beaucoup inspiré.

Philosophie, littérature, photographie ou encore peinture, le FIG sera l’occasion de revenir sur les différentes représentations des régions désertiques dans la création artistique, questionnant la place de ces approches dans leur compréhension géographique. Enfin, le festival s’intéressera aux diverses métaphores désertiques désormais devenues langage courant tels que les déserts urbains, industriels, médicaux ou encore culturels…

Le Portugal à l’honneur

S’inscrivant dans la saison croisée France – Portugal, qui a lieu simultanément dans les deux pays, le FIG sera l’occasion d’en apprendre davantage sur cette terre européenne qualifiée de « pays de tous les possibles » par Courrier International en 2019. Le festival reviendra notamment sur la question des migrations ; les Français représentent d’ailleurs la 7e communauté étrangère du Portugal ! Habitants mais aussi environnement et culture, vous saurez tout de ce territoire ibérique.

François-Xavier Fauvelle, président du FIG 2022 – @Charlotte Krebs

3 questions à François-Xavier Fauvelle président du FIG 2022

Historien et archéologue, il est Professeur au Collège de France, où il est le premier à détenir une chaire permanente consacrée à l’histoire de l’Afrique ancienne. Il est également l’auteur d’une vingtaine d’ouvrages, dont Le Rhinocéros d’or : histoires du Moyen-Âge africain (Tallandier  – 2013), traduit dans une douzaine de langues.

Qu’est-ce qui vous plait dans ce festival pour en avoir accepté la présidence ?

Le FIG est un lieu de rencontre entre des universitaires et chercheurs, des enseignants et enseignantes en collèges et lycées, un public cultivé amateur de conférences et de livres, des éditeurs, des associations culturelles… De telles rencontres sont rares et sont pourtant des moments privilégiés permettant pour les uns de rendre les connaissances disponibles, pour les autres d’être des lectrices et lecteurs exigeants.

Vous êtes historien et archéologue, quels rapports entretiennent ces disciplines avec la géographie ?

Les géographes arpentent le monde, décrivent ce qui est présent. Les historiens et les archéologues le sondent, déplient son épaisseur mais cela n’en fait pas des métiers si différents. En réalité les géographes ont besoin de toutes les spécialités du passé, de la géologie à l’histoire, pour comprendre comment s’est formé le paysage naturel et humain, et les historiens et archéologues s’intéressent forcément aux contraintes de l’environnement, aux transformations du milieu, aux ressources, aux connexions. En Afrique, où je travaille, la pratique conjointe du terrain par les sciences de l’histoire et les sciences de la géographie est la condition d’une recherche féconde.

Le continent africain abrite le plus vaste désert chaud au monde : le Sahara, qui représente d’ailleurs plus de 30 % de sa surface. Une terre d’enjeux au cours de l’histoire africaine ?

Oui, à plusieurs titres. Aujourd’hui le Sahara est un espace sur lequel les pouvoirs n’ont pas d’emprise, ouvert à toutes sortes de trafics et contestations, ce qui invite à des comparaisons dans le temps. Le Sahara a une histoire : il a été plus aride et plus vaste qu’aujourd’hui, plus étroit, il a même été vert il y a quelques milliers d’années. Il est un milieu qui offre en même temps des contraintes et des opportunités : au Moyen Âge, c’est par le travers du désert que se sont mises en place des routes caravanières qui ont permis la connexion de sociétés africaines, comme le Mali avec le reste du monde, la circulation d’idées religieuses avec l’islam et de matières précieuses comme l’or. Le Sahara est un désert, mais aussi l’une des articulations du monde.

Le salon du Livre Amerigo Vespucci

Durant trois jours, la plus grande librairie de Géographie de France ouvrira ses portes, présidée par l’illustre écrivain lusophone Mia Couto. Sous le chapiteau, plus de soixante éditeurs et plus de cent auteurs célébreront la littérature au travers de rencontres, petits-déjeuners ou encore conférences.

Merieme Chadid, Grand Témoin du FIG 2022.

Rencontre avec Merieme Chadid, Grand Témoin du FIG 2022

Exploratrice, astronome et astrophysicienne, Merieme Chadid – considérée comme la première astronome à s’être engagée à installer un grand observatoire astronomique en Antarctique – fait partie des pionnières de l’implantation du télescope VLT dans le désert d’Atacama au Chili. Sujette à de nombreuses distinctions, elle a notamment été élue par la Commission Européenne « Femme européenne pour l’avenir » en 2021.

Vous avez été choisie comme Grand Témoin du FIG 2022, qu’est-ce que cela vous fait ?

Je suis très heureuse et honorée à l’idée de pouvoir y partager mes expériences. Ce sera ma première participation et je suis aussi très curieuse d’y rencontrer mes collègues géographes !

À l’occasion de vos expéditions, vous avez pu fouler des terres désertiques. Que ressent-on au milieu du désert et comment se prépare-t-on à ces explorations ?

On dit toujours qu’en plein désert on est seul, moi je ne l’étais jamais vraiment : je suis toujours accompagnée de mes étoiles (Rires.) mais aussi occupée par les explorations du ciel et du désert. D’un autre côté ça reste difficile, il y a beaucoup de challenges à relever avec des conditions humaines et climatologiques extrêmes. En amont il y a donc une bonne organisation et une préparation aussi bien physique que morale. Mais si la première expédition est toujours difficile, on prend l’habitude pour les suivantes ! Être guidés par un but, ici scientifique, nous permet également de garder courage et audace. Et puis j’aime relever de nouveaux défis, tester mes limites. Ma mère me disait : « Tu ne manques de rien ici, pourquoi tu veux aller au bout du monde ? » ce à quoi je lui répondais toujours : « C’est plus fort que moi ! ». Je suis animée par l’exploration, la science et les challenges !

Pour quelles raisons les déserts sont-ils propices aux observations spatiales ?

Tout simplement parce qu’il y a une meilleure qualité d’image : pas de pollution lumineuse, un climat très sec et des milieux très isolés. Une fluctuation du niveau de turbulence très faible nous permet d’avoir de bonnes images à traiter et de très bonnes données à analyser. Par exemple dans le désert d’Atacama au Chili, il y a ce que l’on appelle un « ciel coronal » qui nous permet d’observer la couronne du soleil. On y a donc installé un ensemble de quatre télescopes de huit mètres (le VLT) qui nous fournit des images exceptionnelles. Du côté de l’Antarctique, ce qui nous intéresse notamment, c’est la nuit polaire qui nous donne la possibilité d’observer le ciel en continu pendant 6 mois.

Le FIG 2022, c’est aussi…

…d’autres sujets d’actualité comme le conflit opposant l’Ukraine à la Russie, les migrations européennes ou encore la transition énergétique. Pour découvrir la programmation intégrale, rendez-vous sur www.fig.saint-die-des-vosges.fr.
Toutes les manifestations sont gratuites et libres d’accès, dans la limite des places disponibles. Une billetterie gratuite est ouverte sur chaque site environ 30 minutes avant chaque rendez-vous. Au total, la manifestation accueillera plus de 200 rendez-vous durant ces 3 jours de festivités.

FIG 2022
Du 30 septembre au 2 octobre
Saint-Dié-des-Vosges
Accès libre
Infos et programme : www.centpourcent-vosges.fr/onsecapte/evenement/festival-international-de-geographie

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