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Paul de Montclos : Garnier-Thiebaut est “une entreprise qui s’engage et qui croit en l’avenir”

Le 01 mars 2023 par Francoise Fontanelle
Garnier-Thiebaut : Paul de Montclos dirige une entreprise qui s'engage et qui croit en l'avenir à Gérardmer
Paul de Montclos, président de Garnier-Thiebaut.
© Garnier-Thiebaut

À la fois marque haut de gamme réputée à l’international et marque-employeur fortement attachée aux Vosges, Garnier-Thiebaut est, pour son président, une entreprise « kaléidoscopique ». Savoir-faire, marchés, défis environnementaux, sociétaux et énergétiques, Paul de Montclos nous explique sa vision pour l’une des marques de linge de maison préférées des Français et des hôtels-restaurants les plus cotés dans le monde.

Monsieur de Montclos, vous nous confiez que Garnier-Thiebaut est une marque-entreprise qui s’engage. Quels sont les sujets qui vous animent actuellement ?

Nous avons décidé de nous fixer trois engagements. Nous avons d’abord réalisé des investissements importants pour la production de linge de lit et de linge de table en faisant l’acquisition de métiers à tisser performants afin de satisfaire aux attentes de nos clients, hôtellerie et grand public. Ces métiers nous permettront de faire des motifs jacquard, comme ceux que nous avons créés pour l’hôtel Fauchon à Paris, mais aussi des toiles de satin qui seront imprimées et produites localement, toujours dans l’esprit Vosges Terre Textile qui nous tient à cœur ; et pour cause, puisque j’en suis le fondateur…

Notre deuxième engagement concerne notre capacité à investir dans des process respectueux de l’environnement. Nous avons notamment rénové notre turbine électrique pour produire notre propre électricité. Nous avons modifié tous nos processus de production pour récupérer les calories générées par les métiers à tisser, ainsi que nos systèmes d’éclairage en passant en basse consommation et nous travaillons sur un projet de production d’électricité à base d’énergie renouvelable qui devrait être mis en place en fin d’année 2023. Pour témoigner de notre engagement environnemental, nous avons installé des ruches dans notre usine et vendons le miel récolté dans nos boutiques.

Le troisième engagement de Garnier-Thiebaut concerne le volet social et sociétal. Nos actions ont pour objectif de maintenir une activité forte dans les Vosges, non seulement en investissant dans le matériel, mais aussi dans nos collaborateurs avec des politiques de recrutement et de formation fortes. Je tiens à partager les résultats de l’entreprise de manière identique, en fonction du temps de travail et non du salaire ou de la fonction occupée.

Quelles sont les dynamiques qui portent la marque aujourd’hui ?

Nous continuons à proposer deux collections de linge de maison par an à destination du grand public, et à les distribuer dans 85 pays dans le monde. Nous poursuivons également notre stratégie en ouvrant des boutiques en complément de la vente sur internet. Le déploiement que nous opérons sur le marché du linge de lit répond autant aux attentes du marché de l’hôtellerie de luxe qu’à celles des clients de nos boutiques.

Pouvez-vous nous préciser la part que le marché de l’hôtellerie de luxe représente pour la marque ?

Elle représente 55 % et concerne aussi bien des hôtels et restaurants français que de grands établissements en Orient, à Singapour, au Japon ou encore aux
États-Unis… Garnier-Thiebaut est une marque qui voyage beaucoup.

Comment vous adaptez-vous à des demandes aussi variées que spécifiques ?

Si l’on reste sur l’exemple du linge de lit, la demande est très marquée par les usages locaux. Il nous faut donc nous adapter car ces pays n’ont pas les mêmes tailles et formes de lits ni les mêmes types de confection. Certains styles et coloris sont plus appréciés selon les régions du monde. Toutefois, une des caractéristiques de la marque Garnier-Thiebaut – à laquelle nous tenons beaucoup – c’est de rester maître de nos créations et conserver la patte du style français. En d’autres termes, nous ne concevons pas un produit japonais pour le Japon mais vendons un produit français, créé par nos stylistes et produit à Gérardmer ou, le cas échéant, avec des usines partenaires, adapté aux goûts des Japonais.

La marque Garnier-Thiebaut a fait le choix du haut de gamme. Est-ce que cela correspond, en 2023, aux attentes de vos clients ?

Nos clients, Français et étrangers, s’attendent à avoir un ensemble de prestations : une création originale (conçue en interne, par nos deux stylistes), une production locale et un niveau de qualité et de services appropriés. Ils n’achètent pas qu’un « produit » ; par ce bout d’histoire, de culture et de patrimoine, ils cherchent à donner un sens à leur acte d’achat. Les produits qu’ils trouvent chez Garnier-Thiebaut détiennent un savoir-faire reconnu. D’ailleurs, l’entreprise est labellisée entreprise du Patrimoine Vivant (ce label qui distingue les entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence. NDLR). Et je pense qu’il est bon de souligner que Garnier-Thiebaut a fait le choix de continuer à intégrer tous ses services  : nous créons nos designs, nous tissons, nous avons nos propres ateliers d’ennoblissement, nous confectionnons chaque pièce et les commercialisons via nos propres boutiques et une distribution sélective.

Comment envisagez-vous les mois et années à venir ?

Le contexte évolue beaucoup. En trois ans nous sommes passés d’un développement assez linéaire à un contexte de grèves, suivi par les confinements. Puis à la reprise post-Covid à des ruptures d’approvisionnement. Aujourd’hui, c’est l’inflation et les problèmes énergétiques qui inquiètent. Garnier-Thiebaut a été obligé d’acquérir une certaine agilité pour faire face à ces évolutions rapides et soudaines. En ce moment, l’hôtellerie est relativement porteuse en France, grâce aux grands événements que nous allons accueillir : la Coupe du monde de rugby et les Jeux olympiques. Quant à l’export, le besoin en équipement des grands hôtels est présent dans toutes les régions du monde. Le marché du grand public est, lui, moins linéaire. L’offre de Garnier-Thiebaut est une offre haut de gamme appréciée. Nous avons beaucoup de témoignages de personnes qui disent transmettre les pièces qu’ils possèdent à leurs enfants, qui confortent l’idée qu’acheter du linge de maison Garnier-Thiebaut, c’est faire le choix d’investir dans la qualité et de s’inscrire dans la transmission. Aussi, je pense que notre développement est plutôt positif et encourageant car il nous permet de vendre la marque Garnier-Thiebaut comme étant une marque complète et authentique.

Les matières premières sont-elles un sujet qui vous préoccupe ?

Aujourd’hui, nous travaillons essentiellement sur du coton et des fils de différentes origines : Péninsule indienne, États-Unis, Australie ou Turquie par exemple, mais aussi des fils d’origine France que nous achetons à des producteurs locaux.

Les produits à base de lin ont connu un succès phénoménal et affichent des hausses de prix telles que leur développement a freiné. Garnier-Thiebaut s’implique dans des recherches sur les produits biosourcés comme le chanvre, l’ortie ou la laine, et sur les produits recyclés. Ces derniers exigent toute une réflexion autour du recyclage et de la reconstitution de fils à partir de matériaux usagés. Et il reste encore quelques points techniques et économiques à travailler pour rendre le modèle économique pérenne. Je peux affirmer que, dans les domaines de la transition environnementale et de la relocalisation industrielle, Garnier-Thiebaut est une marque qui fait des efforts pour être prête à opérer les changements imposés par les différentes crises que nous traversons. Mais pour que des résultats arrivent, il est nécessaire que les efforts demandés aux entreprises et aux industriels soient partagés et récompensés par l’ensemble des acteurs de l’écosystème économique. Il faut désormais être conscient et accepter qu’un produit fabriqué en France est plus cher qu’un produit importé.

Garnier-Thiebaut fête ses 190 ans cette année. Les Vosges sont-elles toujours une force ?

La force des Vosges reste un point sensible. Nous avons peu de matières premières. La seule que nous possédons, c’est l’eau. Or on mesure, depuis quelques années, à quel point cette ressource est fragile et exige une vigilance de tous les instants.

La seconde, c’est le savoir-faire. Et nous avons évoqué, tout à l’heure, notre volonté de le maintenir au niveau local par la formation, les recrutements et un système de récompense de nos salariés. Il n’existe plus de formation textile dans les Vosges et nous sommes obligés de les réaliser en interne. Cela reste un sujet polémique, car lorsque la filière textile s’est engagée pour la création d’une école de production, ce projet n’a pas été soutenu par les pouvoirs publics.

Quels types de profils recrutez-vous actuellement ?

Nous cherchons à renforcer nos ateliers de confection, de tissage, de teinture et d’ennoblissement en général, ainsi que nos ressources au développement à l’export avec le recrutement de spécialistes orientés commerce en langue anglaise et allemande. Garnier-Thiebaut, en tant que marque-employeur est actuellement un acteur actif sur le marché de l’emploi. Pour autant, nous avons des difficultés, comme beaucoup d’entreprises, à faire entrer les jeunes dans l’industrie. Les nouveaux entrants n’ont pas conscience de la richesse de l’industrie textile en compétences et en savoir-faire ni de sa capacité à offrir des évolutions rapides et intéressantes dans la filière.

Five by Garnier-Thiebaut

Parure de lit Fauchon en satin de coton
© Garnier-Thiebaut
Parure de lit Oasis blanc
© Garnier-Thiebaut

Five by Garnier-Thiebaut regroupe les collections privées des plus beaux hôtels 5 étoiles créées par les designers de la marque et fabriquées dans les Vosges. Design, finitions délicates, matières d’exception, il est possible de prolonger l’expérience chez soi, à l’instar de ce linge contemporain en satin de coton. Une création originale pour Fauchon l’Hôtel Paris, dont le monogramme a été traité en trompe l’œil dans le tissage jacquard et les codes de la maison subtilement évoqués par d’élégants passepoils noir et rose Fauchon.

Retrouvez le savoir-faire de Garnier-Thiebaut pour l’hôtellerie de luxe sur :
5bygarnier-thiebaut.com

Ombre et Lumière

Nappe Ombres des cerisiers
© Garnier-Thiebaut
Nappe Brise d’été
© Garnier-Thiebaut

Un rêve ensoleillé, un déjeuner en douceur, un goûter aux saveurs d’enfance, un dîner plein d’émotions, une nuit aux rêves fleuris, la collection printemps – été 2023 « Ombre et Lumière » invite à jouer avec les variations, les contrastes et l’atmosphère créés par la course du soleil dans une journée d’été. Telle la main de Monnet, l’inspiration des designers Garnier-Thiebaut sublime le savoir-faire ancestral de la marque par sa maîtrise artistique.

Découvrez la collection complète Printemps
Été 2023 sur : garnier-thiebaut.fr

Garnier-Thiebaut en quelques chiffres

  • 1833 : l’année de création de l’entreprise
  • 75 % : la part des collaborateurs recrutés dans les Vosges
  • 75 % : le taux minimum d’opérations de production réalisées en France.
  • 6 mois : la durée de chauffage des bureaux permise par la récupération de chaleur produite par les métiers à tisser.
  • 20 % : la part d’hydroélectricité produite sur le site et consommée dans les ateliers de tissage.
  • 10 : le nombre de projets de revalorisation des chutes au profit d’associations locales.

Garnier-Thiebaut
9 place Albert Ferry à Gérardmer
garnier-thiebaut.fr

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