Charmes : des produits à butiner en local

Consommer local : une façon de faire qui attire de plus en plus de monde. Un exemple à Charmes dans le Nord des Vosges, avec l’ouverture d’une cinquième Ruche qui dit oui ! Un système qui séduit consommateurs et producteurs.
Ici les abeilles ne piquent pas ! Elles butinent tranquillement carottes, lait, oeufs
pour les ramener à domicile. La Ruche qui dit Oui a ouvert ses portes à Charmes, le
29 octobre.
C’est la 5e organisation de ce genre en activité dans le département. Céline Poli, qui en est en quelque sorte la reine-mère, nous détaille le fonctionnement : ” C’est comme un drive de producteurs locaux : les gens vont sur internet, achètent leurs produits et payent en ligne, puis viennent récupérer leur panier le samedi matin, tous les 15 jours, entre 10 h 30 et 12 h “.
Depuis cinq ans à peine, 650 ” ruches ” bourdonnent dans toute la France et essaime même à l’étranger puisque Belgique, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne et bientôt Pays-Bas, Suisse et Danemark rejoignent le mouvement.
L’inscription sur le site est gratuite (=https://laruchequiditoui.fr/fr/assemblies/8817]laruchequiditoui.fr et facebook @=https://www.facebook.com/laruchequiditouicharmes/?ref=ts&fref=ts]laruchequiditouicharmes), et les membres ne sont pas obligés de commander à chaque fois.
” Je suis déclarée en tant qu’auto-entrepreneur et je touche une commission comme la société-mère, la Ruche Mama, au total de 16 à 17 % du coût final. Cela représente les coûts de gestion du site internet, du terminal de paiement, les supports de communication, le local, le temps de distribution “, ajoute Céline Poli qui est également comptable dans une société.
À Carpi’Ruche, la ruche située au 12 Rue de la Petite Vitesse à Charmes, l’activité est en pleine effervescence : ” J’ai 18 producteurs qui vont pouvoir fournir les premiers membres et trois autres nous rejoindront d’ici le début de l’année prochaine. Le plus loin n’est qu’à 70 km et encore il fait de la conserverie. Pour les produits frais, c’est 30 km maximum. ”
Chez les petits producteurs du coin
Parmi eux, Jean-Pierre Thilly, 53 ans, maraîcher à Biécourt qui propose un panier de 7,5 kilos de fruits et légumes à 16 euros. ” J’étais éleveur laitier jusqu’en octobre 2015, j’avais 120 bovins. Vu la conjoncture laitière et un problème avec mon associé, j’ai tout vendu. Je me suis lancé dans le maraîchage bio et c’est ce que j’aime. Si c’était à refaire, je recommencerais même plus tôt. “
Sur ses 1,5 hectare de terres, Jean-Pierre a déjà produit 700 kilos de fraises, 500 kilos de petits pois le tout en culture bio, un processus de conversion qui lui demandera trois ans au total pour bénéficier de la certification définitive.
” Je n’utilise ni pesticide ni engrais, mais par exemple des purins d’orties et de rhubarbe pour les limaces sur les fraises, ou des produits spécifiques à l’agriculture bio “, ajoute le producteur qui ressent l’attrait des consommateurs envers sa démarche utile au développement durable.
Une démarche également en phase avec La Ruche qui dit Oui. Comme le rappelle Céline Poli : ” On en revient, comme dans le temps, à faire son petit marché chez les producteurs du coin. Les consommateurs préfèrent souvent payer un peu plus cher et avoir un vrai goût de poulet ou de fromage Ça évite aussi aux denrées de parcourir des centaines de kilomètres, et ça épargne des rejets de CO2 dans l’atmosphère. “
Petite-fille d’agriculteurs, mariée à un charcutier-traiteur, Céline a bien compris l’intérêt grandissant du public pour ce mode de consommation. En mai dernier, une étude soulignait la volonté des Français de consommer autrement : environ 85% privilégient les entreprises ayant préservé une implantation locale et 32 % déclarent acheter local.