Jeunes talents : la marque employeur est un levier déterminant pour Jérôme Faivre, directeur des opérations de l’entreprise André Bazin

Montrer l’adéquation entre son ADN et les attentes des candidats au recrutement, fidéliser ses collaborateurs et accroître sa performance en coordonnant stratégie business et stratégie RH… En développant sa marque employeur, la société André Bazin entre une démarche responsable et vertueuse. Témoignage de Jérôme Faivre, directeur des opérations.
En quoi développer la marque entreprise est important pour recruter aujourd’hui ?
Le marché de l’emploi est plus tendu qu’il y a cinq ans et nous devons à la fois capter de nouveaux savoir-faire, et donner envie de travailler dans une entreprise qui évolue dans un secteur concurrentiel. En parallèle, les réseaux sociaux ont bouleversé la donne et les gens regardent davantage les avis sur les entreprises. Il est nécessaire d’avoir plus de visibilité et de communiquer sur les valeurs de l’entreprise sur ces applications.
Qu’avez-vous mis en place pour mettre en avant votre marque employeur ?
En Haute-Saône, nous sommes le seul industriel intervenant en agroalimentaire dans la fabrication de charcuteries et de produits de jambons, donc parler de nos métiers et des formations est essentiel. C’est ce que nous faisons en pratiquant le CV inversé. Cela consiste, pour une entreprise, à présenter son activité et ses points forts en termes de rémunération et d’avantages afin de montrer en quoi elle correspond aux attentes des personnes en recherche d’emploi.
Quelles sont vos opportunités pour recruter des jeunes ?
Les CFA à Vesoul et à Besançon recherchent de futurs apprentis, mais il est vrai que l’industrie agroalimentaire est moins attractive que les entreprises de boucherie artisanale et nous devons nous faire connaître des écoles et ouvrir nos portes afin d’expliquer en quoi notre activité peut être en adéquation avec leur vision. C’est la raison pour laquelle nous avons élargi notre communication aux CFAI du Doubs et du Territoire de Belfort qui y ont trouvé un écho à leur offre de formation.
Nous nous faisons également connaître des lycées et même des plus jeunes. Nous avons eu la possibilité, via des parents d’élèves, d’organiser une visite de l’entreprise pour des enfants du primaire. Ces visites contribuent à démystifier l’image de l’industrie agroalimentaire en démontrant que, bien que nos process aient une taille XXL, nous pratiquons les mêmes méthodes que la boucherie artisanale et le recettage est identique. Simplement, si au lieu de parler en kilos, on parle en centaine de kilos et parfois en tonne pour la partie machines.
Actuellement, vous formez 23 alternants
Former des alternants à nos valeurs et les embaucher est un vrai challenge, mais nous avons la chance d’être une société qui compte 400 salariés. Nous nous sommes aperçus que nous accueillions majoritairement des alternants dans les services administratifs, les fonctions support, les RH, le marketing, le commerce, les services achat ; peu dans le service méthodes et la R&D et pas du tout à la production alors qu’elle compte trois fois plus de salariés et que nous avons des besoins de renouvellement importants. Il est urgent de recruter des apprentis en charcuterie pour créer la prochaine génération de collaborateurs en production.
Former des alternants, c’est aussi la possibilité d’investir dans des projets et de mener un travail de réflexion en lien avec leurs études en bénéficiant de leur approche universitaire. Or, nous sommes situés dans un bassin d’emploi où nous avons beaucoup de difficultés à recruter des cadres diplômés à bac +3 ou bac +5.
Pourquoi avez-vous choisi de sponsoriser une équipe cycliste ?
Nous mettons en place des cercles plus vertueux, notamment avec la marque Philippe Wagner et ses recettes sans nitrites et 100 % naturelles qui répondent aux attentes des consommateurs qui souhaitent mieux consommer. Or qui de mieux qu’un sportif de haut niveau qui consomme nos produits pour montrer qu’ils sont bons pour la santé ?
Le cyclisme était un choix tout aussi naturel pour Philippe Wagner. Passionné de sport et ayant le goût du challenge et du défi, il souhaitait trouver un vecteur de communication fort, visible, qui puisse parler à tous les publics. Le cyclisme, rassemble tous ces objectifs : une visibilité forte auprès du public pendant les courses et lors des retransmissions, une bonne identification de la marque via le nom éponyme de l’équipe et le marquage les maillots, et une communication efficace, le vélo offrant des retours intéressants en termes de retombées et de médiatisation, avec une équipe qui figure dans le top 35 mondial et participe aux courses parmi les plus belles du calendrier.
Le sport permettait également de faire le lien avec le challenge André Bazin, le fondateur de l’entreprise, organisé depuis plusieurs années au sein de l’entreprise. Ce jour-là, nous arrêtons le travail à 15 heures pour réunir nos collaborateurs en organisant une course cycliste. Les groupes sont définis différents par niveau suivant un objectif de temps et les départs sont différés pour qu’à la fin tous franchissent la ligne d’arrivée en même temps. Après la course, on se réunit autour d’un repas convivial. Cette course permet de créer une émulation dans l’entreprise. Tout le monde en parle six mois avant et six mois après et se questionne sur la façon dont ils se préparent pour le challenge suivant.
Quels sont les liens entre les coureurs et les collaborateurs ?
Dans sa philosophie, Philippe Wagner manage l’entreprise tout comme il manage l’équipe cycliste. Les attentes dans le monde du sport et le management en entreprise sont similaires et il est important de les partager : valeurs du travail, rigueur, efforts, performance et aussi la cohésion. À la fin de cette journée challenge, nous organisons un temps d’échanges en invitant un cycliste de l’équipe Philippe Wagner et les collaborateurs pour créer ce lien. Ils ont la possibilité de lui poser des questions sur leur entraînement, leur préparation, leur alimentation, la stratégie de course du directeur sportif, avoir des détails sur le moment clé qui a permis à un coureur de l’équipe de remporter la course… Ces rencontres permettent aux salariés d’être portés par la réussite et la victoire de l’équipe, car lorsqu’un coureur Wagner-Bazin est victorieux, c’est tout le personnel de l’entreprise qui gagne.
Empreinte carbone, produits sans additif, origine France, nous devons continuer à développer cette culture pour rester attractifs.
Cet évènement fédérateur est aussi l’occasion de porter une attention particulière au personnel…
Exactement, nous profitons de ce moment pour fêter l’anniversaire des collaborateurs qui vont entrer dans une nouvelle décennie. J’ignore si cela se pratique dans beaucoup d’entreprises, mais c’est une attention qui a été mise en place depuis la création de l’entreprise par André Bazin en 1954 et cette marque de reconnaissance fait partie des valeurs que l’on a le soin de perpétuer.


Le handicap tient une place importante dans votre politique RSE…
C’est un sujet sur lequel nous sommes très concernés. Nous dépassons même l’obligation qu’ont les entreprises de plus de 20 salariés d’embaucher des travailleurs handicapés dans une proportion de 6 % de leur effectif total. Lorsque nous en avons la possibilité, nous proposons des postes au titre de reclassement à nos salariés qui se retrouvent dans cette situation. Ça a été le cas pour un responsable d’atelier qui, à la suite d’un accident, ne pouvait plus travailler en production, et qui s’est vu proposer un poste en planification.
Chaque année, nous participons au Duo Day. Cela consiste à intégrer des personnes reconnues travailleur handicapé et éloignées de l’emploi dans un service pendant une journée. Cela leur permet de découvrir l’entreprise et de créer un lien avec nous pour, lorsque nous en avons la possibilité, leur faire une proposition. C’est arrivé il y a quelques semaines, lorsqu’une personne s’est présentée pour effectuer un stage à l’accueil et que nous lui avons proposé d’en allonger la durée avec l’éventualité que cela débouche sur une embauche. Ce type d’opération peut effectivement ouvrir des portes, quelle que soit la nature du handicap, visible ou invisible.
Quel bilan-faites vous des retombées de votre marque employeur aujourd’hui ?
Même si nous avons encore beaucoup à faire, nous avons accéléré sa construction depuis cinq ans en étant davantage présents sur Facebook et Instagram et en développant des initiatives comme le CV inversé. En faisant parler de nous, même si l’on fait partie des gros employeurs du secteur et que l’on nous connaît, le réseau du vélo nous a permis de capter de nouveaux alternants qui avaient vu l’équipe Philippe Wagner sur des courses cyclistes.
Nous devons continuer à nous faire connaître dans le monde du sport et renforcer le lien avec l’entreprise, mais aussi développer nos valeurs par le biais de la RSE, car les jeunes sont de plus en plus à l’écoute de ce que nous pouvons proposer en termes de qualité produit et sont nombreux à refuser de travailler pour certaines entreprises en raison de leurs convictions personnelles. Empreinte carbone, produits sans additifs, origine France, nous devons continuer à développer cette culture pour rester attractifs.
* Le DuoDay est une opération pilotée par l’ALGEEI en collaboration avec le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités, qui s’inscrit dans la Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes handicapées.
André Bazin
> Entreprise créée en 1954
– 400 salariés
– 23 apprentis pour 330 ETP
– X % de travailleurs handicapés
– écart de rémunération : 39/40
– augmentations individuelles : 20/20
– écart de taux de promotions : 15/15
> Engagements
• Produits fumés naturellement avec du bois de qualité issu de forêts gérées durablement dans la région.
• 2019, lancement de la gamme 100% naturelle Philippe Wagner).
– 2024, création d’une merguez végétale.
> Sponsor premium de l’équipe cycliste de
2e division pro Wagner-Bazin
23 coureurs professionnels, 3 directeurs sportifs

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