Le cinéma L’Entracte à Vagney : le cinéma 100% bénévoles
A Vagney, le cinéma associatif L’Entracte séduit de plus en plus d’adeptes.
” Exploitant bénévole “, Jean-Marie Gousset, le président de Vagney Loisirs, partage avec son équipe une passion née dès l’enfance.
Le premier film qui l’a marqué est de John Ford. ” Du noir et blanc “, se souvient Jean-Marie Gousset. Il avait alors huit ans. C’était l’été, dans la salle de cinéma, ouverte dans la cure, par son parrain, prêtre ouvrier à Neuvillers-sur-Moselle, en Meurthe-et-Moselle. ” L’Homme qui a tué Liberty Valance ” est définitivement gravé dans la mémoire du président de Vagney Loisirs. De son enfance, il a gardé et développé une passion pour le cinéma qu’il partage désormais à L’Entracte.
Créée avant guerre, longtemps privée, condamnée à la fermeture à la fin des années 70, la salle mythique de Vagney, aux allures ” de dernière séance ” d’Eddy Mitchell, s’impose désormais dans le paysage de la diffusion cinématographique vosgienne. 1981, où il était question de ” dynamiser les cinémas des petites communes “, a marqué sa renaissance, sous la présidence d’Elisabeth Orivel. Le cinéma, racheté par la commune, échappe à la destruction. Vagney Loisirs se charge de l’animer. 2013 confirme le nouvel élan donné en 2008, quand, avec une quinzaine de bénévoles, Jean-Marie Gousset s’attache à ouvrir plus encore les horizons filmiques. Avec le soutien inconditionnel de la communauté de communes des Vallées du Bouchot et du Rupt qui ” fournit salle, chauffage ” et le précieux projectionniste Florian Lambolez. Vagney Loisirs reverse, dans le cadre d’une convention, 95% de ses recettes.
La fréquentation a quasiment doublé en 5 ans
Plutôt porteur quand on sait que la fréquentation de L’Entracte, avec 16 461 entrées en 2011, a quasiment doublé en cinq ans, et qu’il projette plus de 150 films, en 255 séances. La recette tient à quelques initiatives de poids : le passage à cinq séances hebdo en moyenne, une programmation plus dense en art et essai, L’Entracte comptant dans le millier de salles du genre en France, sans oublier des soirées ” historiques “, avec les commentaires d’Emmanuel Garnier, un historien et l’organisation de soirées débats, autour de réalisateur ou d’invités témoins. Une douzaine par an !
Le harcèlement au travail, le système médiatique, ou encore la conquête des sommets : les thèmes, nourris de réalisations éclairées, sont des plus ouverts. Témoins, les deux prochains rendez-vous le 19 avril toujours à 20h30 avec ” Le choix de Michèle “, un documentaire sur la fin de vie et les soins palliatifs, et le 10 mai où la soirée sera consacrée au film ” Des abeilles et des hommes “, avec Pierre Tisserant comme invité, un homme de l’art.
” J’aime quand les gens sortent avec le sourire “, résume Jean-Marie Gousset, quand il évoque son engagement. ” Ce qui m’intéresse le plus, c’est quand les gens découvrent la salle “. Ce qui ne l’empêche nullement d’en fréquenter d’autres. A Paris, où il travaille à mi-temps et déniche des ” petits bijoux dont les medias ne parlent pas et qui ne passent nulle part ailleurs dans les Vosges ” ou encore lors des Rencontres du cinéma de Gérardmer où il ne raterait aucune projection. Les meilleures rejoignent la liste des films choisis par une commission pour intégrer la programmation de L’Entracte. Avec une note maison : ” Privilégier la Version Originale, sauf le week-end “. Classé logiquement ” exploitant bénévole ” par le Centre National de la Cinématographie, Jean-Marie Gousset vit, on l’a compris, ” une belle aventure “, au nom de la ” proximité, de la convivialité et du contact “.
L’Entracte, 234 places, est équipé d’une salle numérisée depuis l’an dernier, avec 3D, sans renier un projecteur 35 mm. Prix sympa : 4 euros (tarif réduit), 5 euros (tarif plein) + 1 euro (3D)
