Benoît Bastien : « Je suis un amoureux du football »

Arbitre international depuis quelques mois, Benoît Bastien gravit les échelons un à un pour devenir l’une des références de l’arbitrage tricolore. Le Vosgien fêtera ses 31 ans en avril.
Quelle ascension depuis vos premiers coups de sifflet sur les terrains vosgiens, il y a plus de 12 ans ! Pouvez-vous regarder dans le rétro et expliquer comment un jeune vosgien passe du stade Lucien Nicolas de Rambervillers au Stade de France ?
Benoît Bastien – Tout s’est enchaîné très vite. J’étais un sportif touche-à-tout mais ma carrière a basculé lors de la coupe du monde de 1998 en France et surtout grâce à la victoire des Bleus. J’ai été influencé par mes amis footeux qui m’ont traîné au stade de Brû pour jouer avec eux. J’y joue un an avant de signer une nouvelle saison avec Rambervillers. Une année intéressante puisque nous remportons la Coupe des Vosges U18. Parallèlement, certains de mes copains découvrent l’arbitrage et je m’y intéresse rapidement. C’est à 18 ans que je fais mes premières armes avec le sifflet et je ne le quitterai plus.
C’est tout de suite une révélation ?
B. B. – Oui, j’ai immédiatement pris du plaisir à enfiler ce costume. Malgré l’appréhension d’arbitrer des joueurs souvent plus âgés que moi, je me suis facilement fait respecter en étant accompagné par des représentants de la ligue. Etant d’une nature plutôt réservée, aujourd’hui je peux dire que ce rôle a servi à me libérer, un peu comme un comédien sur les planches.
Outre le plaisir que vous prenez sur le rectangle vert, vous vous faites remarquer et gravissez les échelons rapidement.
B. B. – J’ai eu la chance d’évoluer rapidement malgré mon arrivée tardive dans le football. Il faut savoir que la plupart des arbitres débutent à 14 ans et malgré mon retard j’ai su saisir ma chance. Trois ans après mon premier match en tant qu’arbitre principal, j’ai eu la chance d’être sélectionné pour arbitrer Benzema, Ben Arfa ou encore Rémy pour une demi-finale de Coupe Gambardela. Mon meilleur souvenir c’était la première fois que j’officiais dans un match d’une telle importance, face à un public venu en nombre où j’avais l’intime conviction du travail accompli. La finale qui suivra, quelques semaines plus tard, fut aussi un grand moment puisqu’elle se déroulait au stade de France. J’avais le rôle du 4e arbitre donc le temps d’en prendre plein les mirettes.
Quand arrivez-vous dans le monde professionnel ?
B. B. – J’arbitre mon premier match de Ligue 2 en 2010 et de Ligue 1 l’année suivante. Un gros palier à franchir car le niveau n’est plus le même et la façon d’arbitrer est diamétralement différente. Outre le fait de se retrouver face à de grands joueurs, c’est surtout l’ambiance, la pression médiatique et les décisions que nous prenons qui ont une importance démesurée. Nos moindres gestes sont épiés et un simple coup de sifflet peut faire polémique pendant des jours, des semaines, voire faire écho un an plus tard.
Comment préparez-vous vos matchs ?
B. B. – Aussi consciencieusement qu’un entraîneur. Je visionne les derniers matchs des équipes que je vais arbitrer le week-end suivant pour évaluer les gestes des joueurs que j’aurai en face de moi, leur façon de réagir aux remarques et provocations, leur façon d’aborder un coup de pied arrêté
De plus, je m’astreins à une préparation physique comme tout sportif de haut niveau.
Comment réussissez-vous à conjuguer ce rôle avec votre profession ?
B. B. – Jusqu’à l’an dernier, j’étais professeur d’EPS mais mes nouvelles fonctions d’arbitre international m’ont poussé à me mettre en ” disponibilité “. J’ai pris la succession d’Alain Sars comme référent à la formation d’arbitrage pour la ligue de Lorraine. Ça me tiens à coeur de transmettre ma passion aux générations futures. C’est comme cela que je vois ma reconversion.
Justement, comment imaginez-vous votre avenir ?
B. B. – J’aime me mettre des challenges comme atteindre l’élite de l’arbitrage international et officier en Coupe du monde mais je me concentre avant tout sur le prochain match. Je suis un amoureux du football. Je ne me pose aucune limite et c’est mon physique qui me signalera le moment d’arrêter. Mais pas avant une bonne quinzaine d’année, j’espère.