Stéphane Jouve : « Lola peut devenir une des meilleures Françaises »
Escrimeuse en pleine progression, Lola Lucani semble être l’un des plus grands espoirs nationaux. Son maître d’armes, Stéphane Jouve, présente sa talentueuse protégée qui participera à trois championnats de France, dans trois catégories différentes.
Stéphane Jouve, après avoir formé Quentin Lucani, qui s’approche du top 20 français, vous êtes en train de révéler sa petite soeur Lola. Quel est votre secret ?
Stéphane Jouve – Il y a trois principes importants à respecter pour performer en escrime : le courage, le travail et le sérieux. J’ai eu la chance de rencontrer de nombreux jeunes qui ont compris et assimilé ces qualités lorsque j’étais à Strasbourg et depuis que je suis à Epinal. J’ai remarqué que les escrimeurs étaient de bons élèves à l’école et avaient une maturité précoce. Ce n’est pas anodin selon moi. Quentin et Lola ont ces qualités et les exploitent le mieux possible. Après, il y a les qualités intrinsèques de chacun qui font que l’on progresse jusqu’au summum national et que l’on se démarque, comme dans tous les sports.
A quel âge Lola a-t-elle débuté l’escrime ?
S. J. – En voyant son frère pratiquer et progresser, Lola a eu envie de s’essayer à 4 ans. Elle a gravi les échelons progressivement dans toutes les catégories d’âge en commençant en Éveil escrime, en 2003.
Avez-vous remarqué quelque chose en plus dans son attitude ?
S. J. – J’ai vite aperçu des aptitudes dans son jeu mais je ne suis pas pour pratiquer la compétition trop tôt. Je préfère que mes élèves découvrent les trois types d’armes correctement : fleuret, épée et sabre. Comme les athlètes et nageurs, on ne formate pas un jeune dans une discipline mais on le laisse affirmer sa préférence. Et elle a choisi l’épée, comme son frère.
Quand a-t-elle obtenu ses premiers résultats probants ?
S. J. – Dès ses premières compétitions en tant que benjamine 1, à 10 ans. Elle remporte son premier championnat de Lorraine et pour l’habituer à la compétition, je décide de la surclasser en minime où elle devient la troisième meilleure en Lorraine. Lola se qualifie pour les championnats de France où elle finit 73e. Puis elle confirmera en finissant la saison 2012 au 9e rang national minime, à seulement
11 ans. Une performance qui lui permet de participer à un stage national au milieu des 20 meilleures françaises.
L’an dernier, elle passe un nouveau cap ?
S. J. – Oui, elle monte en catégorie et je la surclasse en cadette. Et là encore elle performe rapidement en finissant 16e meilleure cadette nationale. Elle montre un physique capable de rivaliser avec les meilleures ce qui me pousse à lui demander toujours plus.
C’est dans cette optique que vous décidez de la ” double surclasser ” ?
S. J. – C’est ça. Tout en continuant à pratiquer dans les catégories minimes et cadettes, nous avons testé son niveau face aux Juniores. Et elle vient de réussir l’exploit de se qualifier pour les championnats de France dans les trois catégories. Une performance inédite en France selon plusieurs spécialistes. Elle est la 28e meilleure juniore au milieu de filles qui ont 4 ans de plus.
Elle semble avoir un meilleur niveau que son frère au même âge ?
S. J. – L’an dernier, je ne l’affirmais pas mais aujourd’hui elle est un cran au dessus. Elle a une progression constante qui est impressionnante en terme de technique, force mentale et physique. Si elle reste sérieuse, elle peut devenir une des meilleures Françaises.
Son avenir est-il à Epinal ou sera-t-elle obligée de partir pour continuer à progresser ?
S. J. – Notre volonté est de rester à Epinal le plus longtemps possible. Elle se plait ici et adore travailler avec ses coéquipiers au club. La seule chose qui pourrait l’empêcher de rester serait l’aspect budgétaire car les compétitions coûtent cher et elle n’est pas la seule à progresser à Epinal. Thibaut Sannier obtient d’excellents résultats en cadets et notre équipe senior emmenée par Quentin performe aussi nationalement. Tout dépendra des aides dont nous bénéficierons dans le futur.
