J.P. Nazon : le Spinalien roi des Champs-Elysées au Tour de France

J-1 avant l’arrivée du Tour de France dans les Vosges. A cette occasion, la rédaction présente ces Vosgiens qui ont marqué l’histoire : Jean-Patrick Nazon, petit prince du sprint vosgien qui a remporté une étape de prestige sur le Tour de France.
Dernier Vosgien en date à avoir remporté une étape sur le Tour de France, personne n’a oublié la fantastique carrière de Jean-Patrick Nazon. Frère cadet de Damien, J.P. a toujours été un sportif accompli. Mais il ne tarde pas à suivre les traces de son grand frère en signant sa première licence au sein du Véloce Club Spinalien.
De plus en plus en vue sur les grandes courses régionales puis nationales, il suit la même trajectoire que Damien en rejoignant la formation de Jean-René Bernaudeau, Vendée U. Une saison dans la meilleure équipe nationale amateur et le jeune sprinter surdoué se voit proposé un contrat professionnel à la Française des Jeux.
“Ca a beaucoup fait jasé car normalement tout coureur amateur doit passer une année “stagiaire” avant de signer pro. On me disait que j’arrivais trop tôt mais Marc Madiot a cru en moi et Nicolas Vogondy. L’année suivante, Jimmy Casper connaîtra la même polémique”, explique le coureur qui a grandi à Florémont, près de Charmes.
Sauf que la première expérience professionnelle de Jean-Patrick ne se passera pas aussi bien qu’espéré. Après une première participation sur le Tour de France en 2000 où il abandonnera sur chute lors de la dixième étape, il entre en conflit avec son directeur sportif.
Non retenu pour les deux éditions suivantes de la Grande Boucle, la faute au relation conflictuelle qu’il entretien avec Madiot et à la concurrence importante dans l’équipe, Nazon quitte la Française des Jeux pour rejoindre la petite équipe Jean-Delatour. “Je voulais devenir le sprinter numéro un de mon équipe, qu’on me fasse confiance sans être obligé de partir dans une équipe étrangère”, souligne-t-il.
Un pari fou qui s’avérera payant puisqu’il est retenu pour le Tour de France 2003 et que sa participation va marquer sa vie. Métamorphosé psychologiquement et surtout en très grande forme, il rivalise avec les meilleurs lors des sprints de bonifications et aux arrivées des sprints massifs, sans jamais réussir à s’imposer.
Alors qu’il prend la seconde place à Sedan, la veille, Jean-Patrick s’empare du maillot jaune lors de l’étape Sedan – Saint-Dizier. Une tunique en or qu’il ne conservera qu’une seule journée. “Une journée inoubliable. C’était un contre-la-montre par équipe. Aux yeux du grand public, le Tour de France est la course la plus importante du monde et je m’en suis rendu compte. C’était un vrai rêve de porter ce maillot”, témoigne-t-il encore pensif.
Alors qu’il passe parfaitement les cols, Nazon n’en finit pas de briller puisqu’il réussira l’exploit de remporter la plus prestigieuse des étapes : les Champs-Elysées. Alors que les favoris Baden Cooke et Robbie McEwen s’observent pour la conquête du maillot vert de meilleur sprinter, c’est le petit vosgien qui en profite pour se faufiler entre les deux et passer la ligne d’arrivée en vainqueur.
Il rejoint l’équipe AG2R de Vincent Lavenu, l’année suivante, avec le statut reconnu de sprinter international. Alors qu’il titille les victoires de classiques au printemps, il remporte un sprint dantesque lors de la 4e étape du Tour 2004, devant le grand Erik Zabel (Allemagne). Il finira son troisième Tour de France à la 137e place du général et abandonnera lors de la 11e étape de la Grande Boucle 2005, malade.
Une carrière exemple qui forge le respect puisqu’il est le seul Vosgien à avoir porté le maillot jaune. Il a scellé son nom pour l’éternité sur l’échiquier du cyclisme mondial.
Trois questions à Jean-Patrick Nazon :
Votre carrière a été riche en victoires mais quelle est celle que vous placez en numéro 1 ?
Jean-Patrick Nazon – Incontestablement, l’étape des Champs-Elysées est celle qui est la plus belle. C’est celle que souhaite remporter tous les cyclistes et c’est aussi la plus médiatisé. Elle ponctue un Tour de France 2003 incroyable pour moi où j’ai réussi à porter le maillot jaune. Une tunique que j’ai encadré et qui est toujours affiché au mur chez moi (rire).
Pourquoi n’êtes-vous pas devenu directeur sportif au sein d’une formation professionnelle à l’issue de votre carrière de coureur ?
J-P. N. – Je commençais à avoir une overdose de cyclisme. J’avais besoin d’une vraie pause. De me retrouver chez moi auprès des miens, après plusieurs années où je passais 200 jours par an en dehors des Vosges. Après avoir géré un magasin de sport à Saint-Dié-des-Vosges, pendant quelques années, j’ai décidé de passer des diplômes d’éducateur sportif. Fraîchement diplômé, j’envisage de proposer mes services aux sportifs de haut niveau. Et pourquoi pas revenir dans le cyclisme pro en tant que préparateur physique.
Que pensez-vous de la situation de Nacer Bouhanni qui manque le Tour de France et qui devrait quitter la formation FDJ pour Cofidis, dans quelques semaines ?
J-P. N. – Il ressemble à mon début de carrière à la FDJ également. J’étais en concurrence avec Jimmy Casper. On se tirait bien la bourre mais comme aujourd’hui, Marc Madiot ne choisissait qu’un sprinter pour le Tour de France. J’ai fait le choix de quitter l’équipe et je ne l’ai pas regretté. Nacer semble en partance pour Cofidis ou une équipe étrangère. Si il venait me demander conseil, je lui dirais de choisir pour une formation française car il est encore jeune et on se sent toujours mieux avec des dirigeants francophones.