Comment un choix de prénom sème la pagaille sur les scènes vosgiennes

Et vous, comment ça s’est passé quand vous avez dû choisir un prénom pour votre progéniture ? Pour Vincent et Élisabeth, ce qui devait être une soirée paisible en famille tourne au règlement de compte comique !
Mathieu Delaporte et Alexandre de la Patellière : c’est à ces deux auteurs inventifs venus du milieu de la télévision que l’on doit la pièce à succès Le Prénom, devenue par la suite un film, dont les personnages ont été incarnés à l’écran par Patrick Bruel, Charles Berling, Valérie Benguigui ou encore Guillaume de Tonquédec. Ces deux derniers remporteront d’ailleurs un César du second rôle pour leur interprétation.
Mais revenons à la scène. Cette adaptation donnée jusqu’à la fin de l’année dans les Vosges a failli ne pas voir le jour. Pour des raisons d’exclusivité, Le Prénom ne peut pas être joué en France jusqu’en 2017. Pas assez pour freiner Clotaire Leniobey !
” On a déjà joué cette pièce en juillet dernier, dans le cadre d’un projet pédagogique du collège de Dompaire, le succès a été tel qu’on a voulu la mettre en scène une nouvelle fois “, assure le jeune homme.
Entouré d’une bande d’amis comédiens, ils ont réussi à mettre sur pied la pièce, et surtout à en décrocher l’autorisation pour l’interpréter. Pour cela ils se sont rapprochés directement des deux auteurs, qui sensibles à leur démarche ont accepté d’autoriser exceptionnellement de la laisser jouer.
Il faut dire que le propos de la pièce est pour le moins original, voire délicat : Vincent, un brillant agent immobilier, et sa femme Élisabeth sont invités à dîner par sa soeur et son mari, tous deux professeurs, accompagnés d’un ami d’enfance, musicien à l’orchestre philarmonique de Radio France. Un repas à cinq, dans un milieu bon chic bon genre parisien, qui devait se dérouler sans bémol.
” Quand j’étais enfant j’ai connu les conflits de famille, les non-dits “
Mais Vincent arrive en avance et annonce le prénom choisi pour leur futur enfant : ce sera Adolphe. En référence au roman de Benjamin Constant, se défend-il. Un choix douteux qui ne va pas sans évoquer le prénom du dictateur allemand et qui va faire voler en éclats la paisible soirée qui s’annonçait. Pour le reste on n’en dira pas plus, car la pièce va de rebondissements en surprises.
Il est surtout intéressant d’y analyser comment les relations vont s’envenimer progressivement et révéler au grand jour les tensions qui agitent amis et famille. ” Ça dégénère très vite ! Mais ce n’est pas un mélodrame, c’est une comédie, même si à la fin tout le monde s’engueule et que les reproches fusent “, rappelle Clotaire.
Évidemment, toute la famille est effarée par le choix du prénom, et les arguments ne vont pas manquer pour détruire cette idée saugrenue et condamner la référence à Hitler. Mais le scénario subtil brise les codes et instille le doute : Vincent a-t-il réellement fait ce choix ? S’il semble convaincu et revendique son droit à choisir librement le prénom, fait-il encore preuve de bon sens ?
” J’ai adoré l’histoire, c’est un duel hilarant d’argumentation. Le texte est très enlevé, garni de références historiques et culturelles “, continue le comédien qui incarne justement le personnage de Vincent. Clotaire, nous vous en avions parlé il y a quelques mois : il excellait alors derrière la caméra pour le tournage d’une web-série ” Il était une fois la résistance ” et ” Résistance 1942 “.
Sur les planches, les rôles se sont inversés, il est sur les devants de la scène. ” De la vidéo, j’ai apporté mon expérience que ce soit sur l’occupation de l’espace, ou sur le placement des acteurs. ” Trois heures de répétition par semaine durant quatre mois, et nos six comédiens de la troupe du Grand Défouloir, rattaché à l’association Ciné Art, sont prêts. La première a eu lieu le 1er novembre et il reste quatre représentations à suivre avant la fin de l’année dans les Vosges.
” Quand j’étais enfant j’ai connu les conflits de famille, les non-dits J’ai reconnu un petit peu cela dans cette pièce. S’il n’y a pas de moralité à cette histoire, on peut quand même en conclure que malgré nos différences, quand on aime on pardonne. C’est basique ! “
PROGRAMME
Samedi 8 novembre à 20 h 30
Lavoir-théâtre Georges Brassens à Épinal
Entrée gratuite.
Réservation obligatoire au 06 07 27 52 08Vendredi 14 novembre à 20 h 30
Centre Léo Lagrange à Épinal
Entrée gratuite.
Réservation obligatoire 03 29 31 38 97Vendredi 21 novembre à 20 h 30
Salle paroissiale de Lamerey
Entrée gratuite.
Réservation obligatoire au 06 07 27 52 08Samedi 6 décembre à 20 h 30
Lavoir-théâtre Georges Brassens à Épinal
Entrée gratuite.
Réservation obligatoire au 06 07 27 52 08