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Libération de Saint-Dié : « La joie au milieu de la désolation »

Le 20 novembre 2014 par Bruno Veillon

David Valence, Maire de Saint-Dié-des-Vosges, revient sur la douloureuse histoire de la Libération de sa ville en novembre 1944, à la veille des commémorations qui se tiendront tout le week-end.

Saint-Dié a beaucoup été défigurée par les conflits de la seconde guerre mondiale. En subsiste t-il des séquelles encore aujourd’hui ?

Une petite portion rive gauche autour de la gare n’a pas été détruite. Pour le reste, tout a été brûlé. Sur la cathédrale, on voit encore les traces de la traînée de poudre des dynamites sur les pierres selon certaines personnes. Pendant de longues années après la guerre, on a construit et vécu dans des cabanes de bois, qui faisaient ressembler la ville à des camps américains au moment de la ruée vers l’or ! Certains en ont même la nostalgie…. Il demeure d’ailleurs certaines de ces habitations notamment chez des particuliers dans leurs jardins. Célébrer la Libération c’est aussi se souvenir que la ville a été brûlée à 85 %. Sa physionomie actuelle tient beaucoup de cette reconstruction.

Quel souvenir gardent les Déodatiens de cet épisode ?

C’est un souvenir à la fois douloureux et heureux. Je suis frappé de voir sur les photographies de l’époque la joie de la liberté et à l’arrière le paysage de désolation. Le sentiment après 44 est complexe : des gens ont perdu plusieurs membres de leurs familles, il leur a fallu du courage pour renouer avec la vie, imaginer l’avenir, élever des enfants, reprendre une activité… On ne le mesure plus tellement aujourd’hui.

Comment faire coexister ces deux sentiments de joie et de peine dans une même commémoration ?

Ce n’est pas simple de rendre cette complexité. Le meilleur moyen c’est de multiplier les intentions, en mélangeant des choses classiques comme les défilés, des expositions, des symboles (des changements de noms de rues qui vont prendre le nom de résistants locaux et nationaux), et puis ça va se traduire par des animations musicales.

Pourquoi avez-vous voulu marquer plus spécialement ce 70e anniversaire ?

Pour ce 70e anniversaire, il y a encore des survivants présents. C’est une des dernières occasions de transmettre de vive voix le témoignage de ceux qui ont vécu cet événement. Saint-Dié-des-Vosges est une ville martyre, c’est pourquoi elle a obtenu la Légion d’honneur. On invite tous les Déodatiens, c’est pour cela que cet anniversaire est important.

Les commémorations mobilisent-elles encore les foules ?

Je dirais que l’on mobilise plus facilement les moins de 20 ans sur ce type d’événement grâce aux écoles qui impliquent beaucoup les élèves grâce au cours d’histoire. Le principal défi c’est plutôt les générations intermédiaires, les 30-50 ans. Il faut rappeler que commémorer c’est une forme de respect et de sagesse. La mémoire n’est pas que l’affaire des associations patriotiques. 

Dans mon action de maire, je me demande toujours si je suis fidèle à ce qu’ont fait les gens il y a 50 ans. Cela m’oriente dans mes décisions, comme l’avenir m’oriente aussi. En même temps, il ne faut pas être servile vis-à-vis de l’histoire, il faut être libre de déroger, de sortir du rang, de ne pas penser comme les autres, de prendre des risques, quand on pense que l’essentiel est en jeu. Bien connaître l’histoire, c’est oser, pas seulement déplorer.

Vendredi 21, samedi 22 et dimanche 23 novembre 2014
=https://www.centpourcent-vosges.fr/culture/sortir/70e-anniversaire-de-la-liberation-de-saint-die-des-vosges-a2802.html]Cliquez ici pour retrouver le programme complet

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