Pour recréer du lien social : l’Épisel, la monnaie du bonheur

Épinal possède son groupe de Transition et son Système d’Échange Local. De quoi s’ouvrir des horizons nouveaux de solidarité et de partage, pour le mieux être de l’homme et de la planète. Découverte.
” Nous nous échangeons des services, des produits, des savoir-faire, des connaissances. ” ” Sans qu’aucune notion d’argent, de bénéfice financier ne s’interfère. ” ” L’idée, c’est de recréer du lien social entre voisins, sur un territoire. C’est aussi une manière de s’engager. ” Les contributions à la définition d’Episel, le Système d’Echanges Local d’Epinal, fusent, enthousiastes, argumentées.
Rémy Bessin, 21 ans, est étudiant à l’ENSTIB d’Epinal, Léo Poisson, 25 ans, formé à l’audiovisuel et jeune chômeur, accompagne des élèves en situation de handicap, Nathalie Menuge est chargée de communication dans un organisme lié à la santé, Julien Perrin, le président d’Épinal en transition (lire encadré), est connu pour son engagement écologique. Ils comptent tous parmi la trentaine d’acteurs de ce système fondé au Canada dans les années 1980, le LETS en anglais pour Local Exchange Trading System.
1 Episel = 1 minute
” Techniquement “, le fonctionnement est simple. Une unité d’échange ici l’Episel, basée sur le temps 1 Episel = 1 minute permet de comptabiliser lesdits échanges, après création d’un compte (www.episel.communityforge.net). Sans recours donc à un quelconque euro.
L’intérêt, lui, est pluriel, ” favorisant d’abord la solidarité et le lien social “. ” Je m’ennuyais, c’est une manière de s’occuper “, dit Léo. De ” sortir de l’isolement “, ajoute Nathalie qui poursuit : ” cela prouve que chacun à les moyens de faire quelque chose “. Arrivant tout droit de Normandie, Rémy connaissait peu de monde dans les Vosges. ” Je me suis fait réparer mon ordinateur “. Lieu de solidarité, un SEL est aussi, on l’a compris, le temps d’échanges de compétences.
Tout est possible, ouvert : réparer un vélo, se faire couper les cheveux, prêter un livre, vivre une séance de reiki (soins japonais), ou recevoir une poignée de bettes du jardin, voire numériser des vinyles, échanger une tondeuse
” Sans jamais entrer en concurrence avec un artisan “, précise Julien Perrin. ” C’est du pur dépannage , grâce à des échanges croisés entre tous les membres “.
Un nouveau modèle de société
L’expression aussi d’une conviction : ” Encourager une consommation plus solidaire et plus conviviale, relocaliser les activités. Et ainsi réapprendre à vivre ensemble et à s’entraider “, à devenir aussi ” plus autonomes ” par rapport à une économie mondialisée, libérale, consumériste. Bref, travailler à l’émergence d’ ” un nouveau modèle de société “.
Association support d’Episel, Epinal en Transition s’y emploie, accueillant des membres venus d’horizons divers l’écologie, le besoin d’apprendre, de tisser des liens. Témoins aussi les ateliers qui s’y déploient : l’auto-construction (de broyeuses à végétaux, four ou séchoir solaire, micro-éolienne ), la permaculture, la communication, l’art de cuisiner, voire l’électrification de son vélo ou encore les produits cosmétiques, naturels cela va de soi.
Un groupe de transition
L’envie était là. Personnelle. Le partage d’un film ” Villes en transition ” a été l’étincelle. ” Nous nous sommes regardés, en disant : cette fois on ne rentre pas tout seul dans notre coin “, se souvient Julien Perrin. Echange d’adresses, retrouvailles. Né en 2006 en Grande Bretagne, dans la petite ville de Totnes, le mouvement de Transition a trouvé son prolongement à Epinal, en début d’année. Une association a vu le jour. ” Cela a germé tout seul “, résume son président, s’empressant d’ajouter : ” Ici la co-décision est reine “. Véritable ” pépinière d’initiatives “, ” chacun pouvant initier sa transition “, Epinal en transition est ainsi le cadre d’autant d’actions, de projets, partagés bien sûr. Le Système d’Echanges Local (SEL) Episel en est l’une des expressions. L’idée majeure est de ” prendre conscience des profondes conséquences que va avoir sur nos vies la convergence du pic du pétrole et du changement climatique, et de s’y préparer concrètement “. Les champs d’action ne manquent pas : l’alimentation, la santé, la relocalisation de l’économie, l’engagement citoyen Il existe aujourd’hui 70 groupes de transition en France, dont trois dans les Vosges à Epinal, donc, Saint-Dié et Plombières-les-Bains.
www.epinal-en-transition.fr