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Quentin Gilbert : Mécanicien la semaine et pilote le week-end

Le 12 mars 2015 par Bruno Veillon

C’est sous le moteur d’une grosse cylindré allemande, dans le garage familial basé à Châtenois, que Quentin Gilbert a accepté de revenir sur son parcours. Destin d’un champion qui pourrait être le digne successeur de Sébastien Loeb.

Quelques semaines après votre victoire au Rallye de Monte-Carlo, quelle surprise de vous retrouver avec votre bleu de travail, dans le garage de votre père Patrick ! Le retour au quotidien n’est-il pas trop difficile ?
Quentin Gilbert – Pas du tout, j’ai une formation de mécanicien et carrossier et il est tout à fait légitime qu’après les heures de gloire, je retrouve mon emploi. Je ne suis pas un pilote professionnel donc je dois avoir une activité pour pouvoir bénéficier d’un salaire à la fin du mois. 

Malgré vos résultats de plus en plus prometteurs, vous ne vivez pas encore de votre passion ?
Q. G. – Non, il y a beaucoup de prétendants et peu d’élus dans le sport automobile. En rallye, il y a deux types de coureurs qui réussissent à gagner leur vie : les pilotes officiels qui représentent une marque et ceux qui sont sponsorisés par de nombreux partenaires. Moi, je me situe entre les deux. 

Pouvez-vous approfondir votre situation ?
Q. G. – Je ne suis plus pilote officiel. Il a donc fallu trouver des sponsors pour pouvoir financer ma saison. Cette année, je la dois à un partenaire privé, Armando Pereira. Vosgien d’origine portugaise. Nous nous sommes liés d’amitié et il a décidé de me suivre pour lancer ma carrière. Sans lui, rien ne serait possible.

Pouvez-vous retracer votre carrière qui vous destine à un titre de champion du monde junior ?
Q. G. – Tout a débuté à mes 14 ans. Mon père avait refusé l’achat d’une mob’ car je ne travaillais pas assez bien à l’école mais il m’a offert un karting. J’ai commencé le pilotage sur les circuits lorrains pendant 
3 ans et en 2007, je récupère une Clio à l’état d’épave. Nous décidons de la reconstruire en famille dans le but de m’inscrire en rallye, dès l’obtention de mon permis de conduire. 

Quentin Gilbert : ” Si je remplis l’objectif, je me qualifierai en WRC2 en 2016 “

Quels sont vos premiers résultats sur route ?
Q. G. – Je débute bien par le Rallye Ajolais, en mai 2008, où je réussis la perf’ de terminer 24e au général sur 130 voitures au départ. Suivront six rallyes prometteurs et les qualifications pour le Rallye jeune où je prends la seconde place. Une victoire m’aurait permis d’avoir une saison ” tous frais payés “. C’était mon objectif en 2009 et je le réussis, après une saison sans aucune casse. Si mon année 2010, au volant d’une 207, a été décevante, c’est l’année suivante en championnat Renault que je marque les esprits. Une saison parfaite remplie de podiums. Je deviens pilote officiel Citroën en 2013.

C’est la saison de tous les excès ?
Q. G. – (Rires) Oui, 2013 débute par un excès de vitesse (lire encadré, ndlr) et se termine sur une bonne note. Je gagne donc une place en Citroën Top Driver et de l’expérience dans les manches mondiales qui se courent en Europe. Second du classement final, Ford me propose une voiture pour leur championnat 2014 et je participe à quelques manches du championnat WRC 2, dont =https://www.centpourcent-vosges.fr/sport/autres-sports/victoires-des-vosgiens-gilbert-et-perry-au-rallye-de-france-a2696.html]une victoire mémorable sur le Rallye de France, dans les Vosges. 

C’est l’une de vos plus belles victoires ?
Q. G. – Bien sûr ! =https://www.centpourcent-vosges.fr/sport/autres-sports/victoires-des-vosgiens-gilbert-et-perry-au-rallye-de-france-a2696.html]C’était un moment magique dans ma carrière : une victoire en championnat du monde, devant mes amis et ma famille. C’est d’autant plus appréciable que je gagne malgré quelques soucis sur les spéciales vosgiennes. 

Quelles sont vos ambitions cette année ?
Q. G. – Je suis engagé en championnat du monde junior WRC3. Si je remplis l’objectif, je me qualifierai en WRC2 en 2016 et une victoire me permettrait d’obtenir un volant en WRC en 2017, auprès des plus grands comme Sébastien Ogier.

Si votre plan de carrière aboutit, vous vivrez enfin de votre passion ?
Q. G. – Oui, ça sera un premier aboutissement. J’aurai 27 ans, l’âge parfait pour entrer dans la cour des grands. Clairement, si je travaille encore au garage de Châtenois en 2017, c’est que j’aurai tout manqué.

L’anecdote qui a failli briser la carrière de Quentin Gilbert

Nous sommes au printemps 2013 et Quentin Gilbert s’apprête à disputer son premier Rallye de Monte-Carlo WRC. ” Je venais de récupérer ma voiture et je partais chercher mon co-pilote. À l’époque, je roulais beaucoup trop vite. Et comme on me l’avait prédit, j’ai été flashé à 152 km/h. Je vois encore mon arrivée près d’un bois, les gyrophares des policiers éclairaient la lisière de la forêt. Impossible de négocier, j’ai eu un retrait de permis immédiat pour 3 mois. Ce qui m’a fait le plus mal, c’est d’avoir joué le co-pilote de mon co-pilote lors de la reconnaissance du rallye, sans pouvoir prendre le départ. Je l’avais mérité et cette expérience m’a refroidi. Aujourd’hui, il n’y a pas un conducteur plus respectueux du code de la route que moi. “

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