Anne Roumanoff : « Le ressenti des gens m’inspire énormément »

Anne Roumanoff présente à Épinal son tout nouveau spectacle, ” Aimons-nous les uns les autres “. Rencontre avec une artiste qui ne savait pas comment aborder la politique dans ses spectacles mais qui en est devenue la satiriste.
100% Vosges Parlez-nous de votre nouveau spectacle…
Anne Roumanoff J’ai créé ” Aimons-nous les uns les autres ” à l’Olympia le 2 février dernier. Il y a plein de nouveaux sketchs : Prière Pôle Emploi, une mère présente au mariage gay de sa fille, une femme qui veut relancer sa vie sexuelle après 35 ans de mariage, une Américaine qui critique les Français
On retrouve le sketch du bistro et je fais également monter des spectateurs sur scène.
D’où vient le choix du titre ” Aimons-nous les uns les autres ” ? C’est un contre-pied à l’actualité sombre de ces dernières semaines ?
J’ai choisi le titre en décembre avant les dramatiques attentats de janvier. C’est ironique, je parle de la difficulté à aimer les autres et du fait que même si c’est difficile, il faut essayer. L’actualité est très anxiogène en ce moment, les gens ont vraiment besoin d’en rire maintenant plus que jamais.
Ce qui m’intéresse c’est surtout le ressenti des gens, je peux passer des heures sur internet pour savoir ce que les gens pensent de tel ou tel événement. Cela m’inspire énormément.
D’où vient ce goût pour la satire politique ? Tout particulièrement depuis que l’on vous retrouve dans Vivement Dimanche avec Radio Bistro.
J’ai fait Sciences Po mais avant de créer ce personnage de Radio Bistro je ne savais pas vraiment comment aborder la politique dans mes sketchs. Je ne pensais pas d’ailleurs avant de trouver ce personnage que je pouvais avoir un goût pour la satire politique. J’ai aussi de la chance car Michel Drucker me laisse une grande liberté d’expression dans mes sketchs.
Vous vous aventurez sur des terrains glissants, est-ce qu’on vous le reproche ?
C’est vrai que certains thèmes sont plus difficiles que d’autres à aborder, j’ai parfois l’impression de marcher sur un fil pour certains sketchs. Et puis on ne peut jamais savoir ce qui va faire rire ou pas avant d’être vraiment face au public. Ce n’est pas parce qu’un thème est délicat qu’il ne faut pas en parler. Au contraire. Il suffit de trouver l’angle juste.
Qu’est-ce qui vous fait choisir d’évoquer tel événement politique plutôt qu’un autre ? Quel est votre “filtre” ?
Je m’attache surtout au caractère et à l’image des politiques, la seule évocation de François Hollande ou Angela Merkel fait rire, certaines personnalités politiques ont un fort potentiel comique (rires). Après j’essaie de ne pas toujours taper sur les mêmes personnes pour garder une certaine neutralité.
Vous êtes en tournée, y compris en Angleterre et aux Etats-Unis. À l’étranger, les gens sont aussi sensibles à l’actualité française qu’ici dans notre pays ?
En fait à New York, à Miami, à Londres, j’ai joué essentiellement devant des Français donc ils étaient forcément très sensibles à l’actualité française et bien que vivant à l’étranger, très au courant de ce qui s’y passe.
Si vous affectionnez la scène, vous avez aussi un lien très fort avec la télévision, la radio et la presse écrite, où l’on connaît vos nombreuses chroniques. Quelle est la nature de ce lien qui vous attire vers les médias ?
Même si la scène est vraiment l’endroit où je me sens le mieux, dans la presse écrite il y a un côté plus journalistique que j’aime aussi. Et puis on n’écrit pas pareil pour la presse, la radio où la scène, ça me plaît de passer de l’un à l’autre. Mais là où je m’éclate le plus, c’est la scène sans aucun doute.
Vous avez toujours mis un point d’honneur à faire découvrir des talents de jeunes humoristes. Vous continuez à le faire encore aujourd’hui ?
Oui bien sûr, j’aime beaucoup travailler avec les jeunes humoristes, ils sont créatifs et osent parfois plus de choses que les humoristes installés. Je vais d’ailleurs repartir d’Épinal dans la nuit en voiture car le 6 mai, j’anime une émission de télé pour Comédie avec une dizaine d’humoristes.
Vous portez toujours le rouge sur scène. D’où vous vient cette attirance pour cette couleur ?
C’est la couleur que je portais la première fois que je suis passée à la télé, et cela est resté, depuis c’est un peu ma tenue de travail (rires). Et puis je trouve que cette couleur me donne de l’énergie.
Vous allez avoir 50 ans, c’est un cap important ?
Je n’arrive pas à réaliser que je vais avoir 50 ans. C’est un choc ! J’en parle d’ailleurs dans le spectacle. Ce qui est bien, c’est que j’ai aujourd’hui beaucoup moins peur de déplaire, je suis plus sereine et j’ose plus de choses sur scène, ce qui est plutôt positif !
Mardi 5 mai 2015 à 20 h 30
Auditorium de la Louvière, Épinal
Tarif : 43 euros