Festival Rues et Cies : Épinal s’ouvre à l’inattendu !

Il se veut le plus ancien festival de spectacles de rue en France. Une institution incontournable qui accompagne l’arrivée de l’été depuis plus de 30 ans à Épinal. Cette cuvée 2015 réunit pas moins de 151 spectacles gratuits durant trois jours.
Ils occupent habituellement la scène des salles de spectacle, de concert et de théâtre. Désormais, les artistes descendent aussi dans la rue, pour aller chercher leur public sur un bout de trottoir ou le pas d’un immeuble. Épinal l’a parfaitement compris et accueille depuis une trentaine d’années la tendance du spectacle de rue, devenue un art à part entière. Les spectacles de rue ne sont pas de simples adaptations de pièces de théâtre ou de sketchs. Ils sont écrits, composés, mis en scène pour s’adapter à la jungle urbaine. Un panneau stop devient un perchoir, une place de parking une scène improvisée, tandis que les façades des habitations composent un décor bienveillant.
Avec Rues et Cies, l’art a toute sa place au coeur de la ville ! À l’image du clown Enano qui s’amuse avec les passants. Une attitude, un geste, une mimique deviennent sujet d’improvisation. ” Le spectacle de rue révèle la société, il interpelle, il prend corps dans le quotidien comme dans l’imagination, il est source de questionnement et de réflexion. Il interpelle, bouscule, fait rire aux éclats. Il est tout cela à la fois ! “, s’amuse Isabelle Sartori, directrice du festival Rues et Cies.
” Drôlement ficelé et bouleversant “
Pour le prouver, la Ville d’Épinal a soigneusement retenu des troupes reconnues pour leur passion et leur talent. Il n’y aura pas de bateleurs, de jongleurs à deux francs six sous, ou de clowns vulgaires. ” J’ai choisi par exemple la compagnie L’Arbre à Vache pour son duo M & Mme Poiseau, qui joue un petit couple de vieillards préparant un goûter d’anniversaire. On est très loin de la caricature sur les personnes âgées. Ici, tout est tendre, bien fait, drôlement ficelé et c’est bouleversant “, souligne Isabelle Sartori, passionnée d’art de rue de longue date.
Théâtre visuel, gestuel, musique, mains libres, danse contemporaine Dans des registres très différents, le festival explose d’imagination à chaque coin de rue. On se laisse surprendre par le Cirque Rouages et son Ôm Taf, un burlesque très huilé dans sa gestuelle. Ça évoque le train-train quotidien d’un salarié dans un bureau ou à l’usine Bruitage, mimes, beat box, danse et musique dressent un tableau terriblement ravageur de notre quotidien, non sans légèreté.
Bousculer les codes
Plus spectaculaires, les acrobates du Carré Curieux se partagent un mât libre de quatre mètres de hauteur. L’un empêche l’autre de tomber. Un équilibre à trouver et une leçon bien trouvée : ” Sans l’autre je ne peux rien ” ! Même leçon de vie renversante avec le duo anglo-australien Strong Lady : ici c’est une femme qui porte son partenaire masculin, bousculant les codes bien figés de ce type de numéro. Le tout avec une grâce rarement égalée.
Même charme des danseurs de Tango Sumo déjà découverts lors de précédentes éditions du festival ; le personnage naïf de Gaëtan Lecroteux ” fils du célèbre fabricant d’aspirateurs Electrolux ” de Carnage Productions ; les trois héroïnes virevoltantes de No Tunes International ; l’inénarrable et si chaleureux Marco Carolei et son personnage inoubliable ; la compagnie Gravitation et sa redéfinition de l’espace individuel et collectif dans un immeuble… Impossible de tous les citer. Sans oublier les Vosgiens de l’édition : No Man’s Land No Man’s Sky, écrit par Clair Arthur qui nous propose une détonante comédie pour un grutier et son orchestre, et l’époumonant ensemble Bernica et ses 88 saxophones !
” Un bon spectacle de rue doit être bien écrit, évidemment bien interprété. Il faut que le spectacle nous embarque, nous touche par son humour et sa poésie “, nous éclaire encore Isabelle Sartori. Des ingrédients finement saupoudrés par cette sélection de 38 compagnies (dont 36 professionnelles) accueillies pour 151 représentations au total. On ne saurait trop vous recommander de vous laisser porter au fil des rencontres artistiques durant ces trois jours. Mais attention, certains spectacles font vite le plein. Il vaut mieux prévoir de venir s’installer environ 30 minutes à l’avance pour s’assurer d’être aux premières loges. Pendant trois jours, Épinal se joue à guichets fermés.
INFOS PRATIQUES
Au centre-ville d’Épinal
Vendredi 12 juin, samedi 13 juin et dimanche 14 juin 2015
Tous les spectacles sont gratuits
Infos au 03 29 68 50 23